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jeudi 29 septembre 2011

Frank de Boer, le cerveau

de boer2D'un gabarit plutôt modeste pour un joueur évoluant au poste qui était le sien, c'est avant tout pour sa grande intelligence tactique, sa qualité de lecture du jeu et son sens du placement que Frank de Boer a conquis sa place parmi les meilleures liberos de l'histoire. Le défenseur néerlandais, plus à l'aise techniquement que beaucoup de milieux de terrain, représentait l'assurance d'une relance impeccable et une précieuse garantie de sérénité, et possédait le profil du parfait taulier des lignes arrières. Jamais pris de court par les événements, il s'attachait à ressortir des ballons propres, replacer son monde, couper les trajectoires, anticiper les mouvements adverses.


De Boer fut tout au long de sa carrière internationale la rampe de lancement de la sélection, à l'instar de Koeman au Barça, fonction dans laquelle la précision de son jeu long faisait merveille. S'il était souvent associé en charnière centrale à un partenaire plus athlétique et taillé pour les duels, il s'acquittait fort bien de ses tâches défensives, assurant un énorme travail de couverture et d'intervention en deuxième rideau. Il faisait partie de ces joueurs empreints d'une aisance naturelle qui respirent la classe et semblent faits pour les grands rendez-vous. Le genre de défenseurs qui peuplent les rêves de tous les entraîneurs et sélectionneurs.

Né en 1970, Frank de Boer rejoint les rangs de l'Ajax en 1988, un an après son jumeau Ronald, et devient immédiatement un titulaire à part entière. Barré par l'intouchable Danny Blind dans l'axe, il évolue d'abord en position de latéral gauche dans une équipe composée essentiellement de produits maison comme Aaron Winter, Richard Witschge, Bryan Roy ou Dennis Bergkamp. Avec cette génération, l'Ajax remporte le titre national en 1990 et la Coupe UEFA 1992 contre le Torino de Scifo et Lentini. Etrangement, le club n'avait plus remporté le championnat depuis cinq ans et doit attendre l'arrivée des Seedorf, Davids, Litmanen et autres Kanu pour remettre la main sur un trophée confisqué par le PSV Eindhoven.

Avec l'avènement de sa génération dorée, l'Ajax écrase la concurrence domestique, gagnant trois titres consécutifs entre 1994 et 1996, et retrouve sa splendeur passée sur la scène européenne, arrachant la Champions League contre Milan en 1995 avant de s'incliner en finale l'année suivante devant la Juve aux tirs aux buts. De Boer assiste alors à l'exil massif de ses jeunes coéquipiers, qui n'empêche pas le club de finir en tête de l'Eredivisie en 1998 avec un effectif remanié.

En janvier 1999, De Boer fait à son tour ses valises pour Barcelone, où il rejoint une colonie néerlandaise déjà très fournie (Kluivert, Cocu, Reiziger entre autres) et retrouve son ancien entraîneur Louis Van Gaal. A peine arrivé dans son nouveau club, il s'offre une Liga qui restera son seul trophée avec les Blaugrana. De Boer fait jusqu'en 2003 partie des cadres d'une équipe catalane minée par les dissensions internes et qui subit la loi de Valence et du Real.

Contrairement à certains de ses anciens coéquipiers de la grande époque de l'Ajax (Seedorf, Davids, Overmars par exemple), il n'est pas parvenu à enrichir son palmarès en partant à l'étranger, et n'a disputé aucune autre finale européenne. Il reste associé à une période creuse pour le Barça, bornée par le succès en Coupe des Coupes en 1997 avec Ronaldo et les arrivées aux affaires de Ronaldinho et Eto'o. De Boer signe à Galatasaray après cette expérience mitigée, avant de porter pendant quelques mois le maillot des Rangers en compagnie de Ronald puis de finir sa carrière en club dans l'anonymat du championnat qatari.

Deuxième joueur le plus capé en équipe nationale avec ses 112 sélections, De Boer reste un monument de l'histoire de la sélection oranje, avec laquelle il n'a pourtant rien gagné. En 1998, au sommet de son art, il forme avec Jaap Stam une charnière centrale d'exception, qui n'a d'égale que la paire française Blanc-Desailly. Face au Brésil en demi-finale, il signe l'une des plus belles performances de sa carrière, mais les Pays-Bas s'inclinent aux tirs aux buts. Deux ans plus tard, c'est à nouveau aux tirs aux buts que l'équipe échoue en demie-finale de son Euro contre l'Italie. Héros malheureux, De Boer rate un penalty dans le temps réglementaire puis un autre dans la série qui doit désigner le vainqueur.

A trente ans, sa chance de remporter une compétition internationale est passée. Les Pays-Bas ne parviennent pas à se qualifier pour le Mondial 2002, et De Boer dispute son dernier match avec l'équipe nationale lors du quart de finale de l'Euro 2004 contre la Suède, au cours duquel il est contraint de sortir sur blessure. Une triste fin pour un si beau joueur, qui aurait mérité d'ajouter quelques titres supplémentaires à son tableau de chasse.



























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