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samedi 12 mars 2011

Rui Costa, le petit prince

rui-costa.jpgAu pays des poseurs de roulettes à répétition, des artistes de cirque et autres flambeurs de rectangle vert, Manuel Rui Costa, meilleur joueur portugais de ces vingt dernières années avec Figo, ferait presque figure d'exception. Milieu offensif à la fascinante fluidité gestuelle, ce technicien fin et longiligne savait à merveille orienter le jeu et tenir la baguette sans jamais tomber dans la facilité ou l'humiliation gratuite de l'adversaire. S'il pouvait avec éliminer avec autant de facilité que tous les Quaresma du monde, il usait de son dribble à bon escient, pour conserver la chique dans le trafic ou impulser une contre-attaque.


Footballeur complet, à la fois détonateur et régulateur, accélérateur et métronome, capable de couvrir beaucoup de terrain, il pouvait descendre très bas chercher les ballons ou se porter au soutien immédiat des attaquants, qu'il plaçait dans les meilleures conditions grâce à son exceptionnelle qualité de passe. Comme Zidane ou Riquelme, Rui Costa appartient à la noble catégorie des véritables meneurs de jeu, doués et intelligents, posés et dévoués au collectif, qui mettent leur talent individuel au service de l'équipe tout en faisant peser à chaque instant la menace d'un exploit personnel décisif.

Acheté par la Fiorentina au Benfica en 1994 alors qu'il vient d'être sacré champion du Portugal, le petit prodige claque neuf buts dès sa première saison et régale Batistuta, capocanoniere du championnat avec 26 pions. Très rapidement intégré, le Portugais forme un duo de classe mondiale avec Batigol, serial buteur dont il devient le principal pourvoyeur.

Titulaire lors de 250 matches avec la Viola, Rui Costa n'ajoute que deux lignes à son palmarès (deux Coupes d'Italie en 1996 et 2001) au cours des sept saisons qu'il passe à Florence, mais s'impose comme le meilleur meneur de jeu de la Serie A. Deux fois troisième du championnat en 1996 et 1999, il dispute la Champions League en 1999-2000, où son équipe s'illustre en battant Arsenal à Wembley, puis Manchester United et Valence à Artemio-Franchi, avant de s'effondrer inexplicablement dans la seconde moitié de la deuxième phase de poules.

Demi-finaliste de la Coupe des Coupes face au Barça de Ronaldo en 1997, la Fiorentina propose un jeu offensif et séduisant autour de ses deux stars mais ne parvient pas véritablement à contester la suprématie des barons du football italien. En 2000, Batistuta quitte le club pour rejoindre l'AS Roma, qu'il pense sans doute plus à même de satisfaire ses ambitions. Orphelin de son avant-centre, Rui Costa fait ses valises l'année suivante et signe au Milan AC, qui casse sa tirelire pour s'attacher ses services. Criblée de dettes, la Fiorentina a dü laisser partir coup sur coup deux des meilleurs joueurs de son histoire et se verra reléguée administrativement en quatrième division au terme de la saison 2001-2002.

rui-costa-2.jpgAttendu au tournant par les sceptiques qui doutent de sa capacité à s'imposer dans un grand club, Rui Costa devient très vite un taulier du Milan, où il règne sur l'entrejeu aux côtés de Pirlo et Seedorf. Avec le club rossonero, il s'offre enfin les titres que son talent mérite et qui manquent cruellement à sa carte de visite. En 2003, il figure dans le onze qui gagne la Champions League face à la Juventus, devenant un des rares joueurs portugais avec Figo, Ronaldo et Paulo Sousa à soulever la grande coupe avec un club étranger. Neuf ans après son arrivée en Italie, il remporte son seul et unique Scudetto au terme d'une saison 2003-2004 où il dispute 27 matches de championnat.

Au bout du compte, la collaboration entre Rui Costa et le Milan s'avère fructueuse pour les deux parties, le joueur trouvant la reconnaissance au sein d'une équipe qu'il aide à retrouver les sommets après quelques années de disette. A 34 ans et après douze saisons passées en Italie et 350 matches de Serie A, le Portugais, unanimement salué par ses pairs ainsi que par tous les spécialistes et techniciens du pays, décide de revenir à Benfica, son club de coeur, où il mettra un terme à sa carrière en 2008. Très attaché au club lisboète, il y occupe aujourd'hui les fonctions de directeur sportif.

Champion du monde des moins de vingt ans au Portugal en 1991, Rui Costa fait partie de la fameuse génération dorée (Figo, Joao Pinto et compagnie) dont le pays attendait monts et merveilles et qui n'a jamais rien gagné. Incontestablement une des meilleures sélections mondiales des années 2000 grâce au trio Rui Costa-Figo-Ronaldo et l'apport des champions d'Europe avec Porto en 2004 (Deco, Carvalho, Maniche, Costinha), le Portugal a raté ses rendez-vous successifs avec l'histoire. En 2002, Rui Costa marque son seul but en Coupe du Monde contre la Pologne, mais son équipe se fait éliminer au premier tour après une désastreuse défaite face aux Etats-Unis. Deux ans plus tard, il connaît la plus cruelle désillusion de sa carrière lors de la finale de l'Euro perdue dans son stade de la Luz face à la Grèce. Auteur d'un tournoi brillant et buteur face à l'Angleterre en quart de finale, il reste prostré de longues minutes sur la pelouse du stade qu'il l'a révélé au monde.

Miné par cet échec, il ne portera jamais plus le maillot de l'équipe nationale (94 sélections, 26 buts). Contrairement à quelques joueurs de calibre équivalent, Rui Costa n'a collectionné ni les titres ni les distinctions personnelles et n'apparaît qu'une seule fois au classement du Ballon d'Or (24ème en 2000 à égalité avec Kahn et Desailly). Joueur aussi brillant que respectable, il n'a connu que trois clubs en dix-sept ans de carrière et a toujours fait preuve d'une implication exemplaire. Les grands se reconnaissent peut-être à ce qu'ils cherchent à faire gagner leur équipe plutôt que de chercher à rejoindre l'équipe qui les fera gagner.




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1 commentaire:

  1. Blog super ! Je suis tombé dessus via sofoot. Merci pour ces articles très sympas à lire. Je retombe dans mon enfance ^^

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