Ce n'est pas le genre de
la maison de flinguer l'ambulance. LPC s'est plus d'une fois efforcé
de défendre le championnat hexagonal et a souvent évité de hurler
avec la meute médiatique des catastrophistes et des déclinologues.
Fut une époque pas si lointaine où la présente et irremplaçable gazette proposait
même une chronique suite à chaque journée de championnat, et pas
pour expliquer que décidément la Ligue 1 n'avait aucun intérêt et
qu'il fallait mieux se fader un Crystal Palace-West Brom avec
Stéphane Guy aux commentaires (« il est 15h et il ne va pas
tarder à faire nuit à Londres ») plutôt que n'importe quelle
affiche domestique. Mais là, désolé, sorry, es tut mir leid meinen
Damen und Herren, mais ce n'est plus possible. Force est de constater
que notre chère Ligue 1, d'une faiblesse intersidérale et d'un
ennui tout aussi profond, ne ressemble strictement plus à rien.
Il y en a sûrement qui
se réjouissent de voir Caen et Angers sur le podium après une
quinzaine de journées (« ah ben et Leicester en Angleterre
alors hein ah ben alors hein »). Seulement, sinistres apôtres
du petitpoucétisme, si la saison s'arrêtait aujourd'hui, nous
aurions l'air d'une belle bande de peintres en bâtiment avec le
Stade Malherbe en Champions League. Que ce soit bien clair, comme
dirait Luis Fernandez : nous n'avons rien contre les Caennais et
les Angevins, qui ne font qu'appuyer là où ça fait mal et tirer
avantage de circonstances on ne peut plus favorables. Mais où sont
les cadors ? Que font les supposées locomotives? Où sont
passées les équipes qui tiraient l'ensemble vers le haut ? Car
oui, un championnat a besoin d'une hiérarchie claire et établie,
que cela plaise aux angéliques défenseurs des petits budgets ou non.
L'OL, considéré comme
le meilleur club derrière le PSG, a signé un parcours européen
cataclysmique et vient de prendre deux bonnes roustes à Nice et
contre Montpellier. La défense rhodanienne est terrifiante, à
l'image d'un Mapou complètement à la rue, d'un Gonalons en forme
internationale et d'un Rafael passeur décisif pour l'adversaire. Les
recrues n'apportent strictement rien, y compris Valbuena, qui
multiplie les demi-tours sur lui-même et les plongeons dans le gazon
(et comme disait Jean-Paul à Simone : « Beauvue ?
Il ferait beau voir »).
Lacazette se prend pour le prochain
Ballon d'Or et donne l'impression de prendre ses partenaires de haut.
Fournier semble totalement lâché par son vestiaire et à court de
solutions (quand on envisage de relancer Rose et Mvuemba, on peut
dire qu'on est à court de solutions). Bref, c'est la bérézina,
ground zero, la morne plaine, le waste land. Mais, malgré tout, l'OL
finira deuxième, tout bonnement parce que personne d'autre ne peut
lui piquer la place. Tristesse.
Passage en revue des
supposés « concurrents ». Monaco ? Une armée mexicaine, uné
équipe-concept difficilement compréhensible, une vaste entreprise
d'import-export. Toutes les semaines on découvre un type qu'on ne
connaissait pas, issu d'un effectif pléthorique au potentiel
insondable : un Traoré, un Touré, un Costa. Le grand n'importe
quoi. Marseille ? Une formation incapable de gagner à la maison
(18ème équipe de Ligue 1 à domicile, les abonnés se régalent) et
de faire le jeu, qui se contente de quelques coups à l'extérieur,
comme à Geoffroy-Guichard.
Saint-Etienne, justement ? Une
équipe composée de beaucoup de bons joueurs mais qui manque des
quelques éléments de classe qui lui feraient passer un cap. La
blessure de Beric a mis une claque terrible à ses ambitions, ce qui
n'a pas empêché Aulas de pleurer sur celle d'Umtiti après le
derby. Si nous devions parier aujourd'hui sur l'identité du second,
nous mettrions une pièce sur une équipe qui vient de se faire taper
par La Gantoise à Gerland et d'encaisser neuf buts en trois matches.
Deux équipes symbolisent
à elles seules la déchéance du football français : Lille et
Bordeaux, totalement au fond du trou et qui continuent de creuser.
Faut-il rappeler que le LOSC fut sacré champion il y a seulement
quatre ans, en pratiquant un jeu offensif et éminemment attractif
qui plus est ? Qu'est devenu le pognon issu des ventes de Sow,
Hazard, Gervinho, Rami, Cabaye, Debuchy, Chedjou, Gueye, Roux ? Antonetti s'est dit impressionné par les installations. Fucking A dude. Et des bons joueurs dans des vestiaires pourris, ce serait pas mieux? Comment Lille peut-il se retrouver avec un effectif aussi faiblard,
sans un seul type capable de mettre la chique au fond ? N'y
avait-il pas mieux à faire que d'aller chercher Dr Renard et ses
Zambiens ? Autant de questions sans réponses.
Bordeaux, quant à
lui, une véritable place forte du football hexagonal, un club au
palmarès et à l'histoire riches, doit se débrouiller avec Diabaté
et Crivelli en attaque. Mis à part peut-être Saivet, il n'y a
pas une once de talent dans la grisaille du Haillan. Il faut avouer
qu'avoir comme propriétaire une entreprise qui se refuse à mettre
le moindre centime dans le bouzin et s'étonne de ne pas récolter
les fruits de son absence d'investissement, cela n'aide pas à garnir
l'armoire à trophées.
La dernière journée fut
prolifique en buts, diront les derniers avocats du diable. Les filets
ont beaucoup tremblé et on ne s'est pas ennuyé, comme on dit sur
Canal Plus : Montpellier-OL 2-4, Marseille-Monaco 3-3,
Reims-Rennes 2-2, Bordeaux-Caen 1-4...Oui mais seulement, braves
gens, qui dit buts ne dit pas forcément qualité de jeu ni bon
niveau d'ensemble.
Dans la plupart de ces matches « spectaculaires »,
les défenses, d'une nullité improbable, frôlèrent le sketch :
csc de Gonalons, ballon rendu par Bisevac, but casquette
d'Alessandrini, alignement surréaliste des Marseillais sur coup
franc, action solitaire de De Préville à dix contre onze, démission
collective girondine...Quand on voit du pion, ce n'est pas parce que
le niveau de prise de risque est monté d'un cran, mais parce que le nombre
d'erreurs et défaillances individuelles s'est multiplié.
Champagne, jacuzzi et petites pépées.
On veut bien tout
entendre et même valider certains arguments. Il est certes
regrettable que la Ligue 1 soit littéralement pillée par la Premier
League et ses capacités financières hors normes. Mais uno, les
clubs anglais paient cher nos produits made in France, et il faudrait
peu-être investir le flouze intelligemment. Deuzio, un club comme le
FC Porto a perdu récemment des joueurs comme Falcao, James Rodriguez, Moutinho
ou Jackson Martinez, mais il reste compétitif sur la scène
européenne grâce à la qualité de son scouting et de son
recrutement. Les clubs français semblent incapables de flairer le
moindre bon coup, si bien qu'on se demande ce que fabriquent leurs
observateurs à longueurs d'années. Tertio, il s'agit avant tout d'une
question d'état d'esprit. Lorsqu'on on voit le TFC se déplacer au
Parc avec un seul joueur offensif et prendre deux buts ridicules en
un quart d'heure, on ne peut que se réjouir des malheurs toulousains
actuels. La Ligue 1 peut pleurer tout son saoul sur son triste sort
(remarquez l'allitération), mais l'audace tactique ne s'achète pas.
Ah ah, excellent papier, ça fait plaisir de voir qu'y en a qui tiennent la grosse forme !
RépondreSupprimerJe rajouterais bien un quatro à ta compile finale : la formation. Même l'OL, "meilleur club formateur de France", on commence à se rendre compte que ça fait un peu pitié, quand même (Ghezzal, par exemple, qui n'aurait pas sa place chez les Chamois Niortais). Pis bon, le budget, le budget, comme dirait Riolo... La Gantoise, quoi.