En signant à Chelsea, Antonio Conte savait qu'il n'aurait pas la
partie facile et que le chantier était considérable. Marquée par
l'éviction de José Mourinho, la saison dernière s'est terminée sur une
piteuse dixième place. En CL, les Blues ont subi la loi d'un PSG
largement supérieur. Cela faisait un bail qu'il n'avaient pas vécu une
année aussi noire et obtenu des résultats aussi éloignés de leurs
objectifs initiaux. Le coach italien, lui, débarque dans la foulée d'un
Euro dont il fut le meilleur technicien, tirant le meilleur d'une
Squadra Azzurra pourtant limitée sur le papier et qui ne fut pas loin de
sortir coup sur coup l'Espagne et l'Allemagne. Avec la Juventus, son
club de toujours, Conte reste sur trois titres de champion. Connu pour sa
rigueur, son énorme capacité de travail, sa rage de vaincre
communicative et sa passion pour le jeu, il semble être l'homme de la
situation pour remettre le club sur les rails. En prime, avec Zola,
Ancelotti, Vialli et Di Matteo, celui-ci a toujours entretenu un rapport
privilégié pour tout ce qui venait de la botte. L'union entre Chelsea,
club ultra-pragmatique, et Conte, l'incarnation du réalisme, ressemble
au mariage parfait.
Les premières sorties de l'équipe ont
pourtant considérablement assombri ce tableau a priori idyllique.
Accrochés par un faible Swansea (2-2), les Blues ont été
battus sans discussion par un Liverpool irrésistible à Stamford Bridge (1-2) avant de
baisser pavillon en une mi-temps à l'Emirates contre Arsenal (3-0). Ces
deux contre-performances contre deux concurrents pour le haut de tableau
jettent le doute sur le niveau réel de l'équipe, et si la situation
n'est évidemment pas désespérée (contrairement à celle du LOSC, qui,
dixit Antonetti, ne sera pas champion, enfin la fin de la langue de bois
en conférence de presse), elle est déjà préoccupante. Chelsea n'est
qu'à trois points de Liverpool et Arsenal, mais avec huit
longueurs de retard sur City, le club peut probablement faire une jolie
croix sur le titre (deux scoops en un paragraphe, si ça ce n'est pas de
l'info coco je ne sais pas ce que c'est). Il va falloir profiter d'un
calendrier pas trop compliqué (déplacements à Hull, West Ham et Southampton, réceptions de Leicester et United) pour redresser un tant soit peu la barre et
installer un minimum de confiance.
D'aucuns, dont
l'omniprésence dans les médias et sur les plateaux commence à nous les
hacher menu, diront qu'il faut laisser du temps à Conte et que Londres
ne s'est pas fait en un jour : argument parfaitement recevable, sauf que
l'impact incroyable de Guardiola sur le jeu et le rendement de City ne
s'est pas fait attendre. L'entraîneur espagnol a eu les joueurs qu'il
voulait (Gündogan et Nolito notamment), laissé partir les indésirables
(Mangala, Nasri, en attendant Touré) et pu réunir rapidement les pièces de son puzzle.
Peut-être le problème de Conte tient-il essentiellement au fait qu'il
doit simplement faire avec ce qu'il a. L'effectif compte beaucoup de
grands noms, de vrais-faux leaders, qui n'évoluent pas à leur meilleur
niveau depuis des mois et ne contribuent guère à tirer l'équipe vers le
haut comme ils le devraient. On songe évidemment en premier lieu à
Hazard et Fabregas, symboles du naufrage de l'an passé, mais aussi à
Matic, très loin de son rendement habituel, et à Courtois, plus
aussi irréprochable et impérial que lors de la saison du titre. Il est
clair que Conte manque de tauliers dans son vestiaire et de relais sur
le terrain.
On attendait surtout de Conte qu'il permette à l'équipe de retrouver son imperméabilité et une certaine rigueur défensive (que l'on sache, les succès de Chelsea n'ont pas été construits sur du football champagne), or l'équipe a déjà encaissé neuf pions en six journées de championnat, davantage que Burnley, 17ème au classement. On peut franchement s'interroger sur l'opportunité de rapatrier David Luiz (pour 35 millions qui plus est), sur courant alternatif au PSG et carrément catastrophique depuis son retour. Cahill est un défenseur honnête, rien de plus, et certainement pas un baron du calibre des Carvalho et Terry des grandes années. Que l'on aime le personnage ou non, le départ de ce dernier, ainsi que celui de Frank Lampard, a laissé un énorme vide. Ivanovic, l'un des derniers cadres historiques, reste sur une année cataclysmique et prend régulièrement le bouillon à droite. Seul Azpilicueta, appliqué et actif offensivement, donne pleinement satisfaction. Vous l'aurez compris, le secteur défensif sera la priorité de Conte dans les prochaines semaines. Le coach italien doit bouillir de voir son équipe commettre de telles erreurs, et les murs de vestiaires de l'Emirates ont dû trembler à la pause. Il faudra peut-être qu'il demande aux dirigeants de sortir le chéquier, car on voit mal comment il pourrait stabiliser son onze avec les joueurs dont il dispose.
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