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vendredi 4 mars 2011

Angleterre-Cameroun 90: un match de lions

ang-cam-90.jpgEn ce mois de juin 1990, tout semble sourire au Cameroun, qui a commencé son tournoi mondial de la plus belle des façons en dominant l'Argentine grâce à un but d'Omam-Biyik en match d'ouverture avant que Milla ne signe à trente-huit ans un retentissant doublé contre la Roumanie d'Hagi. Après une défaite lourde mais sans conséquences face aux Russes, les Lions Indomptables ont éliminé la Colombie au tour précédent, bénéficiant d'une énorme boulette de René Higuita en prolongations. Entraînés par le Russe Valery Nepomniachi, le Cameroun, qui ne dispute là que sa deuxième Coupe du Monde, devient la première équipe africaine de l'histoire a atteindre les quarts de finale.


Emmenés par un Milla en état de grâce (4 buts) dont le plaisir de jouer fait plaisir à voir et portés par une incroyable dynamique, les partenaires de Nkono n'ont pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin. Au pays, l'attente est énorme à l'heure de défier une équipe d'Angleterre prévenue du danger qui s'est péniblement extraite de sa poule grâce à une victoire minimale contre l'Egypte après deux nuls contre l'Irlande et les Pays-Bas. En huitièmes, David Platt n'a offert la qualification aux siens qu'à une minute du terme de la prolongation face aux Belges. Poussifs, les sujets de Sa Gracieuse sont loin de nager en pleine confiance.

plattDans le onze camerounais, quatre joueurs évoluent dans l'Hexagone à des niveaux divers: le défenseur Massing, (Créteil), auteur d'un attentat invraisemblable sur Caniggia lors du match contre l'Argentine, les milieux Pagal (La Roche sur Yon) et Makanaky (Toulon) et l'attaquant Omam-Biyik (Laval). Mis à part le gardien Nkono, dernier rempart de l'Espanyol Barcelone, tous les autres titulaires jouent dans un des trois clubs de Yaoundé (Tonnerre, Canon, Prévoyance). Roger Milla, à nouveau remplaçant, est licencié à la Jeunesse sportive saint-pierroise, club de la Réunion. Contrairement à aujourd'hui, le Cameroun ne dispose dans le champ d'aucun cador exilé rompu aux exigences des grands championnats européens.

Côté anglais, les grands noms ne manquent évidemment pas et sur le papier, l'équipe aux trois lions possède l'étoffe d'un favori de la compétition, avec l'inusable Shilton dans les cages, le duo de poètes Pearce-Butcher derrière, les cannes des deux gazelles Walker et Parker sur les flancs, les dribbles de Waddle, le calme et la technique de Platt et Barnes à la baguette et le sens du but unique de Lineker, meilleur buteur de l'édition précédente. Match après match, son jeune coéquipier à Tottenham, un certain Paul Gascoigne, affirme son influence sur le jeu. Le capitaine Bryan Robson, blessé face aux Pays-Bas, prend place sur le banc, et se voit remplacé dans sa fonction par Butcher.

Après un début de match débridé marqué par une parade de Shilton devant Omam-Biyik, les Anglais trouvent l'ouverture à la 25ème sur un centre de Pearce repris de la tête par David Platt, mais à l'heure de jeu, Milla, entré en jeu, obtient un penalty que transforme Kunde. Quatre minutes plus tard, les Camerounais, euphoriques, prennent l'avantage par Ekeke, remarquablement servi par un Milla aussi inspiré que décisif. A sept minutes du terme, ils sont toujours devant et croient tenir l'exploit, mais sur une remise de Wright consécutive à un coup franc venu de la gauche, Lineker est fauché dans la surface et ne manque pas l'occasion de se faire justice lui-même.

Admirables, les Camerounais se créent encore une paire d'occasions à la fin du temps reglémentaire et en prolongations, mais leur naïveté défensive va leur coûter cher. Sur un ballon récupéré par l'Angleterre aux abords de sa propre surface, Gascoigne, guère attaqué, a tout loisir de lancer Lineker dans la profondeur entre les deux centraux adverses. Séché par Nkono sur son crochet, l'attaquant des Spurs obtient et transforme son deuxième penalty de la soirée. On joue la 105ème minute, et le rêve camerounais s'envole.  

Au terme de cette rencontre de toute beauté, qui fait souffler un vent de fraîcheur salutaire sur une compétition décevante, l'Angleterre accède au dernier carré pour la première fois depuis le sacre de Wembley en 1966. Ils s'inclineront aux tirs aux buts face à l'ennemi héréditaire allemand, défaite douloureuse qui inspirera à Gary Lineker sa désormais fameuse et très personnelle définition du football. Les hommes de Bobby Robson avaient tout pour aller au bout, et l'Angleterre n'a jamais retrouvé une équipe aussi compétitive que celle, à la fois rugueuse et talentueuse, que formaient les héros malheureux du Stadio delle Alpi.

La demie-finale turinoise marque la fin d'une époque, puisqu'après la retraite de nombreux tauliers, le onze du royaume ne parvient même pas à se qualifier pour la World Cup américaine. Rentrés au pays en héros, les Camerounais ont fait vibrer des millions de téléspectateurs conquis par leur enthousiasme et leur jeu dénué de calcul, ainsi que par l'incroyable come-back de Roger Milla, redevenu serial buteur à trente-huit ans, et qui marquera à nouveau quatre ans plus tard. Eliminés aux tirs aux buts par l'Uruguay en Afrique du Sud, les Ghanéens furent à deux doigts de surpasser leurs glorieux aînés et de devenir la première équipe du continent africain à jouer une demie-finale mondiale. Pas sûr, cependant, que cela ait suffi à remplacer la bande à Milla dans les coeurs.

1er juillet 1990, Stadio San Paolo, Naples: Angleterre 3 - Cameroun 2 a.p.
Buteurs: Platt (25), Kunde (61), Ekeke (65), Lineker (83, 105)
Angleterre: Shilton - Walker - Pearce - Butcher (Steven 73) - Parker - Wright - Platt - Barnes (Beardsley 45) - Gascoigne - Waddle - Lineker
Cameroun: Nkono - Ebwelle - Kunde - Massing - Tataw - Pagal - Libiih - Mfede (Ekeke 62) - Makanaky - Maboang (Milla 45) - Omam Biyik




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