Alors que l'on pensait que la Juve se dirigeait vers un nouveau succès marqué du sceau du cynisme et du réalisme maison, l'Inter est parvenu à renverser la montagne et à remporter le derby d'Italie, pas loin d'être le match de l'année pour les tifosi des deux camps (bonjour la folie en tribunes après le pion de Perisic). Après un début de saison moisi, marqué par un revers à Vérone et une défaite infamante en Ligue Europa contre les ogres de l'Hapoël Beer Sheva (notez au passage que Hapoël et Beer sont des mots qui vont très bien ensemble, my Michelle, I love you, I love you, I loooove you, imiter McCartney et se laisser pousser la barbe), les nerazzurri tiennent tout simplement leur première victoire de la saison. Question pour tartanpion: s'agit-il d'un feu de paille, d'une simple réaction d'orgueil, d'un "one off" contre l'ennemi juré turinois, ou l'Inter peut-il capitaliser sur ce superbe résultat et espérer de belles choses cette année? Devinez qui va vous donner la réponse. Allez, devinez. Oui, dans le fond? Non, pas Daniel Lauclair. Il tourne en ce moment, Lauclair. Jean-Louis Calméjane? Perdu. Vous gagnez un an d'abonnement à Canal Plus.
Les bleu et noir se sont considérablement renforcés cet été, avec les arrivées du champion d'Europe Joao Mario, de l'excellent et trop sous-estimé Antonio Candreva (arrivé de la Lazio malgré la grève de la faim entamée par le non moins excellent et sous-estimé Eric Maggiori), du jeune international brésilien Gabriel Barbosa, présenté comme le "nouveau Neymar" (restons calmes et buvons frais, surtout buvons frais, tiens d'ailleurs c'est l'heure de mon Baileys de 9h30), du latéral argentin Ansaldi et d'Ever Banega s'il vous plaît messieurs dames, vainqueur de la Ligue Europa avec le FC Séville. Si vous ajoutez à cela l'un des meilleurs portiers de la planète (Samir Handanovic, l'homme qui vous fait gagner quinze points par saison), une charnière centrale Murillo-Miranda qui ne manque pas de gueule, et des éléments de grande qualité comme Medel, Perisic, Brozovic, Kondogbia, Jovetic ou Eder, cela vous donne quand même à l'arrivée un effectif de première classe. Seuls Adam Ljajic (retour de prêt) et Juan (transfert) ont quitté l'équipe pour la Roma.
L'Inter a toujours eu des joueurs de calibre international, me direz-vous avec la perspicacité et le sens de l'à-propos qui vous ont valu de vous faire remarquer lors de la dernière réunion boulot et d'enfin vous attirer les faveurs de la quadra du service compta. Certes, mais le problème réside dans le fait que la tendance locale consiste trop souvent à recruter à tout-va en dépit du bon sens et à empiler les noms sans trop se soucier de comment les faire jouer ensemble. D'où l'arrivée de Frank de Boer, venu pour mettre de l'ordre dans la maison et proposer un football un poil plus ambitieux que celui montré par le funeste Roberto Mancini, ce qui ne devrait pas être trop compliqué (Francis Maroto me souffle qu'il suffit d'aligner moins de dix joueurs à vocation défensive, merci Francis). Le technicien néerlandais à décidé de s'appuyer sur un 4-2-3-1, avec Joao Mario et Medel devant la défense pour déclamer du Vigny et la triplette Candreva-Banega-Eder au soutien d'Icardi. Les principales victimes des choix de De Boer s'appellent Kondogbia, Jovetic, Nagatomo, Palacio et Felipe Melo, partis pour une saison au mieux discrète, au pire galère.
Si les nerazzurri n'avaient pas cette fâcheuse habitude de lâcher des caisses de points contre des formations largement à leur portée, on aurait presque envie de dire qu'ils auraient un coup en jouer dans cette Serie A. Derrière la Juve, qui sera sacrée championne à coup quasiment sûr, personne ne se détache véritablement mis à part le Napoli, qui reste l'outsider numéro un et donc le favori pour la seconde place. On ne voit pas par exemple ce que l'Inter aurait à envier à une Roma inconstante, souvent décevante et tristounette (défaite à Florence hier soir, et il faut encore souvent s'en remettre à l'éternel Francesco Totti) ou à un Milan qui ne dispose pas de la même profondeur de banc, loin s'en faut. S'il faudra se méfier de la Lazio, très à l'aise dans le rôle du trouble-fête dont personne n'attend rien, les hommes de De Boer doivent logiquement viser au moins la quatrième place et lutter au coude à coude avec la Roma pour le podium. La saison dernière, l'Inter a fini à treize longueurs des giallorossi et marqué trente buts de moins que Pjanic and co. Il y a largement la place pour mieux faire, mais il va falloir laisser De Boer bosser tranquillement et ne pas agiter la menace du licenciement à chaque contre-performance. Le patient est sorti du plumard contre la Juve mais est encore convalescent.
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