David Villa a quitté le
Barça pour l'Atletico Madrid cet été dans une relative discrétion si l'on considère le calibre du joueur. Il fallait faire de la
place pour Neymar, et la proposition du club madrilène est venue à
point nommé pour les trois parties impliquées dans le dossier. A
bientôt 32 ans, l'ancien attaquant de Valence, au corps meurtri par
de nombreuses et graves blessures, n'a probablement plus que deux ou
trois ans devant lui et ne paraît plus en mesure de claquer vingt
pions sur une saison (il en a marqué deux en huit journées, soit huit
de moins que Diego Costa).
Le temps a fait son œuvre, mais le peu de
réactions qu'a suscitées son départ témoigne d'un certain manque
de reconnaissance aussi bien en Espagne que dans l'ensemble de la
planète football. Malgré son exceptionnelle carrière, Villa reste
et restera peut-être un brin sous-estimé, notamment en ce qui
concerne les succès récents du football ibérique.
Auteur de 56 buts en 93
sélections, il risque d'occuper un moment la première place du
classement des meilleurs buteurs de la Roja. Lors des tournois
internationaux auxquels il a participé, Villa a fait preuve d'une
rare efficacité, en plantant quasiment un but par match en moyenne
(huit en onze rencontres de Coupe du Monde, quatre à l'Euro 2008). Si le Mondial 2010 se termina de la meilleure des manières pour
l'Espagne, la compétition fut loin d'être une partie de plaisir
pour les futurs champions du monde, que deux buts de Villa contre le
Portugal et le Paraguay hissèrent dans le dernier carré. Dans ce
genre de rencontres serrées et tendues, pouvoir compter sur un
attaquant de surface qui n'a besoin que d'une moitié d'occasion pour
la mettre au fond représente un avantage considérable.
Le fait qu'il ait passé la majeure partie de sa carrière à
Valence, certes entouré d'excellents joueurs comme David Silva ou
Joaquin, mais au sein d'une équipe qui, contrairement au Barça
ou au Real, ne collait pas des raclées systématiques à ses
adversaires, rend ces chiffres plus remarquables encore. Cela en dit
également long sur la mentalité et la fidélité du monsieur, qui
n'a cédé aux sirènes catalanes qu'à l'approche de la trentaine.
On associe facilement les
noms de Xavi et Iniesta au triplé historique de la Roja, qui a fondé
son hégémonie sur la conservation et la maîtrise de l'entrejeu.
Viennent ensuite à l'esprit ceux de Puyol, le meneur d'hommes, ou de
Casillas, le capitaine exemplaire aux 150 capes, voire de Torres ou
Fabregas. Dans la hiérarchie des héros au maillot rouge, Villa ne
figure pas en tête de liste, ou du moins pas à la place qu'il
mériterait.

Le footophile moyen ne mettrait probablement pas Villa au même niveau que des cadors comme Henry, Del Piero, Batistuta ou Chevchenko. Si on leur demandait de nommer le nom du plus grand attaquant de l'histoire du football espagnol, il y a fort à parier que les amateurs de ballon rond répondraient Raùl, point de vue d'ailleurs fort défendable. Pourtant, mis à part Ronaldo et Klose, personne n'a claqué autant de buts pour son équipe nationale que Villa, qui présente en outre le joli ratio de 0,6 pion par match à l'international. En compagnie de Gerd Müller (pas pour longtemps a priori) et Thierry Henry, il fait partie du cercle très fermé des meilleurs buteurs nationaux sacrés champions du monde.
Il faut croire que le jeu du nouvel avant-centre des Colchoneros, avant tout fondé sur l'intelligence de placement, la justesse dans les appels de balle et une précision assassine de près, n'a pas autant marqué les esprits que les chevauchées et les pralines en lucarne de ses congénères cités plus haut. Reste à savoir si le principal intéressé ressent et souffre de ce manque d'égard. Avec ses armes et dans son registre, il a su s'imposer comme l'artilleur en chef d'une des meilleures sélections de tous les temps. Beaucoup de joueurs plus cotés ne peuvent pas en dire autant.
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