Avant le coup d’envoi de la saison, si quiconque avait annoncé que
Southampton occuperait la troisième place du classement devant United,
Arsenal, Tottenham et Liverpool après 22 journées, on l’aurait pris au
mieux pour un pronostiqueur incompétent et au pire pour un illuminé notoire. Les Saints n’en finissent plus de surprendre, à tel point
qu’une qualification pour la Champions League, a priori inenvisageable,
apparaît désormais comme un objectif accessible.
A chaque fois qu’on se
dit qu’ils vont bien finir par se prendre les pieds dans le tapis et
rentrer dans le rang (autrement dit que la blague a assez duré, il faut
se montrer raisonnable maintenant hein, allez on se calme les gentils
hommes en blanc ne vont pas tarder), ils poussent le bouchon un peu plus
loin. Attendus au tournant, ils ont par exemple remporté une victoire
capitale et pleine d’autorité à Old Trafford, qui a mis fin à une jolie
série des Red Devils et rappelé à tout le monde qu’il faudrait sans
doute compter avec Southampton jusqu’au bout. Et pourtant, l’équipe
partait de très loin et semblait destinée à se battre plutôt pour le
maintien que pour les places européennes.
L’été dernier, le club a
perdu son entraîneur Mauricio Pocchetino, qui avait effectué un boulot
remarquable et a opté pour un challenge risqué en s’installant sur le
banc des Spurs, qui d’ailleurs se portent plutôt bien depuis son
arrivée. Il a aussi subi une saignée qui n’incitait pas franchement à
l’optimisme : Lallana, Lambert et Lovren à Liverpool (ceci dit, 25
millions pour un défenseur qui n’a jamais su défendre, c’est toujours
bon à prendre), Luke Shaw à United et Callum Chambers à Arsenal, soit
cinq joueurs majeurs partis vers d’autres cieux (façon de parler).
Mais
avec le joli paquet de pognon ramassé (il faudra un jour nous expliquer
pourquoi les clubs de Premier League surpayent les joueurs anglais, 35
millions pour Shaw allons-y gaiement camarades, cela nous met un
Ivanovic ou un Jordi Alba à 200 millions quoi), Southampton a recruté à
peu de frais et de façon très pertinente, comme le prouve le rendement
remarquable des nouveaux arrivants.
L’international serbe Dusan
Tadic, en provenance du FC Twente, signe une saison éblouissante et
compte déjà sept passes décisives à son actif. Graziano Pellè, excellent
sous le maillot du Feyenoord (50 pions en championnat entre 2012 et
2014) et acheté 8 millions d’euros, a claqué huit buts et donne entière
satisfaction. Avec son gabarit de déménageur pas breton (1,93m, 90kg),
il donne du fil à retordre aux charnières adverses, d’autant qu’il peut
se montrer particulièrement adroit et plutôt fin techniquement. Shane
Long s’est bien adapté et représente une autre option intéressante en
attaque. Dans les bois, Fraser Foster, souvent brillant avec le Celtic, commande la meilleure défense du royaume, articulée autour du tandem Fonte-Yoshida.
Enfin, comme si tout devait sourire à Southampton cette année,
le Néerlandais Eljero Elia a planté un doublé à Newcastle pour sa
deuxième apparition avec sa nouvelle équipe, à qui il a offert la
victoire. Ronald Koeman a réussi à créer une dynamique extraordinaire et
un collectif très cohérent, qui propose toujours un visage séduisant et
pose des problèmes à tout le monde. Autre facteur important à prendre
en compte : la régularité de Morgan Schneiderlin, métronome du milieu,
qui ne doit pas regretter d’être resté une saison supplémentaire.

Peuvent-ils finir dans le Top Four et espérer au moins un
tour préliminaire de Champions League, me demanderez-vous, lecteur
impatient et avide de réponses que vous êtes ? Etant donné que Chelsea
et City devraient continuer à faire la course en tête, il faudra qu’ils
continuent à résister encore et toujours aux envahisseurs. Si
Arsenal se refait une santé et a pour habitude de remonter dans le
sprint final, ni United, irrégulier et peu convaincant, ni Tottenham,
capable du meilleur comme du pire, ni Liverpool, en progrès mais
convalescent, n’ont de quoi faire faire de méchants cauchemars à Koeman.
Pour rejoindre le gratin continental, il faudra laisser deux de ces
trois concurrents derrière. C’est peut-être l’année ou jamais pour les
Saints.
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