Lorsque le score d'un match est serré et
l'issue incertaine, l'obtention d'un penalty constitue forcément un
tournant décisif dans le scénario, pour peu qu'il soit
transformé évidemment. Plus encore qu'une expulsion, handicap
surmontable avec un minimum de réorganisation tactique, la possibilité
donnée à l'adversaire de marquer prend fatalement des allures
de punition suprême. Trop souvent, le choix d'accorder ou non un
coup de pied de réparation à l'une ou l'autre équipe reste au coup de
sifflet final le fait majeur d'une rencontre.
Dans l'absolu,
le penalty doit venir sanctionner une faute commise dans la zone de
vérité et offrir à l'équipe qui l'obtient l'opportunité de marquer un
but dont l'a privé
dans le jeu un geste illicite de l'adversaire. Dans les faits, il
existe fréquemment un écart
presque scandaleux entre la probabilité que l'action qui amène le
penalty débouche sur un but et la situation qui découle du coup de
sifflet, à savoir un face à face avec le gardien. De par cette
disproportion, la sanction, censée réparer une injustice, devient
elle-même source d'injustice, même si la faute existe bel et bien.
L'arbitre peut en prime l'alourdir d'un carton rouge, double
peine qui pèse d'un poids trop important dans le résultat final.
Le problème réside essentiellement dans le fait que tous les
gestes répréhensibles dans la surface soient considérés sans aucune
distinction et se voient sanctionnés
d'une seule et même manière. De façon aberrante, un penalty peut
être sifflé tout aussi bien pour une main plus ou moins volontaire, une
bousculade sur corner ou un attentat par derrière sur un
attaquant qui file seul au but. L'arbitre devrait pouvoir avoir le
choix entre une variété de possibilités suivant la gravité de la faute
commise et la situation de jeu. En l'absence d'entre-deux
et de juste milieu, l'arbitrage dans la surface de réparation reste
le royaume du tout ou rien et de la binarité idiote.
Lorsqu'un gardien
s'empare à la main d'une passe en retrait volontaire,
l'équipe adverse se voit normalement accorder un coup franc indirect
dans la surface. Pourquoi ne pourrait-on pas avoir plus souvent recours
à cette solution intermédiaire pour les fautes de
mains involontaires, les tirages de maillot intempestifs ou les
contacts qui n'empêchent pas un joueur de tirer au but? Du fait de
l'importance démesurée du penalty, les
arbitres peuvent hésiter à porter le sifflet à la bouche, ce qui laisse le champ libre aux défenseurs vicieux qui multiplient les actes litigieux sans jamais franchir la ligne rouge qui pénaliserait leur équipe. Paradoxalement, un des effets pervers du penalty consiste à avoir transformé la surface en zone de non-droit, où sont tolérées des fautes qui se verraient sanctionnées ailleurs.
arbitres peuvent hésiter à porter le sifflet à la bouche, ce qui laisse le champ libre aux défenseurs vicieux qui multiplient les actes litigieux sans jamais franchir la ligne rouge qui pénaliserait leur équipe. Paradoxalement, un des effets pervers du penalty consiste à avoir transformé la surface en zone de non-droit, où sont tolérées des fautes qui se verraient sanctionnées ailleurs.
La question de la main volontaire ou involontaire, qui revient
incessamment sur le tapis depuis Marius Trésor, reste un imbroglio sans
nom, deux actions identiques
pouvant donner lieu à des jugements radicalement opposés. Sauf en
cas de plongeon caractérisé ou de sauvetage sur la ligne façon gardien
de but, il est quasiment impossible de décider si l'action
est intentionnelle ou non. Quand un joueur se jette pour contrer une
frappe, ses bras se décollent naturellement du corps. Peut-on pour
autant parler d'acte manifeste d'anti-jeu? Il est encore
plus absurde de voir un penalty sifflé lorsque le défenseur reste
debout et voit le ballon venir lui percuter un bras gardé le long du
corps. Pas sanctionnable en théorie, ce non-geste l'est
souvent dans la réalité.
L'exemple de la parade de Suarez face au
Ghana lors de la dernière Coupe du Monde a démontré que le penalty ne
constituait pas la réponse
adaptée à une faute de main délibérée, car au final, son arrêt
désespéré a permis à son
équipe de se qualifier. Puisque le but aurait été marqué sans son
intervention, le Ghana aurait dû bénéficier d'un but de pénalité, ce que
ne prévoit malheureusement pas le règlement.
L'instauration du but de pénalité permettrait de punir plus
justement tout type d'action empêchant un but autrement inévitable, sans
donner l'espoir au coupable de voir le tireur manquer son
penalty. En l'état actuel des choses, et particulièrement en fin de
match, il n'a pas grand-chose à perdre.
Tant que les esprits réactionnaires des instances dirigeantes
refuseront l'introduction de la vidéo dans l'arbitrage, les hommes au
sifflet continueront à porter seuls le
poids de choix lourds de conséquences, et de
nombreux penalties ne manqueront pas de faire débat chaque semaine sur toutes les pelouses de la planète. Cette obstination incompréhensible permet à tous les simulateurs professionnels de tromper régulièrement leur monde et de se voir récompenser de leurs méfaits sous la forme d'un but quasiment offert sur un plateau à leur équipe. Trop de matches se sont décidés et se décideront encore sur des fautes inexistantes dans la surface.
nombreux penalties ne manqueront pas de faire débat chaque semaine sur toutes les pelouses de la planète. Cette obstination incompréhensible permet à tous les simulateurs professionnels de tromper régulièrement leur monde et de se voir récompenser de leurs méfaits sous la forme d'un but quasiment offert sur un plateau à leur équipe. Trop de matches se sont décidés et se décideront encore sur des fautes inexistantes dans la surface.
Les mauvaises langues, aussi prompts à
l'ouvrir que les tristement célèbres d'aucuns, feront sans
doute remarquer que le penalty reste le moyen le plus sûr et le plus
efficace d'avantager une équipe, et que sa suppression, pour l'instant
pas franchement au programme, causerait un tort non
négligeable à certaines équipes bénéficiant régulièrement des
largesses arbitrales. Quand on voit le nombre de décisions contestables
prises journée après journée en faveur des grosses écuries
dans les différents championnats européens, on se dit que le penalty
a encore de beaux jours devant lui.
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