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vendredi 16 janvier 2015

Griezmann, un palier après l'autre

Antoine Griezmann n'en finit plus de franchir les étapes et d'épater son monde. Depuis ses débuts professionnels, il semble relever chaque nouveau défi et surmonter chaque nouvel obstacle le plus naturellement du monde, en gardant la tête sur les épaules et sans que le succès lui monte à la tête. Sa progression est régulière précisément parce qu'il a su ne pas brûler les étapes et faire les bons choix au bon moment, même si celui de rejoindre la Real Sociedad à l'adolescence a pu en surprendre plus d'un. 


Son parcours est celui d'un garçon intelligent et déterminé, ambitieux mais assez humble et patient pour ne pas vouloir tout tout de suite, se croire arrivé et se prendre pour un autre. Dans un contexte où beaucoup de jeunes joueurs se grillent en voulant absolument signer dans un « grand club » après une paire de saisons correctes et développent une relation intime avec le banc de touche (on en parle de Niang au Milan AC ou on passe à autre chose?), sa réussite constitue un rafraîchissant contre-exemple.


Il y a un an, Griezmann ne comptait pas la moindre sélection et s'était fait remarquer du public français en brillant face à l'OL en tour préliminaire de Champions League avec la Real Sociedad. Aujourd'hui, il est devenu un élément incontournable des Bleus après une Coupe du Monde particulièrement réussie et un des atouts maîtres de l'Atletico Madrid, champion d'Espagne en titre et puissance émergente du football continental. 

Beaucoup trouvaient à redire sur sa première moitié de saison, mais une fois la phase d'adaptation terminée et les consignes de Simeone intégrées, Griezmann s'est mis à flamber: un triplé à Bilbao suivi d'un doublé à Levante, cinq buts en deux matches (les maths c'est notre truc à LPC, la prochaine fois on vous fera réviser le produit en croix) qui ont fait grimper son total à 7 réalisations en 18 apparitions, écot plus que respectable lorsqu'on considère qu'il  a commencé quelques matches sur le banc. Définitivement adopté par les socios et ses coéquipiers, le petit Français est passé de statut de bon joueur prometteur dans un club d'envergure moyenne à celui de joueur majeur de l'une des meilleurs formations du continent.


Griezmann possède un profil polyvalent et parfaitement adapté aux spécificités du football dit moderne. Lors de ses premières sélections et du dernier Mondial, on avait pu apprécier son intelligence dans les déplacements, sa capacité à briller aussi bien dans le jeu court qu'à profiter des espaces. On connaissait (ou présupposait) ses qualités naturelles d'ailier-dribbleur, sa vitesse, son coup de rein, auxquels il faut ajouter une remarquable adresse devant le but, comme le prouvent ses statistiques: 33 buts en 87 matches de Liga depuis 2012 (47 au total) et 5 en 14 sélections, des chiffres qui feraient envie à beaucoup d'avants-centres.

Contre le Real en Coupe du Roi à Bernabeu, Griezmann a adressé deux caviars à Torres, exploitant au mieux deux situations de jeu favorables et lâchant la chique au bon moment. Sur sa première passe décisive, il fait prendre d'une grande finesse technique en piquant légèrement son ballon, de façon à empêcher Ramos d'intervenir. Peu de joueurs auraient eu la présence d'esprit de réaliser un tel geste dans des circonstances similaires, et sa passe a installé Torres dans un fauteuil face à Kaylor Navas: du boulot d'orfèvre.


Ce sont précisément son altruisme et sa volonté de se fondre dans le collectif qui le rendent si attachant et précieux aux yeux de ses entraîneurs. Rappelons que l'Atletico a tout de même posé une trentaine de millions sur la table pour s'attacher ses services, soit davantage que pour Mandzukic, un type qui restait pourtant sur une cinquantaine de pions en deux saisons avec le Bayern. Il est certain que Simeone et Deschamps, qui ne jurent que par l'équipe et insistent beaucoup sur l'importance du travail défensif des attaquants, n'auraient pas accordé une telle confiance à un bouffeur de ballons individualiste.

Quand on voit Griezmann évoluer sous le maillot bleu, on a l'impression qu'il le porte depuis cinq ans. Il apprend vite, et l'expérience de la Coupe du Monde, ainsi que sa découverte de la Champions League, ont encore accéléré sa maturation. Dans la perspective de l'Euro 2016, avec un Griezmann à ce niveau, un Lacazette en feu, un Giroud qui confirme et un Benzema apaisé en leader d'attaque, Deschamps peut compter sur des arguments de poids dans le secteur offensif. On souhaite bien du courage à Dédé Gignac pour se faire une place.


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