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samedi 5 mars 2011

1986, la plus belle de toutes

platoche-86.jpgQuelle est la plus belle Coupe du Monde de tous les temps? Sur la question, les avis divergent (ce qui, comme disait Desproges, fait beaucoup), même si tout le monde s'accorde à penser que l'édition sud-africaine ne restera guère dans les annales. Les anciens, nostalgiques de Kopa et Piantoni, gardent une tendresse toute particulière pour la Coupe du Monde 1958, qui vit la première victoire du Brésil et les Bleus décrocher une superbe troisième place.


Chez beaucoup de spécialistes, c'est le Mondial mexicain de 1970 qui tient plutôt la corde. Il est vrai que la Seleçao de Pelé sacrée cette année-là peut être considérée comme la meilleure équipe nationale de tous les temps et que la demie-finale entre la RFA et l'Italie reste sans doute à ce jour le plus grand match de l'histoire de l'épreuve. Il n'est pourtant pas nécessaire de remonter aussi loin dans le temps pour trouver la reine des reines. Spectaculaire, colorée, offensive et d'un niveau général rarement égalé, la Coupe du Monde 1986 remportée par l'Argentine a atteint des sommets d'intensité dans la chaleur mexicaine. Oui, messieurs dames, la treizième édition de la glorieuse épreuve fut bel et bien la plus belle de toutes, et nous l'allons prouver tout à l'heure.

A l'heure d'attaquer la compétition, le plateau proposé donne l'eau à la bouche, tant toutes les nations majeures, à l'exception des Pays-Bas, non qualifiés, disposent a priori de formations armées pour aller au bout: la France et son carré magique, l'Italie tenante du titre, l'Allemagne toujours au rendez-vous, l'Angleterre de Lineker, le Brésil et ses artistes et l'Argentine emmenée par Maradona. Attendues au tourant, cinq de ces six équipes accèdent aux quarts de finale, la France éliminant l'Italie en huitièmes.

diego-maradona_1986.jpgA ce groupe de favoris d'une qualité exceptionnelle s'ajoute une superbe sélection soviétique estampillée Dinamo Kiev et qui peut compter sur le talent de Zavarov et Belanov, le meilleur onze belge de l'histoire (Pfaff, Gerets, Scifo et compagnie) et les Danois irrésistibles de Laudrup et Eljkaer-Larsen, sans oublier les Mexicains portés par la ferveur de leur public. Les huit équipes qualifiées pour les quarts de finale sont les suivantes: Allemagne, Angleterre, Argentine, Belgique, Brésil, Danemark, France, Mexique. Il faudra attendre 1998 pour retrouver un club des huit aussi relevé (Allemagne, Argentine, Brésil, Croatie, Danemark, France, Italie, Pays-Bas).

Outre cet excellent niveau d'ensemble et la valeur intrinsèque des possibles vainqueurs, le Mondial 86 fut riche en rencontres haletantes et spectaculaires. Tout au long du tournoi, Français et Brésiliens proposèrent un jeu technique et tourné vers l'attaque qui ravit les esthètes, et l'affrontement en quart de finale entre Platini, Giresse et Tigana d'un côté et Socrates, Careca et Zico de l'autre a gagné sa place dans la légende de la compétition. Parmi les sommets de jeu qu'offrit cette remarquable cuvée, citons également le 6-1 collé par le Danemark à l'Uruguay en poules, le triplé de Lineker contre la Pologne, le nul intense entre la France et l'URSS, le quadruplé de Butragueno contre le Danemark, le spectacle magnifique du huitième entre cette même URSS et la Belgique (3-4 après prolongations) et l'historique dramaturgie du choc entre l'Argentine et l'Angleterre en quart de finale.

La finale, ponctuée de cinq buts (seule celle de 1958, symbole d'un football d'une autre époque, fut plus prolifique), accoucha d'un scénario à rebondissements, la RFA remontant un handicap de deux buts avant de s'incliner 3-2. Depuis, neuf malheureux buts ont été marqués en six finales. Bizarrement, la moyenne de pions par match ne fut que de 2,52, quatrième plus mauvais score depuis la guerre: comme quoi la qualité d'une compétition ne s'évalue pas seulement par les chiffres.

Evidemment, pour faire un grand tournoi, il faut de grands joueurs, et, question barons le Mondial 86 est plutôt bien pourvu: Platini, Socrates, Laudrup, Francescoli, Lineker, Belanov, Rummenigge, Butragueno, Scifo, Altobelli, Hugo Sanchez, sans oublier des gardiens extraordinaires (Bats, Pfaff, Shilton, Dassaev) et, bien sûr, Diego Maradona. A l'exception de Pelé, aucun joueur n'a dominé une Coupe du Monde comme le génie argentin en 1986. Auteur de cinq buts et six passes décisives, le Pibe de Oro a planté un but de légende (deux buts de légende, en fait) contre l'Angleterre, éliminé la Belgique à lui tout seul avant d'offrir le troisième but à Burruchaga en finale. Sans lui, l'Argentine n'aurait été qu'une équipe moyenne. Avec lui, elle est devenue championne du monde: aussi simple que cela. Objet des plus folles attentes et des espérances de tout un peuple, Maradona a dribblé la pression avec une aisance écoeurante et hissé son niveau de jeu à des hauteurs vertigineuses.

Comme lui, les autres cadors de la planète football n'ont pas déçu et ont su porter leurs sélections respectives aux limites de leurs possibilités. En Coupe du Monde, la pauvreté du spectacle tranche parfois avec le caractère exceptionnel de l'épreuve et les fantasmes qu'elle suscite. Contrairement à nombre de ses rivales, l'édition 1986 a tenu toutes ses promesses et donné lieu aux grands duels attendus. Si nous la considérons comme la plus belle de toutes, il ne nous déplairait pas de la voir détrônée le plus tôt possible. Qu'il nous soit néanmoins permis d'en douter.












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