Antoine Griezmann n'en finit plus de
franchir les étapes et d'épater son monde. Depuis ses débuts
professionnels, il semble relever chaque nouveau défi et surmonter
chaque nouvel obstacle le plus naturellement du monde, en gardant la
tête sur les épaules et sans que le succès lui monte à la tête.
Sa progression est régulière précisément parce qu'il a su ne pas
brûler les étapes et faire les bons choix au bon moment, même si
celui de rejoindre la Real Sociedad à l'adolescence a pu en
surprendre plus d'un.
Son parcours est celui d'un garçon intelligent
et déterminé, ambitieux mais assez humble et patient pour ne pas
vouloir tout tout de suite, se croire arrivé et se prendre pour un
autre. Dans un contexte où beaucoup de jeunes joueurs se grillent en
voulant absolument signer dans un « grand club » après
une paire de saisons correctes et développent une relation intime
avec le banc de touche (on en parle de Niang au Milan AC ou on passe
à autre chose?), sa réussite constitue un rafraîchissant
contre-exemple.

Beaucoup
trouvaient à redire sur sa première moitié de saison, mais une
fois la phase d'adaptation terminée et les consignes de Simeone
intégrées, Griezmann s'est mis à flamber: un triplé à Bilbao suivi d'un doublé à Levante, cinq buts en deux matches (les maths c'est notre truc à LPC, la prochaine fois on vous fera réviser le produit en croix) qui ont fait grimper son total à 7 réalisations en 18 apparitions, écot plus que respectable lorsqu'on considère qu'il a commencé quelques matches sur le banc. Définitivement adopté par les socios et ses coéquipiers, le petit Français est passé de statut de bon joueur prometteur dans un club d'envergure moyenne à celui de joueur majeur de l'une des meilleurs formations du continent.
Griezmann possède un profil polyvalent et parfaitement adapté aux spécificités du football dit moderne. Lors de ses premières sélections et du dernier Mondial, on avait pu apprécier son intelligence dans les déplacements, sa capacité à briller aussi bien dans le jeu court qu'à profiter des espaces. On connaissait (ou présupposait) ses qualités naturelles d'ailier-dribbleur, sa vitesse, son coup de rein, auxquels il faut ajouter une remarquable adresse devant le but, comme le prouvent ses statistiques: 33 buts en 87 matches de Liga depuis 2012 (47 au total) et 5 en 14 sélections, des chiffres qui feraient envie à beaucoup d'avants-centres.
Contre le Real en Coupe du Roi à Bernabeu, Griezmann a adressé deux caviars à Torres, exploitant au mieux deux situations de jeu favorables et lâchant la chique au bon moment. Sur sa première passe décisive, il fait prendre d'une grande finesse technique en piquant légèrement son ballon, de façon à empêcher Ramos d'intervenir. Peu de joueurs auraient eu la présence d'esprit de réaliser un tel geste dans des circonstances similaires, et sa passe a installé Torres dans un fauteuil face à Kaylor Navas: du boulot d'orfèvre.

Quand on voit Griezmann évoluer sous le maillot bleu, on a l'impression qu'il le porte depuis cinq ans. Il apprend vite, et l'expérience de la Coupe du Monde, ainsi que sa découverte de la Champions League, ont encore accéléré sa maturation. Dans la perspective de l'Euro 2016, avec un Griezmann à ce niveau, un Lacazette en feu, un Giroud qui confirme et un Benzema apaisé en leader d'attaque, Deschamps peut compter sur des arguments de poids dans le secteur offensif. On souhaite bien du courage à Dédé Gignac pour se faire une place.
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