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lundi 30 novembre 2015

Ligue 1, ton univers pitoyable

Ce n'est pas le genre de la maison de flinguer l'ambulance. LPC s'est plus d'une fois efforcé de défendre le championnat hexagonal et a souvent évité de hurler avec la meute médiatique des catastrophistes et des déclinologues. Fut une époque pas si lointaine où la présente et irremplaçable gazette proposait même une chronique suite à chaque journée de championnat, et pas pour expliquer que décidément la Ligue 1 n'avait aucun intérêt et qu'il fallait mieux se fader un Crystal Palace-West Brom avec Stéphane Guy aux commentaires (« il est 15h et il ne va pas tarder à faire nuit à Londres ») plutôt que n'importe quelle affiche domestique. Mais là, désolé, sorry, es tut mir leid meinen Damen und Herren, mais ce n'est plus possible. Force est de constater que notre chère Ligue 1, d'une faiblesse intersidérale et d'un ennui tout aussi profond, ne ressemble strictement plus à rien.


Il y en a sûrement qui se réjouissent de voir Caen et Angers sur le podium après une quinzaine de journées (« ah ben et Leicester en Angleterre alors hein ah ben alors hein »). Seulement, sinistres apôtres du petitpoucétisme, si la saison s'arrêtait aujourd'hui, nous aurions l'air d'une belle bande de peintres en bâtiment avec le Stade Malherbe en Champions League. Que ce soit bien clair, comme dirait Luis Fernandez : nous n'avons rien contre les Caennais et les Angevins, qui ne font qu'appuyer là où ça fait mal et tirer avantage de circonstances on ne peut plus favorables. Mais où sont les cadors ? Que font les supposées locomotives? Où sont passées les équipes qui tiraient l'ensemble vers le haut ? Car oui, un championnat a besoin d'une hiérarchie claire et établie, que cela plaise aux angéliques défenseurs des petits budgets ou non.


L'OL, considéré comme le meilleur club derrière le PSG, a signé un parcours européen cataclysmique et vient de prendre deux bonnes roustes à Nice et contre Montpellier. La défense rhodanienne est terrifiante, à l'image d'un Mapou complètement à la rue, d'un Gonalons en forme internationale et d'un Rafael passeur décisif pour l'adversaire. Les recrues n'apportent strictement rien, y compris Valbuena, qui multiplie les demi-tours sur lui-même et les plongeons dans le gazon (et comme disait Jean-Paul à Simone : « Beauvue ? Il ferait beau voir »). 

Lacazette se prend pour le prochain Ballon d'Or et donne l'impression de prendre ses partenaires de haut. Fournier semble totalement lâché par son vestiaire et à court de solutions (quand on envisage de relancer Rose et Mvuemba, on peut dire qu'on est à court de solutions). Bref, c'est la bérézina, ground zero, la morne plaine, le waste land. Mais, malgré tout, l'OL finira deuxième, tout bonnement parce que personne d'autre ne peut lui piquer la place. Tristesse.


Passage en revue des supposés « concurrents ». Monaco ? Une armée mexicaine, uné équipe-concept difficilement compréhensible, une vaste entreprise d'import-export. Toutes les semaines on découvre un type qu'on ne connaissait pas, issu d'un effectif pléthorique au potentiel insondable : un Traoré, un Touré, un Costa. Le grand n'importe quoi. Marseille ? Une formation incapable de gagner à la maison (18ème équipe de Ligue 1 à domicile, les abonnés se régalent) et de faire le jeu, qui se contente de quelques coups à l'extérieur, comme à Geoffroy-Guichard.

Saint-Etienne, justement ? Une équipe composée de beaucoup de bons joueurs mais qui manque des quelques éléments de classe qui lui feraient passer un cap. La blessure de Beric a mis une claque terrible à ses ambitions, ce qui n'a pas empêché Aulas de pleurer sur celle d'Umtiti après le derby. Si nous devions parier aujourd'hui sur l'identité du second, nous mettrions une pièce sur une équipe qui vient de se faire taper par La Gantoise à Gerland et d'encaisser neuf buts en trois matches.


Deux équipes symbolisent à elles seules la déchéance du football français : Lille et Bordeaux, totalement au fond du trou et qui continuent de creuser. Faut-il rappeler que le LOSC fut sacré champion il y a seulement quatre ans, en pratiquant un jeu offensif et éminemment attractif qui plus est ? Qu'est devenu le pognon issu des ventes de Sow, Hazard, Gervinho, Rami, Cabaye, Debuchy, Chedjou, Gueye, Roux ? Antonetti s'est dit impressionné par les installations. Fucking A dude. Et des bons joueurs dans des vestiaires pourris, ce serait pas mieux? Comment Lille peut-il se retrouver avec un effectif aussi faiblard, sans un seul type capable de mettre la chique au fond ? N'y avait-il pas mieux à faire que d'aller chercher Dr Renard et ses Zambiens ? Autant de questions sans réponses. 

Bordeaux, quant à lui, une véritable place forte du football hexagonal, un club au palmarès et à l'histoire riches, doit se débrouiller avec Diabaté et Crivelli en attaque. Mis à part peut-être Saivet, il n'y a pas une once de talent dans la grisaille du Haillan. Il faut avouer qu'avoir comme propriétaire une entreprise qui se refuse à mettre le moindre centime dans le bouzin et s'étonne de ne pas récolter les fruits de son absence d'investissement, cela n'aide pas à garnir l'armoire à trophées.


La dernière journée fut prolifique en buts, diront les derniers avocats du diable. Les filets ont beaucoup tremblé et on ne s'est pas ennuyé, comme on dit sur Canal Plus : Montpellier-OL 2-4, Marseille-Monaco 3-3, Reims-Rennes 2-2, Bordeaux-Caen 1-4...Oui mais seulement, braves gens, qui dit buts ne dit pas forcément qualité de jeu ni bon niveau d'ensemble. 

Dans la plupart de ces matches « spectaculaires », les défenses, d'une nullité improbable, frôlèrent le sketch : csc de Gonalons, ballon rendu par Bisevac, but casquette d'Alessandrini, alignement surréaliste des Marseillais sur coup franc, action solitaire de De Préville à dix contre onze, démission collective girondine...Quand on voit du pion, ce n'est pas parce que le niveau de prise de risque est monté d'un cran, mais parce que le nombre d'erreurs et défaillances individuelles s'est multiplié. Champagne, jacuzzi et petites pépées.


On veut bien tout entendre et même valider certains arguments. Il est certes regrettable que la Ligue 1 soit littéralement pillée par la Premier League et ses capacités financières hors normes. Mais uno, les clubs anglais paient cher nos produits made in France, et il faudrait peu-être investir le flouze intelligemment. Deuzio, un club comme le FC Porto a perdu récemment des joueurs comme Falcao, James Rodriguez, Moutinho ou Jackson Martinez, mais il reste compétitif sur la scène européenne grâce à la qualité de son scouting et de son recrutement. Les clubs français semblent incapables de flairer le moindre bon coup, si bien qu'on se demande ce que fabriquent leurs observateurs à longueurs d'années. Tertio, il s'agit avant tout d'une question d'état d'esprit. Lorsqu'on on voit le TFC se déplacer au Parc avec un seul joueur offensif et prendre deux buts ridicules en un quart d'heure, on ne peut que se réjouir des malheurs toulousains actuels. La Ligue 1 peut pleurer tout son saoul sur son triste sort (remarquez l'allitération), mais l'audace tactique ne s'achète pas.




1 commentaire:

  1. Ah ah, excellent papier, ça fait plaisir de voir qu'y en a qui tiennent la grosse forme !
    Je rajouterais bien un quatro à ta compile finale : la formation. Même l'OL, "meilleur club formateur de France", on commence à se rendre compte que ça fait un peu pitié, quand même (Ghezzal, par exemple, qui n'aurait pas sa place chez les Chamois Niortais). Pis bon, le budget, le budget, comme dirait Riolo... La Gantoise, quoi.

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