En
attaque, il se voyait régulièrement associé à Rudi Völler, inspirateur
de la fameuse expression "renard des surfaces" qui connut par la suite
son petit succès et accessoirement une des pires têtes de lard jamais
vues sur un terrain de football, ou à Ulf Kirsten, buteur de poche qui
fit le bonheur des esthètes pendant de longues années sous les couleurs
du Bayer Leverkusen, ou encore au très introverti Karl-Heinz Riedle,
danseur étoile à ses heures perdues. Au vu de cette liste édifiante et
guère exhaustive (vous reprendez bien un peu de Thomas Helmer?), on
mesure le chemin parcouru par le football allemand depuis une quinzaine
d'années.
Buteur
d'une efficacité exceptionnelle, Klinsmann ne disposait ni de qualités
techniques au-dessus de la moyenne ni d'aptitudes physiques
particulières, mais il brillait par son sens du placement, son
intelligence, sa précision et son engagement total et de tous les
instants. Avec ses cannes de serin, son allure quelque peu dégingandée
et sa tignasse en bataille, il n'impressionnait guère a priori, mais
c'était un véritable lâche-rien qui
multipliait les courses, se battait comme un mort de faim sur tous les
ballons et se jetait à corps perdu sur chaque centre, comme si sa vie en
dépendait, ce qui lui a valu de marquer des pions dans toutes les
positions possibles et imaginables. Redoutable joueur de tête et
finisseur hors pair, Klinsmann constituait un rare mélange de
combativité et d'élégance, de rage de vaincre et de classe.
Comme
tous les grands buteurs, il avait fait des seize mètres son terrain de
prédilection, et si la chique lui parvenait dans la zone de vérité,
l'affaire était entendue. Il marquait très rarement de loin, la
puissance de frappe ne faisant pas partie de ses attributs, mais n'en
avait tout bonnement pas besoin, tant il faisait preuve d'adresse et
d'opportunisme devant les cages. Toujours en mouvement et à l'affût, il
proposait constamment des appels en profondeur ou des solutions de
centres, rendant ainsi la vie facile aux pourvoyeurs chargés de
l'alimenter.
Partout
où il est passé, ce grand voyageur du ballon rond a connu une réussite
remarquable. Révélé avec le VFB Stuttgart, sous le maillot duquel il
plante près de 70 pions en quatre saisons de Bundesliga, il signe à
l'Inter en 1989 et contribue au succès du club en coupe UEFA en 1991.
Après trois saisons et quarante buts inscrits sous le maillot
nerazzurri, Klinsmann rejoint les rangs de l'AS Monaco et termine
deuxième meillleur buteur du championnat derrière Alen Boksic en 1993
avec vingt réalisations. Il prend ensuite la direction de Londres, où il
signe une saison 1994-95 éblouissante avec les Spurs de Tottenham,
inscrivant une nouvelle fois sa vingtaine de buts réglementaire et se
voyant élu meilleur joueur de Premier League par les journalistes.
Troisième
meilleur buteur de l'histoire de la Mannschaft derrière Müller et Klose
avec 47 buts en 108 sélections entre 1987 et 1998, Jürgen Klinsmann a
réussi l'exploit de marquer dans chacune des six compétitions
internationales auxquelles il a participé, de l'Euro 1988 au Mondial
1998 (11 buts en 17 matches de Coupe du Monde, 5 buts en 12 rencontres
de championnat d'Europe des nations). Il fut le premier joueur à
inscrire au moins trois buts lors de trois Coupes du Monde consécutives.
Avec l'équipe nationale, il est allé chercher le titre mondial en
Italie en 1990 et le sacre européen en Angleterre six ans plus tard, et a
également disputé la finale de l'Euro 92 perdue face aux phénomènes
danois.
Véritable
institution outre-Rhin, à l'instar de Beckenbauer ou Rumennigge,
Klinsmann a pris les commandes de la sélection en 2004 et l'a conduit à
la troisième place de la Coupe du Monde jouée à domicile, contribuant
grandement au renouveau de la Mannschaft et préparant le terrain pour
Joachim Löw, dont il est le plus grand fan. Une fois de plus, le pays
pouvait dire merci à Jürgen Klinsmann, assurément l'un des personnages
les plus marquants de sa longue histoire footballistique.
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