Après
quelques matches, on a maintenant une idée nettement plus claire de ce
qu'Unai Emery souhaite mettre en place au PSG et des principes qui le
guideront dans ses choix. Avec Blanc (ne comptez pas sur nous pour le
critiquer, il a certes fait des erreurs, mais dans l'ensemble son bilan
reste remarquable), les joueurs étaient installés dans un certain
confort. Il avait son système, ses joueurs cadres, ses titulaires et ses
remplaçants, ce qui au passage rend d'autant moins explicable son
passage à un 3-5-2 bizarroïde lors du quart retour contre City. Il
s'appuyait sur un 4-3-3 immuable, avec les résultats que l'on sait, qui
donnait la part belle aux trois milieux de terrain et à Ibrahimovic,
libre de ses mouvements et de dézoner à sa guise. Depuis son arrivée,
Emery nettoie tout du sol au plafond, multiplie les choix forts et
bouscule les certitudes. Le message est clair: le nouvel entraîneur sait
ce qu'il veut et ira au bout de ses idées, quelles qu'en soient les
conséquences pour certains éléments du groupe. Guère impressionné par le
contexte et les grands noms à gérer, il compose son onze à son guise et
montre déjà qui est le patron.
Le
technicien basque exige un pressing haut de ses joueurs et un jeu
beaucoup plus vertical, fondé sur une projection rapide vers l'avant à
la récupération. Ceci explique la position très avancée de Matuidi sur
le flanc gauche contre Arsenal, la confiance accordée à Rabiot, l'un des joueurs les
plus endurants de l'équipe, et l'importance de Di Maria et Lucas,
capables d'accélérer dès que l'adversaire perd le ballon dans sa zone et
se met en danger. On l'a parfaitement vu sur l'action du penalty à
Caen: Lucas monte au pressing, profite de l'erreur du défenseur, file
droit vers le but et provoque la faute. Cette volonté d'avancer
constamment vers l'adversaire demande plus de travail à tout le monde et
justifie le recrutement de Krychowiak. Placé en sentinelle devant la
défense, il est censé garantir l'équilibre de l'équipe et jouer les
pompiers de service lorsque ses partenaires de l'entre-jeu se font piéger
dans une position haute et n'ont pas le temps de se replacer. Beaucoup
moins à l'aise techniquement que Motta, le Polonais est en revanche plus
costaud dans les duels et à la récupération, et pourrait être un des
joueurs clés du système Emery dans un rôle de troisième défenseur
central avancé.
Il
est évident que dans l'esprit d'Emery, il n'y a pas ceux qui font le
sale boulot et ceux qui brillent balle au pied. Tout le monde doit mettre le bleu de chauffe dans sa zone, gêner la relance adverse et maintenir
l'opposition dans son camp. Caen s'attendait sans doute à voir un PSG en
mode pépère qui fait tranquillement circuler le ballon en attendant la
faille et a été totalement perturbé par l'agressivité et l'intensité
mises par les joueurs parisiens, qui leur sont rentrés dedans dès le
début du match. Comme la qualité technique d'ensemble reste excellente
et que les Normands ont livré une prestation d'une faiblesse abyssale,
cela vous donne un joli 6-0 à l'arrivée. Il faut aussi souligner le rôle
capital joué par les latéraux, à qui Emery demande constamment de
monter et d'apporter le surnombre. Que ce soit Aurier, excellent contre
Arsenal, Maxwell, double passeur décisif hier soir, ou Meunier,
impeccable en Normandie, les hommes de couloir ont tous été très en vue
depuis le début de saison. Ceci démontre l'estime que l'entraîneur porte à
Cavani, qui sera le premier bénéficiaire des montées et des centres des
latéraux.
Confrontés
à ces choix radicaux, certains ont du souci à se faire, comme Motta et
surtout Ben Arfa, régulièrement écarté du groupe. Le Français n'est pas
connu pour être le joueur le plus travailleur (généralement il s'attend
plutôt à ce que l'équipe taffe pour lui) et surtout, son recrutement
n'émane pas d'une décision d'Emery. Avec Ben Arfa, les dirigeants ont
peut-être voulu signer un coup marketing et soigner l'image du PSG au
Maghreb, mais l'homme de banc n'a que faire de ces considérations. Emery
est un passionné de tactique, un fondu du tableau noir, un amoureux des
schémas, et on le voit même se retourner régulièrement vers ses
remplaçants pour attirer leur attention sur une question de placement ou
un fait de jeu. Il a aussi pris le parti de donneur leur chance aux
jeunes, comme le montrent la présence d'Areola et Kimpembe dans le onze
de départ. Augustin a aussi eu droit à ses trente minutes à Caen. Une
chose est certaine: il n'y a plus de sénateurs au PSG, et tout le monde
va devoir constamment se remettre en question et mériter sa place. Quid
de Javier Pastore dans tout ça? A vrai dire on ne se fait guère trop de
souci pour lui, parce qu'Emery n'a rien contre les beaux joueurs, que
l'Argentin ne rechigne pas à la tâche et qu'il a peut-être été ménagé en
raison de ses problèmes récurrents au mollet. En tout cas, si Emery
continue à nous priver de Javier, nous ne serons plus copains très
longtemps.
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