
Dans
l'ensemble assez poissard et sans doute aussi fragile psychologiquement
que physiquement, il a perdu les deux finales européennes auxquelles il
a participé, et devait évoluer dans un climat familial et serein pour
briller pleinement, ce qui explique en partie son passage raté à
l'Inter. Il avait à coup sûr assez de ballon pouur jouer aux côtés des
plus grands, mais peut-être pas la solidité mentale pour tenir la
pression dans un contexte exigeant. Pendant que Laudrup flambait avec le
Barça et que Van Basten enchantait les tifosi du Milan, Scifo se
débattait dans un relatif anonymat sous le maillot du Torino.
Formé
à la Louvière, Scifo rejoint les rangs d'Anderlecht à l'âge de dix-sept
ans. Le club bruxellois vient de remporter la coupe UEFA et pense tenir
avec lui le prodige qui lui permettra de viser encore plus haut. Dès sa
première saison, Scifo démontre l'étendue de ses capacités, emmenant
son club jusqu'à une nouvelle finale européenne perdue face à Tottenham
et se voyant élu meilleur joueur belge de l'année. En 1987, après deux
titres de champion national et une magnifique Coupe du Monde, il a
l'Europe à ses pieds. Son choix se porte alors sur l'Inter, équipe
encore quasi-exclusivement italienne (Bergomi, Fanna, Altobelli entre
autres) entraînée par Trapattoni, guère réputé pour ses conceptions
offensives.

C'est
alors que Guy Roux, grand relanceur de talents devant l'éternel, comme
Laurent Blanc lui-même pourrait en témoigner, flaire le coup fameux à
peu de frais, et réussit à convaincre le joueur de venir en Bourgogne.
Scifo à Auxerre, toutes proportions gardées, c'est un peu comme si
Sneijder signait au LOSC ou Özil à Sochaux. Sous le maillot de l'AJA, le
grand Enzo revit et permet au club de se hisser sur le podium hexagonal
et d'atteindre les quart de finale de l'UEFA. Auteur de quatorze
réalisations en championnat (le meilleur total de sa carrière), il est
récompensé du titre de meilleur étranger de Division 1.
Avec
la sélection belge, Scifo a disputé quatre Coupes du Monde et cumulé 84
capes. En 1986, à vingt ans tout rond, il contribue au superbe parcours
de l'équipe nationale, qui atteint les demi-finales, et gagne sa place
dans l'équipe-type du tournoi ainsi que le trophée du meilleur jeune. Il
marque un but face à l'Irak en poule et un autre lors d'un
Belgique-URSS de légende en huitième de finale, au cours duquel son duel
à distance avec Belanov atteint des sommets. A nouveau présent en 1990
et 1994 (éliminations en huitièmes face à l'Angleterre puis
l'Allemagne), il termine une carrière internationale longue de quatorze
années sur une fausse note, puisque la Belgique se fait sortir dès le
premier tour en 1998.
Parfois
décevant en club, Scifo fut jusqu'au bout le taulier de la sélection,
aussi impeccable dans le jeu qu'irréprochable dans l'attitude. Avec les
Gerets, Ceulemans et autres Van der Elst, il a permis à la Belgique
d'exister au plus haut niveau mondial. Depuis qu'il a raccroché les
crampons, le football national est retombé dans une certaine médiocrité.
La sélection n'a pas disputé la moindre compétition majeure depuis 2002
et se cherche le leader technique capable de la tirer vers le haut.
Eden Hazard sera-t-il celui-là? Pour l'heure, l'histoire n'en prend pas
le chemin.

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