post-labels {display: none}

dimanche 18 septembre 2011

Turquie 2008: les survivants

senturk2L'Euro 2008,organisé conjointement par la Suisse et l'Autriche, fut marqué par le premier titre international de l'Espagne, le football brillant proposé par une Russie joueuse et chatoyante, la faillite de la France et du tenant du titre grec, ou encore l'indigence des deux nations hôtes. Mais outre la raclée infligée aux Pays-Bas par Archavine et compagnie en quart de finale, la grande surprise de la compétition fut sans doute l'impronostiquable (n'ayons pas peur des néologismes, pour reprendre la devise de Luis Fernandez) parcours de la sélection turque, qui atteint contre toute attente le dernier carré, tout en mettant un point d'honneur à friser l'élimination à chaque tour.


Une histoire à l'italienne en somme, à ceci près que quand la Nazionale revient de nulle part lors d'un tournoi, elle rentre généralement à la maison avec le trophée. Si les Turcs ne poussèrent pas l'outrecuidance jusque-là, ils furent néanmoins tout proches d'accéder à la finale au bout d'un mini-feuilleton aux rebondissements improbables qui a dû causer un certain nombre d'accidents cardiaques sur les bords du Bosphore. Jusqu'à la dernière minute du dernier match, les coéquipiers de Rüstü semblèrent presque insubmersibles, portés par une dynamique de réussite et une bonne dose de baraka qui firent d'eux les surprenants épouvantails du tournoi.

nihatTout commence pourtant de la plus mauvaise des façons pour les hommes de Fatih Terim, en charge de l'équipe nationale depuis 2005. Pour leur premier match, ils s'inclinent 2-0 contre le Portugal (buts de Pepe et Meireles), score qui aurait pu s'alourdir si leurs vainqueurs du jour n'avaient pas frappé trois fois les montants. Dos au mur, les Turcs se voient quasiment obligés de remporter leurs deux autres matches de poule pour se qualifier. Face à la Suisse, ils se retrouvent pourtant menés d'un but à la mi-temps. Obligé de prendre des risques, Terim sort un de ses milieux pour faire entrer Semih Sentürk, l'attaquant du Fenerbahce, qui égalise de la tête dix minutes après le repos sur un coup franc de Nihat, avant qu'Arda Turan n'offre la victoire aux siens dans les arrêts de jeu sur une frappe contrée par Müller.

La Turquie reste en course mais doit encore battre les Tchèques pour voir le deuxième tour. Grâce à des buts signés Koller et Plasil, les coéquipiers d'Ujfalusi tiennent solidement leur billet pour les huitièmes à un quart d'heure de la fin quand Turan, encore lui, réduit le score. A la 87ème, Cech commet une rarissime faute de main sur un centre d'Altintop et offre l'égalisation à Nihat, qui crucifie à nouveau le portier tchèque d'une superbe frappe enroulée deux minutes plus tard. Après l'expulsion de Volkan, la Turquie finit le match avec Tunçay dans les cages mais arrache sa qualification au bout d'un scénario proprement hallucinant.

Miraculés, les Turcs doivent se coltiner en quart une équipe de Croatie emmenée par un excellent Modric et qui a terminé en tête de son groupe après avoir remporté ses trois matches. Après 119 minutes de jeu, aucun but n'a été marqué et on se dirige tout droit vers la séance de tirs aux buts. C'est alors qu'Ivan Klasnic, à la réception d'un centre venu de la droite, prend à contre-pied de la tête un Rüstü parti à l'aventure loin de son but sur l'action. On pense alors que les Turcs, assommés par ce coup de massue de dernière minute, ne se relèveront pas. Evidemment, on a tort.

A la 121ème minute, alors que tous ses coéquipiers sont montés, Rüstü tape un long coup franc dans la boîte. Battue de la tête, la charnière centrale croate laisse le ballon parvenir dans les pieds de Sentürk le bien nommé, qui fusille Pletikosa d'une puissante frappe du gauche. Comme dirait Salviac, les mouches ont changé d'âne, et ce sont désormais les Croates qui ont la tête dans le seau. Lors de la séance de tirs aux buts qui s'ensuit, Modric, Rakitic et Petric échouent pendant que leurs adversaires signent un sans-faute. Moralement inoxydable, la Turquie réussit l'invraisemblable: gagner un quart de finale de championnat d'Europe après avoir concédé l'ouverture du score à une minute de la fin du temps réglementaire des prolongations. 

Les survivants affrontent ensuite la Mannschaft lors d'une demie-finale qui déclenche les passions outre-Rhin, étant donné l'importance de la communauté turque en Allemagne. Celle-ci bascule dans l'hystérie lorsque Boral ouvre la marque à la 22ème minute, mais les Allemands répliquent quatre minutes plus tard par Schweinsteiger. Le public de Bâle n'est pas encore au bout de ses surprises. Bousculés, l'équipe de Löw prend l'avantage à la 79ème grâce à Klose, qui profite d'une mauvaise sortie de Rüstü. Sept minutes plus tard, Sabri s'offre un grand pont sur Lahm et centre à ras de terre pour l'inévitable Sentürk qui, pense-t-on, envoie les deux équipes en prolongations.

Mais cette fois, ce sont les Turcs qui se font surprendre dans les dernières secondes. En cause sur l'égalisation, Philip Lahm hérite d'un ballon dans la surface à la 90ème et crucifie Rüstü de près. La Turquie, dont l'incroyable épopée reste indissociable de cet Euro, ne jouera pas la finale. Six ans auparavant, l'équipe nationale avait déjà atteint le dernier carré du Mondial asiatique, mais tant la valeur de l'opposition que le déroulement des matches donnent à leur exploit de 2008 un relief supplémentaire.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire