Nous autres à LPC ne sommes jamais les derniers à tirer dans le tas quand nous sentons, et pas seulement de Noël, que le besoin s'en fait sentir. Il est donc tout aussi naturel que nous sachions également battre notre coulpe, et pas seulement du monde, lorsqu'il s'avère que nous nous sommes plantés dans les grandes largeurs. Dans ces prestigieuses colonnes, le sieur Moussa Sissoko s'est vu régulièrement traiter de cheval de traie, d'escroc, de décathlonien (nos excuses à Kevin Mayer), de bourrin ou de joueur surcoté. Sa place en équipe de France et parmi les 23 pour l'Euro fut pour le moins remise en cause ici, mêmes si nous ne fûmes pas les seuls à nous demander ce qu'il foutait là. Résultat des courses: un tournoi fracassant, un impact énorme sur le jeu des Bleus, une énergie communicative et de tous les instants. En quelques matches, Sissoko a claqué le baigneur à bon nombre de critiques.
Que cela soit bien clair: il ne correspondra jamais à notre idéal du footballeur, qui s'approcherait davantage d'Iniesta ou Özil, pour rester parmi les milieux. Sissoko a impressionné par son intensité, sa capacité à répéter les courses et les efforts, sa polyvalence et son côté "couteau suisse" si cher à Deschamps. Il est dans le registre de la puissance, de la vélocité, du fort en duel, du volume, une sorte de joueur "box to box" capable de porter la balle sur de longues distances et de provoquer encore et encore, un ailier de l'entre-jeu sans les dribbles, tout en tout droits, en face-à-faces, qui se porte à l'attaque comme il monte à l'assaut. Il ne brillera jamais par sa justesse, son sens du tempo et de la passe ni son jeu à une touche, mais sur ses qualités propres, il s'est imposé sans conteste comme l'un des tout meilleurs joueurs de l'Euro et peut légitimement prétendre à une place de titulaire en sélection. Ses performances et sa remarquable prestation en finale parlent pour lui, d'autant qu'il n'a jamais revendiqué quoi que ce soit (manquerait plus que ça tiens).
Alors qu'il évoluait dans l'anonymat d'une équipe reléguée en Championship et était cantonné au banc chez les Bleus, Sissoko, qui vient de rejoindre Tottenham, voit sa carrière accélérer subitement. Il faudra dans un premier temps qu'il se montre plus régulier en club et devienne un élément important des Spurs, engagés en Champions League cette saison. A Newcastle, malgré l'absence de concurrence et un statut privilégié, il ne brillait que par intermittences et ne semblait pas toujours très concerné par le devenir du club. Son séjour sur les bords de la Tyne lui aura au moins permis de s'aguerrir et de comprendre que la Premier League était le championnat qui lui correspondait le mieux.
Pour passer un cap, il devra s'imposer dans une équipe qui n'a pas hésité à signer un gros chèque pour s'attacher ses services. Il ne bénéficiera pas du même confort et de la même indulgence qu'à Newcastle et ne pourra se contenter du rôle de "super sub" qu'il tient en équipe de France. Le voilà donc à un tournant: soit il gagne en constance et tire son épingle du jeu en CL, ce qui lui donnerait encore plus de crédit chez les Bleus, soit il sera toujours considéré comme un bon joueur de petit club. A 27 ans, il n'a jamais connu que le TFC et Newcastle.

Et Matuidi n'a sans doute pas dit son dernier mot, lui qui a prouvé dix fois plus que Sissoko en club et en bleu (une cinquantaine de sélections, huit buts, et bientôt quarante matches de CL au compteur). On voudrait déjà le mettre au rebut, alors qu'il n'a que deux ans de plus que la grande révélation de l'été. Il est plus facile de briller en juin lorsqu'on n'en rame pas une de la saison que lorsqu'on s'époumone aux quatre coins du terrain de septembre à mai comme Blaisou. La comparaison sur un tournoi est forcément injuste et restrictive. Et attention: Sissoko ne serait ni le premier ni le dernier joueur à casser la baraque le temps d'une compétition internationale et à ne jamais confirmer ensuite. Pour finir sur un bon gros cliché bien éculé, le plus dur commence pour lui.
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