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jeudi 27 août 2015

Ligue 1 cherche buteurs

17 buts lors de la première journée, 16 lors de la seconde, 22 lors de la troisième: voilà la Ligue 1 lancée sur des bases plus que moyennes, alors que la saison dernière et ses 2,5 buts par match avait laissé entrevoir quelques espoirs, malgré la frilosité tactique généralisée et la présence de Dupraz sur le banc de l'ETG. Si les consignes rigoristes (Bielsa, bon débarras hein, on est entre nous maintenant) jouent à coup sûr un rôle dans ce départ cahoteux, on ne peut ignorer une donnée de base: le manque de buteurs de métier dans ce championnat.



Comme le disait Michel Hidalgo, si l'on ne fait pas franchir au ballon la ligne entre les deux poteaux, on ne marque pas. Or même des clubs qui peuvent raisonnablement viser le top cinq (on songe à Saint-Etienne notamment, qui ne s'est jamais remis du départ d'Aubameyang) s'apprêtent à passer un exercice complet sans un vrai avant-centre capable de la mettre au fond, sauf pêche miraculeuse en fin de mercato (Beric de l'Austria Vienne?). C'est même sans doute ce qui sépare les trois meilleures équipes supposées de la Ligue 1 du reste de la meute: Paris (Ibrahimovic, Cavani), Lyon (Lacazette, Beauvue, Fekir) et Monaco (Martial, Carrillo) disposent tous les trois de cette denrée rare qu'est devenu le joueur efficace dans la surface adverse.


Une nouvelle fois, le championnat hexagonal a vu partir certains de ses meilleurs atouts offensifs au cours de l'été (et ce n'est peut-être pas fini): avec les départs conjugués de Gignac, Ayew, Gradel, Mandanne et Barrios, ce sont 82 buts en 2014-2015 qui se sont fait la malle. Avec l'arrivée de Valbuena à l'OL, Claudio Beauvue, auteur de 17 buts en L1 et 27 au total, risque de se voir confiné à un rôle de doublure de Lacazette, et Rolan n'est pas certain de rester en Gironde. Si l'on excepte les cadors cités plus haut, qui d'autre trouve-t-on dans les hauteurs du classement des artificiers de mai 2015? Wissam Ben Yedder, qui devrait une nouvelle fois en claquer entre 10 et 15 (s'il ne signe pas en Angleterre), ou Batshuayi, très prometteur et dont René Malevil, qui a noyé le départ des cadres olympiens dans le pastaga, attend sans doute monts et merveilles.

Et derrière? Le grand néant. Le kwazar. Le no man's land, comme dirait Loulou Nicollin, qui a profité des ventes de Stambouli et Cabella l'an dernier pour améliorer son anglais. Une pelletée de types qui vont vendanger à gogo et suer sang et eau pour passer la barre fatidique des dix pions, synonyme de saison acceptable pour un attaquant sous nos climats: Nolan Roux, Cheik Diabaté, Giovanni Sio, Kevin Bérigaud, Baptiste Guillaume, Kolbeinn Sigthorsson, Valère Germain...Pas folichon, mais on fait avec les moyens du bord, mon capitaine.


Il ne s'agit pas de taper sur la Ligue 1, à l'heure où les moyens colossaux générés par les droits TV permettent aux clubs anglais d'attirer à peu près qui ils veulent et de poser sur la table des sommes parfois exorbitantes (15 millions pour Njie, c'est peut-être un brin exagéré non?). Comment lutter quand un promu comme Bournemouth peut attirer un Gradel en lui proposant un salaire qu'aucun club français n'est prêt à lui offrir? Et puis bonjour le challenge sportif hein, attention les stations, appel à toutes les voitures.

Autre exemple parlant: Christophe Mandanne, onze buts l'an passé, qui s'est engagé pour deux ans avec Al-Fujairah, aux Emirats Arabes Unis, où il rêvait de jouer depuis qu'il était tout petit ("Al-Fujairah, c'est un fantasme qui devient réalité. Quand un club comme ça vous contacte, ça ne se refuse pas"). On comprend nettement mieux le choix d'un Gignac, qui après bien des galères a terminé en beauté et achevé de convaincre les plus sceptiques, et s'offre à bientôt trente ans une vraie belle expérience de footballeur avec les Tigres de Monterrey, finalistes de la dernière Copa Libertadores. En France, il n'avait plus rien à prouver, et cela fait belle lurette qu'il n'entre plus dans les plans du sélectionneur.


Dans un contexte peu reluisant où les bons coups sont très rares (combien de Van Wolfswinkel pour un Cvitanich?), symbolisé par une ASSE réduite à aller chercher Bahebeck et Roux, l'homme aux stats à un chiffre, le salut pourrait bien venir des milieux de terrain, et ce pour deux raisons: une bonne quantité d'équipes disposent de bons pourvoyeurs de ballons et donc de créateurs d'occasions, et quelques artistes de l'entrejeu sont capables de planter avec une belle régularité. Avec Pastore, Di Maria, Verratti, Valbuena, Fekir, Barrada, Moutinho, Gourcuff, voire aussi Adryan, Boufal et Sanson, la Ligue 1 ne manque pas de livreurs de caviar capables de débloquer des situations fermées et d'illuminer un match.

 Des joueurs habiles devant les cages comme Hamouma, Bernardo Silva, Saivet (impressionnant en ce début de saison), Mounier, Cabella pourraient bien se frayer un chemin parmi les quinze meilleurs réalisateurs de la saison. Et n'oublions pas Lavezzi, pas incapable par grand vent, sans gueule de bois et avec des chaussures à bout carré de convertir environ 12% de ses occasions. Les spécialistes et les Bretons auront en outre remarqué que notre liste de milieux ne comporte aucun Rennais. Pourquoi, perque, porque, warum? Parce que Ntep est un attaquant, que Grosicki marque uniquement quand il veut centrer et que Montanier a aligné pour la première à domicile un flamboyant quintet Fernandes-Sylla-Moreira-Baal-André taillé pour faire le jeu. Champagne.






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