post-labels {display: none}

dimanche 18 décembre 2011

Jürgen Klinsmann, l'esprit voyageur

Autant le dire d'emblée, la présence de Jürgen Klinsmann dans l'équipe constituait l'une des rares raisons valables de se farcir les matches de la Mannschaft dans les années 90 (le premier qui mentionne le nom de Matthias Sammer gagne un an d'abonnement à Rouquin Magazine). Mis à part Matthaus et Hässler et, à limite, Möller (combien d'adolescents un brin dérangés ont accroché un poster d'Andreas la meulette au mur de leur chambre?), le futur sélectionneur évoluait aux côtés d'inconditionnels de Schiller et Heine tels que Köhler, Buchwald, Berthold, Reuter, Strunz ou encore l'inénarrable Effenberg.


En attaque, il se voyait régulièrement associé à Rudi Völler, inspirateur de la fameuse expression "renard des surfaces" qui connut par la suite son petit succès et accessoirement une des pires têtes de lard jamais vues sur un terrain de football, ou à Ulf Kirsten, buteur de poche qui fit le bonheur des esthètes pendant de longues années sous les couleurs du Bayer Leverkusen, ou encore au très introverti Karl-Heinz Riedle, danseur étoile à ses heures perdues. Au vu de cette liste édifiante et guère exhaustive (vous reprendez bien un peu de Thomas Helmer?), on mesure le chemin parcouru par le football allemand depuis une quinzaine d'années.

Buteur d'une efficacité exceptionnelle, Klinsmann ne disposait ni de qualités techniques au-dessus de la moyenne ni d'aptitudes physiques particulières, mais il brillait par son sens du placement, son intelligence, sa précision et son engagement total et de tous les instants. Avec ses cannes de serin, son allure quelque peu dégingandée et sa tignasse en bataille, il n'impressionnait guère a priori, mais c'était un véritable lâche-rien qui multipliait les courses, se battait comme un mort de faim sur tous les ballons et se jetait à corps perdu sur chaque centre, comme si sa vie en dépendait, ce qui lui a valu de marquer des pions dans toutes les positions possibles et imaginables. Redoutable joueur de tête et finisseur hors pair, Klinsmann constituait un rare mélange de combativité et d'élégance, de rage de vaincre et de classe.

klinsmann
Comme tous les grands buteurs, il avait fait des seize mètres son terrain de prédilection, et si la chique lui parvenait dans la zone de vérité, l'affaire était entendue. Il marquait très rarement de loin, la puissance de frappe ne faisant pas partie de ses attributs, mais n'en avait tout bonnement pas besoin, tant il faisait preuve d'adresse et d'opportunisme devant les cages. Toujours en mouvement et à l'affût, il proposait constamment des appels en profondeur ou des solutions de centres, rendant ainsi la vie facile aux pourvoyeurs chargés de l'alimenter.

Partout où il est passé, ce grand voyageur du ballon rond a connu une réussite remarquable. Révélé avec le VFB Stuttgart, sous le maillot duquel il plante près de 70 pions en quatre saisons de Bundesliga, il signe à l'Inter en 1989 et contribue au succès du club en coupe UEFA en 1991. Après trois saisons et quarante buts inscrits sous le maillot nerazzurri, Klinsmann rejoint les rangs de l'AS Monaco et termine deuxième meillleur buteur du championnat derrière Alen Boksic en 1993 avec vingt réalisations. Il prend ensuite la direction de Londres, où il signe une saison 1994-95 éblouissante avec les Spurs de Tottenham, inscrivant une nouvelle fois sa vingtaine de buts réglementaire et se voyant élu meilleur joueur de Premier League par les journalistes.

Il lui faut néanmoins attendre de revenir au pays et s'engager pour le Bayern Munich, avec qui il remporte sa deuxième Coupe UEFA et sa première Bundesliga en 1997, pour étoffer quelque peu son palmarès en club. A trentre-trois ans, il plante encore quinze buts lors de la saison du sacre. En 1997-98, il termine son périple en beauté en inscrivant neuf pions en quinze journées pour sauver de la relégation Tottenham, où il a resigné à l'hiver, et conquérir un statut véritablement inconique à White Hart Lane, au même titre qu'un Gascoigne ou qu'un Ginola. 

Troisième meilleur buteur de l'histoire de la Mannschaft derrière Müller et Klose avec 47 buts en 108 sélections entre 1987 et 1998, Jürgen Klinsmann a réussi l'exploit de marquer dans chacune des six compétitions internationales auxquelles il a participé, de l'Euro 1988 au Mondial 1998 (11 buts en 17 matches de Coupe du Monde, 5 buts en 12 rencontres de championnat d'Europe des nations). Il fut le premier joueur à inscrire au moins trois buts lors de trois Coupes du Monde consécutives. Avec l'équipe nationale, il est allé chercher le titre mondial en Italie en 1990 et le sacre européen en Angleterre six ans plus tard, et a également disputé la finale de l'Euro 92 perdue face aux phénomènes danois.

Véritable institution outre-Rhin, à l'instar de Beckenbauer ou Rumennigge, Klinsmann a pris les commandes de la sélection en 2004 et l'a conduit à la troisième place de la Coupe du Monde jouée à domicile, contribuant grandement au renouveau de la Mannschaft et préparant le terrain pour Joachim Löw, dont il est le plus grand fan. Une fois de plus, le pays pouvait dire merci à Jürgen Klinsmann, assurément l'un des personnages les plus marquants de sa longue histoire footballistique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire