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samedi 17 septembre 2016

Emery, pas là pour rigoler

Après quelques matches, on a maintenant une idée nettement plus claire de ce qu'Unai Emery souhaite mettre en place au PSG et des principes qui le guideront dans ses choix. Avec Blanc (ne comptez pas sur nous pour le critiquer, il a certes fait des erreurs, mais dans l'ensemble son bilan reste remarquable), les joueurs étaient installés dans un certain confort. Il avait son système, ses joueurs cadres, ses titulaires et ses remplaçants, ce qui au passage rend d'autant moins explicable son passage à un 3-5-2 bizarroïde lors du quart retour contre City. Il s'appuyait sur un 4-3-3 immuable, avec les résultats que l'on sait, qui donnait la part belle aux trois milieux de terrain et à Ibrahimovic, libre de ses mouvements et de dézoner à sa guise. Depuis son arrivée, Emery nettoie tout du sol au plafond, multiplie les choix forts et bouscule les certitudes. Le message est clair: le nouvel entraîneur sait ce qu'il veut et ira au bout de ses idées, quelles qu'en soient les conséquences pour certains éléments du groupe. Guère impressionné par le contexte et les grands noms à gérer, il compose son onze à son guise et montre déjà qui est le patron.


Le technicien basque exige un pressing haut de ses joueurs et un jeu beaucoup plus vertical, fondé sur une projection rapide vers l'avant à la récupération. Ceci explique la position très avancée de Matuidi sur le flanc gauche contre Arsenal, la confiance accordée à Rabiot, l'un des joueurs les plus endurants de l'équipe, et l'importance de Di Maria et Lucas, capables d'accélérer dès que l'adversaire perd le ballon dans sa zone et se met en danger. On l'a parfaitement vu sur l'action du penalty à Caen: Lucas monte au pressing, profite de l'erreur du défenseur, file droit vers le but et provoque la faute. Cette volonté d'avancer constamment vers l'adversaire demande plus de travail à tout le monde et justifie le recrutement de Krychowiak. Placé en sentinelle devant la défense, il est censé garantir l'équilibre de l'équipe et jouer les pompiers de service lorsque ses partenaires de l'entre-jeu se font piéger dans une position haute et n'ont pas le temps de se replacer. Beaucoup moins à l'aise techniquement que Motta, le Polonais est en revanche plus costaud dans les duels et à la récupération, et pourrait être un des joueurs clés du système Emery dans un rôle de troisième défenseur central avancé.



Il est évident que dans l'esprit d'Emery, il n'y a pas ceux qui font le sale boulot et ceux qui brillent balle au pied. Tout le monde doit mettre le bleu de chauffe dans sa zone, gêner la relance adverse et maintenir l'opposition dans son camp. Caen s'attendait sans doute à voir un PSG en mode pépère qui fait tranquillement circuler le ballon en attendant la faille et a été totalement perturbé par l'agressivité et l'intensité mises par les joueurs parisiens, qui leur sont rentrés dedans dès le début du match. Comme la qualité technique d'ensemble reste excellente et que les Normands ont livré une prestation d'une faiblesse abyssale, cela vous donne un joli 6-0 à l'arrivée. Il faut aussi souligner le rôle capital joué par les latéraux, à qui Emery demande constamment de monter et d'apporter le surnombre. Que ce soit Aurier, excellent contre Arsenal, Maxwell, double passeur décisif hier soir, ou Meunier, impeccable en Normandie, les hommes de couloir ont tous été très en vue depuis le début de saison. Ceci démontre l'estime que l'entraîneur porte à Cavani, qui sera le premier bénéficiaire des montées et des centres des latéraux.



Confrontés à ces choix radicaux, certains ont du souci à se faire, comme Motta et surtout Ben Arfa, régulièrement écarté du groupe. Le Français n'est pas connu pour être le joueur le plus travailleur (généralement il s'attend plutôt à ce que l'équipe taffe pour lui) et surtout, son recrutement n'émane pas d'une décision d'Emery. Avec Ben Arfa, les dirigeants ont peut-être voulu signer un coup marketing et soigner l'image du PSG au Maghreb, mais l'homme de banc n'a que faire de ces considérations. Emery est un passionné de tactique, un fondu du tableau noir, un amoureux des schémas, et on le voit même se retourner régulièrement vers ses remplaçants pour attirer leur attention sur une question de placement ou un fait de jeu. Il a aussi pris le parti de donneur leur chance aux jeunes, comme le montrent la présence d'Areola et Kimpembe dans le onze de départ. Augustin a aussi eu droit à ses trente minutes à Caen. Une chose est certaine: il n'y a plus de sénateurs au PSG, et tout le monde va devoir constamment se remettre en question et mériter sa place. Quid de Javier Pastore dans tout ça? A vrai dire on ne se fait guère trop de souci pour lui, parce qu'Emery n'a rien contre les beaux joueurs, que l'Argentin ne rechigne pas à la tâche et qu'il a peut-être été ménagé en raison de ses problèmes récurrents au mollet. En tout cas, si Emery continue à nous priver de Javier, nous ne serons plus copains très longtemps.

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