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mardi 6 septembre 2011

Enzo Scifo, l'élan brisé

scifoL'histoire de Vincenzo Scifo est celle d'un rarissime talent en partie gâché par les blessures et les mauvais choix, et possiblement une éclosion trop précoce. Sans doute le meilleur joueur jamais produit par le football belge, il avait tout pour devenir le Platini des Diables Rouges: un bagage technique exceptionnel, le sens du jeu et du geste juste, le souci du collectif, des qualités naturelles de meneur d'hommes. Faute d'avoir rebondi au bon endroit au bon moment, la carrière en club de Scifo n'a jamais atteint les sommets auxquels elle semblait destinée, et le palmarès de ce surdoué promis au Ballon d'Or paraît bien maigre: quelques titres de champion de Belgique, un championnat de France, une coupe d'Italie, et basta.


Dans l'ensemble assez poissard et sans doute aussi fragile psychologiquement que physiquement, il a perdu les deux finales européennes auxquelles il a participé, et devait évoluer dans un climat familial et serein pour briller pleinement, ce qui explique en partie son passage raté à l'Inter. Il avait à coup sûr assez de ballon pouur jouer aux côtés des plus grands, mais peut-être pas la solidité mentale pour tenir la pression dans un contexte exigeant. Pendant que Laudrup flambait avec le Barça et que Van Basten enchantait les tifosi du Milan, Scifo se débattait dans un relatif anonymat sous le maillot du Torino.

Formé à la Louvière, Scifo rejoint les rangs d'Anderlecht à l'âge de dix-sept ans. Le club bruxellois vient de remporter la coupe UEFA et pense tenir avec lui le prodige qui lui permettra de viser encore plus haut. Dès sa première saison, Scifo démontre l'étendue de ses capacités, emmenant son club jusqu'à une nouvelle finale européenne perdue face à Tottenham et se voyant élu meilleur joueur belge de l'année. En 1987, après deux titres de champion national et une magnifique Coupe du Monde, il a l'Europe à ses pieds. Son choix se porte alors sur l'Inter, équipe encore quasi-exclusivement italienne (Bergomi, Fanna, Altobelli entre autres) entraînée par Trapattoni, guère réputé pour ses conceptions offensives.

scifo2Sa première expérience à l'étranger se solde par un échec cuisant: Scifo déçoit et l'Inter ne finit que cinquième de Serie A, à treize points du grand rival milaniste. Après une seule année avec les nerazzurri, le Belge tente de se relancer à Bordeaux, vice-champion de France en titre, où les choses ne se passent guère beaucoup mieux pour lui malgré des débuts brillants. Depuis qu'il s'est expatrié, Scifo a signé deux saisons très moyennes et, à vingt-trois ans seulement, sa carrière semble au point mort.

C'est alors que Guy Roux, grand relanceur de talents devant l'éternel, comme Laurent Blanc lui-même pourrait en témoigner, flaire le coup fameux à peu de frais, et réussit à convaincre le joueur de venir en Bourgogne. Scifo à Auxerre, toutes proportions gardées, c'est un peu comme si Sneijder signait au LOSC ou Özil à Sochaux. Sous le maillot de l'AJA, le grand Enzo revit et permet au club de se hisser sur le podium hexagonal et d'atteindre les quart de finale de l'UEFA. Auteur de quatorze réalisations en championnat (le meilleur total de sa carrière), il est récompensé du titre de meilleur étranger de Division 1.

A nouveau convoité par divers clubs éuropéens, Scifo, ainsi remis en confiance, ne résiste pas à la tentation de retenter sa chance en Italie et signe au Torino, avec lequel il termine troisième de Serie A et dispute la finale de l'UEFA contre l'Ajax en 1992. Il passe enuite quatre saisons en Principauté, où ses problèmes récurrents au genou l'empêchent de participer pleinement à la conquête du titre en 1997. Usé par les blessures, Scifo rentre au pays cette même année, remportant un dernier titre de champion à trente-trois ans avant de tirer sa révérence en 2001 sous les couleurs de Charleroi. 

Avec la sélection belge, Scifo a disputé quatre Coupes du Monde et cumulé 84 capes. En 1986, à vingt ans tout rond, il contribue au superbe parcours de l'équipe nationale, qui atteint les demi-finales, et gagne sa place dans l'équipe-type du tournoi ainsi que le trophée du meilleur jeune. Il marque un but face à l'Irak en poule et un autre lors d'un Belgique-URSS de légende en huitième de finale, au cours duquel son duel à distance avec Belanov atteint des sommets. A nouveau présent en 1990 et 1994 (éliminations en huitièmes face à l'Angleterre puis l'Allemagne), il termine une carrière internationale longue de quatorze années sur une fausse note, puisque la Belgique se fait sortir dès le premier tour en 1998.

Parfois décevant en club, Scifo fut jusqu'au bout le taulier de la sélection, aussi impeccable dans le jeu qu'irréprochable dans l'attitude. Avec les Gerets, Ceulemans et autres Van der Elst, il a permis à la Belgique d'exister au plus haut niveau mondial. Depuis qu'il a raccroché les crampons, le football national est retombé dans une certaine médiocrité. La sélection n'a pas disputé la moindre compétition majeure depuis 2002 et se cherche le leader technique capable de la tirer vers le haut. Eden Hazard sera-t-il celui-là? Pour l'heure, l'histoire n'en prend pas le chemin.




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