L'été dernier, la Juventus avait perdu trois joueurs majeurs (Tevez, Vidal et Pirlo, excusez du peu), ce qui ne l'a guère empêché de dominer outrageusement les débats en championnat, d'enchaîner une série improbable de 18 succès consécutifs et de terminer avec neuf points d'avance sur son dauphin, le Napoli de ... Gonzalo Higuain. Cette intersaison, elle a vu partir Pogba contre un énorme chèque, et même si le Français était évidemment un joueur important de l'effectif, il n'était pas aussi indispensable à l'équilibre d'ensemble qu'un Arturo Vidal, homme à tout faire du milieu, à la fois travailleur, dur au mal, bon passeur et buteur régulier. Les dirigeants ont tout tenté pour faire venir Matuidi, un joueur qui aurait parfaitement correspondu aux valeurs du club, mais l'avortement de son transfert n'est pas chose si grave. La Juve a commencé son championnat dans la peau d'une grandissime favorite, et on voit mal qui pourrait lui disputer le titre jusqu'au bout. Alors que la Serie A vient à peine de démarrer, elle est déjà presque championne sur le papier.
La force de l'équipe réside d'abord dans son imperméabilité défensive, et de côté là, rien n'a bougé: le quatuor en béton Buffon-Barzagli-Bonucci-Chielllini, socle de la Squadra Azzurra, va tranquillement continuer à écœurer les attaques adverses. Evra peut bien commettre quelques bourdes maison sur son côté gauche (s'il ne perd pas sa place au profit d'Alex Sandro dans le 3-5-2), ses partenaires de l'axe se chargeront de les rattraper, et l'expérimenté Dani Alves fera le boulot sur le flanc droit. L'arrivée de Benatia en provenance du Bayern apporte un autre gage de solidité et une vraie solution de recours en cas de blessure d'un des cadres défensifs. Au milieu, Allegri peut compter sur Marchisio, un des milieux de terrain les plus sous-estimés d'Europe, qui à trente ans sera l'un des leaders naturels de l'équipe et le patron de l'entre-jeu. Khedira est plus performant que jamais, Sturaro en train de s'imposer comme un titulaire à part entière, le jeune Français Lemina, en qui Allegri croit beaucoup, dispose d'une belle marge de progression, et Asamoah peut continuer à jouer les utilités.
La Vieille Dame a signé un énorme coup en attirant Higuain, même si le montant du transfert paraît démesuré (mais nous sommes décidément entrés dans l'ère de la démesure). Souvent critiqué pour sa propension à passer à côté des grands rendez-vous, l'Argentin reste un attaquant de calibre mondial et une véritable machine à marquer en Serie A. On doute qu'il puisse faire passer à lui seul un cap à la Juve en Champions League, mais il plantera tranquillement sa vingtaine voire trentaine de buts en championnat, et son association avec son compatriote Dybala, bluffant pour sa première saison en blanc et noir (une quinzaine de buts et autant de passes décisives) risque de poser des problèmes insolubles à bien des équipes. Sans oublier qu'Allegri possède avec Mandzukic un autre véritable buteur de métier, qui peut permettre à Higuain de souffler ou à l'inverse bosser un peu plus à l'entraînement pour perdre un peu de bide. Si Pjanic, autre jolie recrue, affiche le niveau de jeu qui était le sien à la Roma, et si Cuadrado pense à lâcher la chique de temps en temps, les attaquants ne manqueront pas de bons ballons à exploiter.
Qui pour réellement
concurrencer la Juve ? Personne a priori, soyons honnêtes (et
l'honnêteté est une des valeurs fondamentales de ce blog). Cela
fait un bail que l'Inter et le Milan AC sont rentrés dans le rang,
et les deux équipes milanaises devraient se contenter de lutter pour
les places européennes. Tristezza pour les tifiosi. La Roma n'en
finit pas de décevoir et, malgré un début de championnat correct,
vient de se faire piteusement sortir de la Champions League par
Porto. Reste le Napoli, qui malgré le départ de son buteur star,
remplacé numériquement par le Polonais Milik, (« No Milik
today », dira-ton s'il ne joue pas) conserve un effectif de
qualité (Hysej, Allan, Hamsik, Mertens, Callejon, Insigne). Mais
Naples est avant tout une équipe joueuse dont les armes principales
se situent devant et qui manque de solidité défensive (une
charnière centrale Koulibaly-Albiol devant Pepe Reina, on a vu
nettement mieux tout de même). Cela devrait suffire pour bastonner
pour le podium avec la Roma, mais pas pour donner du fil à retrordre
au champion en titre sur l'ensemble d'une saison. Si l'équipe qui
termine deuxième compte moins de dix points de retard sur la
Juventus à l'arrivée, elle aura signé un très bel exercice.
Finalement, il y aura peut-être plus de suspense en Ligue 1 qu'en
Serie A cette année.
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