L
orsque
Miroslav Klose a signé à la Lazio l'été dernier, beaucoup pensèrent que
le club romain se mettait le doigt dans l'oeil en recrutant un joueur
de 33 ans qui n'avait planté que quatre malheureux buts en Bundesliga
depuis deux ans. Même si l'attaquant germano-polonais était parvenu au
terme de son contrat avec le Bayern et ne fut donc l'objet d'aucune
indemnité de transfert, de nombreux observateurs accueillirent la
nouvelle de sa signature avec un mélange de scepticisme et de perplexité
et promirent au bonhomme un séjour prolongé sur le banc de touche.

C'était mal
connaître le buteur de la Mannschaft, dont le temps de jeu au Bayern
n'avait fait que diminuer depuis son arrivée en Bavière en 2007,
principalement à cause de l'émergence de l'insatiable Mario Gomez, pur
avant-centre comme lui. En quittant l'Allemagne pour la première fois de
sa carrière à un âge où la majorité des joueurs pensent à leur
retraite, Klose a voulu prouver qu'il pouvait encore relever un défi et
se montrer efficace au plus haut niveau si on daignait lui faire
confiance, et convaincre une bonne fois pour toutes Joachim Löw de
l'inclure dans sa liste pour l'Euro, lui le natif de Opole, en Pologne.
En trois mois, il a d'ores et déjà gagné son pari et fait taire toutes
les mauvaises langues qui tablaient sur un plantage spectaculaire.
Sa
réussite avec la Lazio témoigne de qualités intactes et d'une capacité
d'adaptation au-dessus de la moyenne, ainsi que d'une confiance
inébranlable en ses moyens. En dix journées de Serie A, Klose a déjà
trouvé le chemin des filets à six reprises, marquant un but superbe dès
ses premières minutes de jeu face au Milan AC et offrant aux biancocelesti
dans les arrêts de jeu leur premier succès dans le derby romain depuis
deux ans et demi. Il est pour beaucoup dans le bon début de saison du
club puisque ses six buts ont été inscrits face à six adversaires
différents (Milan, Cesena, Fiorentina, Roma, Catane, Cagliari), ce qui
démontre sa régularité et l'énorme influence qu'il exerce sur les
résultats de son équipe. Seuls le phénoménal Antonio Di Natale et
l'attaquant de l'Atalanta Bergame German Denis le devancent au
classement des buteurs, où il fait pour l'instant la nique à des
monstres comme Ibrahimovic ou Cavani. Sous le charme, les tifosi de la
Lazio le surnomment déjà "il Mito" (le Mythe), sobriquet qui convient
bien à un joueur qui continue match après match d'écrire sa légende et
de repousser les limites statistiques.
Rappelons
si besoin était que Klose est le deuxième meilleur buteur de l'histoire
de la Coupe du Monde derrière Ronaldo avec quatorze réalisations en
trois tournois mondiaux (cinq en 2002, cinq en 2006, quatre en 2010).
Avec 63 buts en 113 sélections, il n'est plus qu'à cinq longueurs du
record détenu par Gerd Müller, la référence ultime en matière de barons
des surfaces outre-Rhin, même si le Bomber a réussi l'exploit aberrant
de planter ses 68 pions en huit ans et 62 sélections seulement.
Dépasser
le buteur historique du Bayern et de la Mannschaft serait une
consécration personnelle pour Klose, attaquant sous-estimé et pourtant
incroyablement efficace et complet, doté d'un sens du but hors normes,
imprenable dans le domaine aérien, costaud et travailleur, remarquable
dans
son jeu en appui et ses déviations, intelligent et toujours bien placé.
Si le néo-Laziale est évidemment un immense buteur, c'est également un
joueur qui sait se rendre indispensable au sein d'un collectif, ne
rechigne jamais à la tâche et place toujours l'intérêt de l'équipe avant
ses statistiques personnelles. Klose est un type sain et discret dont
le rendement actuel fait plaisir à voir, à l'heure des arboreurs de
crètes et autres bouffeurs de ballons.

Tout
comme il a pu le faire avec Lukas Podolski, Löw a toujours accordé une
grande confiance à Klose, que son attaquant à toujours mis un point
d'honneur à lui rendre. En même temps, on voit mal comment le
sélectionneur allemand pourrait ne pas s'appuyer sur un type qui répond
présent à chaque grand rendez-vous et s'est toujours montré excellent
avec l'équipe nationale (entre 2009 et 2011, il n' a marqué que quatre
buts en Bundesliga mais la bagatelle de 17 en 21 rencontres avec la
Mannschaft).
Au
cours de la campagne de qualifications triomphale que vient d'achever
l'Allemagne, Klose a planté au moins une fois à chacune de ses
apparitions pour un total de neuf buts en six sélections. Titulaire lors
du récent match amical remporté face aux Pays-Bas, il a martyrisé la
défense batave, offrant le premier but à Müller (ironie patronymique de
l'histoire) avant de scorer de la tête et de donner un caviar à Özil au
terme d'un mouvement collectif d'école. A trentre-trois berges, le
monsieur est dans la forme de sa vie, et si Mario Gomez reste pour
l'instant le numéro un au poste, les adversaires de l'Allemagne feraient
bien de se méfier de Klose, l'homme des tournois prestigieux, lors du
prochain Euro. Car il en sera, c'est une quasi-certitude.
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