La saison dernière,
l'Atletico a connu le plus cruel des destins, au terme d'un parcours
pourtant exceptionnel. Tombeurs coup sur coup de Barcelone et du
Bayern, les deux grands favoris de la compétition, les joueurs de
Simeone ont une nouvelle fois vu le titre suprême leur échapper au
profit de l'ennemi juré du Real. En 2014, ils pensaient déjà tenir
la coupe entre leurs mains, jusqu'au coup de tête fatal de Sergio
Ramos dans les arrêts de jeu. Ils pourraient légitimement se croire
maudits et penser qu'il est écrit d'avance que le Real les privera
quoi qu'il arrive d'un bonheur qui se refuse à ans depuis plus de 40
ans et la finale de 1974 perdue face au Bayern Munich. A l'heure où
la Champions League reprend ses droits, on peut se demander si les
Colchoneros croient vraiment en leurs chances de gagner enfin la
prestigieuse compétition européenne, et surtout s'ils en ont les
moyens. Peuvent-ils prendre leur revanche sur le sort, un an
seulement après le scénario terrible de Milan et cette maudite
séance de tirs aux buts ?
Il n'y a pas de questions
à se poser sur le moral des troupes. Les valeurs du club qui ont
fait ses succès récents, tout le monde les connaît :
solidarité, grinta, combativité, travail, dureté, volonté de ne
jamais rien lâcher. Il leur a déjà fallu faire preuve d'une énorme
force mentale pour gagner le droit à une revanche en finale contre
le Real deux ans après être passés tout près de l'exploit. Quoi
qu'il arrive, l'Atletico va retourner au combat avec la même hargne
et la même envie, et il sera toujours aussi difficile à vaincre
pour tout le monde, même les équipes les mieux armées. Annoncé
partant, Simeone, le grand artisan des résultats remarquables des
trois dernières saisons, est finalement resté, certainement plus
que jamais habité par la volonté d'enfin ramener le trophée aux
grandes oreilles à Vicente Calderon. Quand on s'appelle Diego
Simeone et qu'on incarne mieux que personne la fameuse garra charrua
sud-américaine, on ne renonce pas, monsieur. On repart au combat
avec la certitude que les échecs passés ne sont que les marches
vers le succès.
El Cholo pourra compter
sur un effectif quasiment inchangé, exception faite des arrivées de
Gameiro, de l'excellent Nicolas Gaitan, qui contribuera à faire
monter le niveau technique d'un cran, et du latéral international
croate Vrsaljko. Tous les cadres « historiques », les soldats du
général Diego, sont restés au club, et vont continuer à mener la
vie dure aux deux monstres de la Liga : Diego Godin, Filipe
Luis, Juanfran, Koke, Tiago, Gabi, Torres. Antoine Griezmann, qui a
atteint le niveau d'un Ballon d'Or en puissance, va continuer à
empiler les pions et bluffer tout son monde par son aisance technique
(quel performance XXL il a sorti à Vigo!). On attendra de Saul Niguez
qu'il confirme les belles choses qu'il a montrées l'an passé, de
Ferreira Carrasco, capable de créer des différences énormes balle
au pied, qu'il continue sur sa lancée, et du jeune Partey qu'il
soulage efficacement les vielles cannes de Gabi et Thiago dans
l'entre-jeu. En un mot : pas de noms ronflants, pas de chèques
exorbitants (pas trop le genre de la maison), surtout pas de
clinquant ou d'effet d'annonce, mais le changement dans la continuité
et la stabilité.
Il n'est pas juste de
coller une étiquette de losers aux Colchoneros, ni de penser qu'ils
s'écroulent toujours dans les moments décisifs. On parle tout de
même d'une équipe qui est aller chercher le titre de champion sur
le terrain du Barça en 2014 con los cojones senor et qui en trois
ans a tout de même sorti le Milan AC, Leverkusen, Chelsea, le Bayern
et deux fois Barcelone en Coupe d'Europe. Beaucoup de soi-disant
perdants éternels aimeraient en dire autant. En 2013, le Bayern
était allé cherché la CL un après avoir perdu sa finale aux tirs
aux buts dans son stade contre Chelsea. Voilà un exemple dont
l'Atletico peut s'inspirer. Mais il ne faut pas perdre de vue que la
saison dernière, il avait affronté le Barça à un moment où les
Catalans traversaient un creux terrible et peinaient sur le plan
physique. En demi-finale, si Müller transforme son penalty pour
donner deux buts d'avance au Bayern, il qualifie sans doute son
équipe pour la finale. Cela n'enlève rien au mérite des joueurs de
Simeone, mais il avaient bénéficié de circonstances favorables et
d'une réussite maximale dans leur chemin vers Milan. Et même
avec toute la volonté et la rage de vaincre du monde, la chance ne
se provoque que jusqu'à un certain point.
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