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mercredi 21 septembre 2016

Mourinho et la machine à déjouer

MU traverse une bien mauvaise passe actuellement. Battus et dominés lors du derby par un City plus conquérant et cohérent, défaits par Feyenoord en Ligue Europa, les Red Devils ont enchaîné une troisième défaite de rang sur le terrain de Watford, un adversaire a priori largement à leur portée. Nous ne sommes que fin septembre (ah l'équinoxe funeste du père Georges), et il n'est guère l'heure de dresser des bilans et tirer des conclusions hâtives comme le font les marchands de papier et les racoleurs de connections (Emery ne sait pas ce qu'il fait, Monaco va être champion, la Juve est friable tout ça tout ça) mais on peut se demander si Mourinho n'est pas allé se fourrer dans une belle galère. Depuis qu'il s'est fait lourder de Chelsea, le club qui avait fait sa renommée et créé son aura d'invincibilité, le Portugais n'est plus le « Special One ». Il est redevenu humain, trop humain même, pour reprendre un titre de ce bon vieux moustachu de Friedrich (c'est la fête de la bacchante aujourd'hui, allez on en profite messieurs dames), grand adepte du 4-4-2 devant (et surtout derrière) l'éternel. Il peut perdre, et même enchaîner les défaites. Et surtout, son impensable fin de parcours à Stamford Bridge montre que, contrairement ce qu'on pouvait lire et entendre un peu partout, il peut tout à fait se retrouver dans l'impasse et à court de solutions.



Pour faire clair, le problème numéro un du Mou dans le dur se nomme Wayne Rooney. Parce qu'il ne veut pas le sortir de l'équipe et parce que son joueur n'a plus les cannes pour faire la différence en pointe, le coach portugais fait jouer le lad dans une position reculée de faux meneur de jeu (comme tout le monde), ce qui engendre des soucis en cascade en termes tactiques et de positionnement des uns et des autres. Puisqu' Ibrahimovic ne joue pas non plus comme un véritable avant-centre et a tendance à souvent décrocher, il se retrouve dans la même zone que Rooney. Les deux anciens se marchent sur les pompes. Pire, leur association crée un système absurde avec deux « milieux offensifs » axiaux, deux joueurs excentrés (Martial et Mkhitaryan le plus souvent) mais aucun attaquant pour faire les appels et donner des solutions dans la profondeur, donc avec quatre joueurs censés alimenter un fantôme. Le « dézonage » de Rooney et Ibra oblige en outre Pogba à évoluer dans une position plus basse que d'habitude, ce qui l'empêche de participer régulièrement et efficacement aux mouvements offensifs : effet domino, réaction en chaîne, soucis en série, so on and so forth. Une jolie machine à faire déjouer.



Qui est censé tenir la boutique derrière Pogba et devant la défense ? Marouane Fellaini, le joueur le moins mobile du monde. Le Marocain peut abattre un gros boulot et dominer dans le jeu aérien, mais lui demander de couvrir seul toute la largeur et de colmater les brèches est difficilement compréhensible. Cela pourrait à la limite se comprendre si Mourinho pouvait compter sur une charnière centrale en béton armé et quelques barons en défense, ce qui est loin d'être le cas. Blind est un très beau joueur mais il offre plus de garanties dans la relance que dans le duel d'homme à homme, et Bailly est prometteur mais n'a que vingt piges et une seule saison de Liga derrière lui. Voilà donc une équipe qui joue de fait sans avant-centre, avec deux « ailiers » qui centrent pour personne, deux buteurs qui se promènent à quarante mètres des cages adverses, un milieu défensif qui ne peut pas assumer toutes les tâches qu'on lui assigne et une défense inexpérimentée. Est-ce réellement une surprise de voir United enchaîner les contre-performances ? Comment un tacticien aussi reconnu que Mourinho peut-il penser une seule seconde que ce système bancal puisse fonctionner et que les éléments qui le composent puissent exprimer pleinement leurs qualités ?



United aurait dû vendre Rooney quand il a fait part de ses envies de départ pour City. Quand le deal ne s'est pas fait, les dirigeants des Citizens se sont « rabattus » sur Aguero, qui porterait peut-être aujourd'hui le maillot des Red Devils si Rooney avait rallié le camp ennemi. Pourquoi conserver un joueur qu n'a manifestement plus envie de servir l'équipe et est en prime prêt à rejoindre le grand rival? Depuis l'épisode du transfert avorté, Rooney est devenu un joueur moyen, qui sort de sa boîte de temps à autres mais signe trop de performances quelconques eu égard à son niveau passé. Les entraîneurs qui se sont succédé sur le banc de MU après Ferguson n'ont jamais trouvé la solution pour le relancer et non jamais non plus osé le sortir de l'équipe, lui qui est censé être un leader sur le terrain et dans le vestiaire, d'autant plus dans la période de turbulences que traverse United depuis le départ du manager écossais. L'arrivée de Zlatan rend son cas encore plus difficile à gérer, puisqu'il est évident que les deux joueurs ne peuvent cohabiter dans le onze. Et s'il faut en mettre un des deux sur le banc, il est clair que cela ne doit pas être le Suédois, qui a au moins le mérite de mettre des pions.



Nous ne nous permettrons pas de donner des conseils à Mourinho, qui a pourtant maintes fois cherché à nous joindre (les consignes données à nos secrétaires sont très claires, fort heureusement), mais le Portugais doit absolument trancher dans le vif et faire des choix forts pour redresser la barre. Si nous étions dans ses pompes, nous aurions son compte en banque certes, ce qui n'est pas négligeable, mais nous ferions de Rashford l'avant-centre titulaire, nous donnerions à Zlatan un rôle similaire à celui qu'il tenait au PSG, nous confierons à Schneiderlin le rôle de sentinelle devant la défense et nous ferions monter Pogba d'un cran. Peut-être Blind serait-il plus utile au milieu qu'en défense, quitte à associer Smalling à Bailly derrière. Pour le bien de l'équipe, Mourinho doit prendre garde ne ne pas tomber dans le panneau de vouloir à tout prix avoir raison contre tout le monde, quitte à constamment flirter avec l'aberration tactique. Il devra mettre son ego de côté et faire la différence entre persévérance et obstination bornée.

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