
Le
temps passe et me remplit de toi. Pardon, le temps passe et les
célébrations de la fin décembre viennent annuellement le rappeler à nos
consciences engourdies par la routine et la lecture quotidienne de L'Equipe.
La fin de l'année charrie immanquablement son lot de rétrospectives et
de bilans, et LPC sacrifie une nouvelle fois à cette tradition
journalistique. Voici donc venue l'heure de la remise des prix et de la
distribution des bons et mauvais points par la présente gazette, moment
que tous les joueurs et entraîneurs redoutent et attendent avec une
grande impatience. Mourinho aurait même récemment déclaré: "Le jour où
La Pause Cigare me nomme entraîneur de l'année, j'offre un tutu à Pepe
et un toutou à Mémé". Sacré Moumou.

Sur
l'ensemble des deux matches, l'Inter prend une fameuse rouste contre
Schalke 04 en quart de finale de Champions League, mais à l'aller le
Serbe plante un pion tout simplement ahurissant, qui a tourné en boucle
sur Youtube. Sur un ballon dégagé de la tête par Neuer sorti hors de sa
surface, il pose une volée pleine d'équilibre de la ligne médiane qui
finit sa course dans le but allemand
(http://www.youtube.com/watch?v=KgkeRdUENS4). L'Inter ouvre le score de
la vingtième seconde de la plus belle des manières, mais s'incline
finalement lourdement.

En
finale du championnat du monde des clubs contre Santos, le Ballon d'Or
permanent réussit un contrôle hallucinant sur une aile de pigeon, reçoit
cinq sur cinq l'appel de Messi et enchaîne par une merveille de passe
du plat du pied dans la course du petit génie argentin
(http://www.youtube.com/watch?v=YEZzixiOJfg). Xavi a déjà posé son
empreinte sur le match. Il se chargera lui-même de marquer le deuxième
but, histoire de montrer qui c'est le patron.

A
trente-quatre balais, l'attaquant de l'Udinese évolue au niveau des
tout meilleurs buteurs européens. Il reste sur deux titres de capocanoniere
avec 29 puis 28 buts et a déjà inscrit dix pions en quinze matches
cette saison, permettant à son club de rester au sommet de la Serie A.
Prandelli vient d'annoncer qu'il allait le rappeler en sélection.
Mention spéciale à Giggs, buteur contre Schalke 04 en demi-finale de
Champions League à trente-sept ans, à Raul, qui vient de claquer un
triplé en Bundesliga, et à Klose, inarrêtable avec le Lazio.

Intenable
depuis le début de saison, le milieu-ailier allemand du Borussia
Mönchengladbach a déjà atteint la barre des dix buts en Bundesliga, son
total de la saison précédente. Ses énormes performances en club lui ont
valu de se voir sélectionné pour la première fois en équipe nationale en
octobre dernier, et il possède de réelles chances d'aller à l'Euro. A
vingt-deux ans, il martyrise déjà les défenses par sa puissance et son
sens du dribble, et sa marge de progression reste énorme: un potentiel
effrayant.

Après
avoir enchanté les amateurs de chansons à texte sur la pelouse du Stade
de France après la finale de Coupe de la Ligue, le Nigérian a cru bon
d'exporter ses talents d'ambianceur au Milan AC. Malheureusement, ni
Seedorf ni Allegri ne partagent son sens de l'humour comme pouvait le
faire Diawara. Privé de micro, Taiwo cire le banc des rossoneri et
déclare à qui veut l'entendre qu'il ne comprend pas pourquoi. Nous, si.

Quand
Eto'o, le meilleur avant-centre de la planète, s'en est allé
cachetonner à Makhachkala de façon éhontée, Robert le mousquetaire du
pauvre a déclaré qu'il aurait fait de même à la place du Camerounais.
Interrogé au sujet de la signature récente d'Anelka à Shanghaï pour un
pont d'or, l'ancien Gunner a déclaré que Dark Vador allait découvrir une
autre culture. C'est sûr qu'on imagine bien Anelka avec le Routard dans
la poche faire la tournée des temples bouddhistes. Et à Paname, Beckham
va passer sa vie au musée d'Orsay.

L'entraîneur
du Borussia Dortmund a réussi à conduire sa bande de gamins jusqu'au
titre de champion d'Allemagne, en restant fidèle à ses principes
offensifs et en fumant des ... clopes, pour être fort, comme papa.
Dommage qu'on ne s'intéresse pas suffisamment à la Bundesliga en France,
un championnat spectaculaire et de haut niveau, où les matches se
jouent devant des affluences énormes. Impossible de ne pas mentionner
Guardiola, multititré avec Barcelone, et Guidolin, qui réussit des
miracles avec l'Udinese, une formation toujours agréable à voir évoluer.

Nous
autres à LPC sommes très fans de Joachim Löw, technicien super classe
qui a fait de la Mannschaft une machine glamour à révéler des talents,
mais il faut admettre que le sélectionneur uruguayen a fait très fort en
offrant à la Celeste la Copa America, un an après sa demi-finale
sud-africaine. Avec deux victoires et un nul, l'Uruguay s'est déjà
installé en tête de la zone Amsud et devrait se qualifier sans problème
pour le prochain Mondial. Pour refaire aux Brésiliens le coup de 1950?
Nous en rêvons secrètement, même s'il faut que l'Argentine soit sacrée.
Joueur de l'année: un certain LM
Est-il vraiment nécessaire de s'étendre sur le sujet?

Le
défenseur portugais n'est pas seulement un intimidateur et un monstre
physique: c'est aussi et surtout un fou furieux capable de péter les
plombs à tout moment, de sortir un tacle de tueur ou de marcher sur un
adversaire au sol. Mourinho a voulu en faire son arme de destruction
massive lors des rencontres à répétition avec le Barça, mais la vitesse
et la virtuosité des attaquants blaugrana ont fini par écoeurer Pepe.
Avec quatre jaunes et un rouge en Liga, il est en avance sur ses temps
de passage de la saison dernière.

Dire
que l'Espagnol n'est plus que l'ombre de lui-même depuis son arrivée à
Chelsea relève du cliché, mais les clichés, comme le dit le vieux
misanthrope dans Whatever works de Woody Allen, s'avèrent
parfois le moyen le plus simple d'exprimer une vérité. Acheté pour près
de 60 millions d'euros, l'ancienne terreur des pelouses anglaises n'a
marqué en tout et pour tout que trois buts en Premier League avec les
Blues. Même s'il évolue dans un club éminemment antipathique, assister à
un tel naufrage personnel n'en demeure pas moins particulièrement
pénible.

Meilleur
buteur de Premier League l'an passé à égalité avec Tevez, le Bulgare
n'a pas obtenu de bon de sortie l'été dernier, et moisit sur le banc des
Red Devils. Pourtant, à chaque fois qu'il joue, il montre de jolies
choses et signe des buts de très belle facture la plupart du temps
(talonnade derrière la jambe d'appui à Fulham, enchaînement somptueux
contre Wigan). Incontestablement, un joueur de sa trempe mérite de jouer
plus ou de partir. L'élimination de MU en Champions League constitue
peut-être une bonne nouvelle pour lui, car il aura l'occasion de
s'illustrer en Ligue Europa, Ferguson risquant de tout miser sur le
championnat. On se demande juste ce qu'il doit faire pour être enfin
reconnu à sa juste valeur.

Ce
n'est pas que nous nous sentions absolument obligés de choisir parmi
les diverses confrontations entre les deux géants du football espagnol,
mais ce match a atteint des sommets en termes de technique et
d'intensité. Très proches l'une de l'autre, les deux formations n'ont
rien lâché et ont proposé un spectacle extraordinaire, marqués par des
gestes de classe à la pelle (la pichenette d'Iniesta devant Casillas, la
talonnade géniale de Piqué pour Messi, la réaction de pur buteur de
Benzema, la volée de Messi). Un vrai match, accroché, indécis, haletant,
d'un niveau ahurissant et d'une beauté rare. On en redemande.

On
se disait que cette fois, Aulas et l'OL ne verraient pas les huitièmes
de finale et que l'interminable série allait enfin s'interrompre. On
avait tort. Avec la complicité de neuf tétraplégiques croates et de
l'arbitre du match Ajax-Real qui a refusé deux pions valables aux
Néerlandais, Lyon a trouvé le moyen de passer là où il n'y avait plus de
place. Ne parlons pas d'exploit, ni de miracle, ni de tour de force.
Sans vouloir mettre en doute la probité des défenseurs adverses, c'était
opération portes ouvertes dans leur défense en deuxième mi-temps (pour
preuve, même Jimmy Briand a marqué). Il a fallu encore se taper le
sourire satisfait de JMA, qui paradait pendant que Frank de Boer devait
encore se demander comment son équipe avait pu ne pas se qualifier.

Le
problème de Xavi, qui reste l'un des deux meilleurs milieux du monde
avec Iniesta, c'est qu'il arbore une coupe porc-épic pas franchement du
plus bel effet. Le problème avec Iniesta, qui reste l'un des deux
meilleurs milieux du monde avec Xavi, c'est qu'il ressemble à un autiste
qui ne s'exprimerait que sur le rectangle vert. Andrea Pirlo, lui,
trottine la chevelure tombante sur les épaules, garde la tête haute et
le port altier, orchestre la manoeuvre, joue court, joue long, remonte
ses chaussettes pendant les temps morts. Hors du terrain, il aime à
porter la cravate ou flâner dans Turin au bras de son épouse. Depuis son
arrivée à la Juve, la Vieille Dame se porte comme un charme et, à lui
seul, il est parvenu à donner une touche de glamour à ce club si terne.
Andrea Pirlo, ou la définition du fuoriclasse.

Après
une saison 2010-2011 tonitruante (16 buts en championnat, 18 sur la
scène européenne, un titre de champion et une Ligue Europa), le
Colombien pouvait signer où il voulait, et les plus grands clubs lui
tendaient les bras. Son choix s'est porté sur l'Atletico Madrid, club
qui ne dispute pas la Champions League et qui, accessoirement, ne gagne
jamais rien (sauf la Ligue Europa en 2010, mais avec Forlan cela change
la donne). Résultat: Falcao claque à tours de bras comme prévu (9 buts
en 13 matches de Liga), mais son équipe, où évoluent tout de même des
joueurs comme Arda Turan, Diego, Filipe, Godin ou Tiago, reste scotchée
en milieu de tableau. Simeone vient de prendre la place de Manzano sur
le banc de touche. Falcao, lui, est d'ores et déjà annoncé au Real la
saison prochaine. Comme tant d'autres, serait-on tenté de dire.

Oui,
c'est facile. Oui, c'est faire de l'acharnement façon Pierre Ménès.
Oui, c'est tirer sur une ambulance, enfoncer une porte ouverte, ou
l'inverse, ce qui est plus difficile. N'empêche que cette année le
Guyanais a dépassé un certain Michel Platini au nombre de sélections (au
nombre de buts, Platoche possède encore une certaine marge) sans
montrer quoi que ce soit avec les Bleus: pas un dribble, pas l'ombre
d'une passe décisive ou d'une frappe dangereuse (une frappe cadrée?).
Poussé sur le banc à Chelsea, Malouda, qui n'a inscrit qu'un but en
Premier League, serait dans le viseur d'Ancelotti à Paris. Scénario
probable: il signe au PSG, réussit trois matches potables, et se
retrouve dans la liste de Lolo pour l'Euro. Il existe des joueurs qui
incarnent parfaitement le sentiment de l'inéluctable.

L'ancien
petit prince du Vélodrome aura réussi le tour de force d'agacer à peu
près tout le monde ces derniers mois, à commencer par Laurent Blanc,
mécontent à juste titre des prestations de Nasri en bleu et peut-être
encore plus de ses réactions puériles aux critiques. Chôyé par Wenger à
Arsenal, il a fait le choix du pognon en signant à City et se plaint
désormais de ne pas être assez souvent titulaire. Il s'attendait à quoi
au juste en rejoigant les Silva, Milner, Aguero? Mancini continue à
louer ses mérites dans la presse, mais les performances du Français ne
sont pas à la hauteur de son talent. Pour franchir un nouveau cap, Nasri
va devoir apprendre à la fermer, à bosser et à gagner en maturité sur
et en dehors du terrain.

Que
les choses soient bien claires, l'expression "bon coup" ne fait
référence qu'au domaine footballisitique, cet humble blog (pas facile à
dire, "humble blog") ne disposant pas d'informations relatives à
d'autres sphères. Arrivé pour une bouchée de pain en provenance de
Palerme dans les valises de Pastore, dont il était censé faciliter
l'intégration, Sirigu s'est rapidement imposé comme le
numéro un au poste de gardien et enchaîné les prestations solides. Ces
dernières semaines, il a multiplié les parades aberrantes et fait gagner
des points au PSG, qui lui doit en grande partie sa bonne première
moitié de saison et son titre de champion d'automne. Buffon, remarquable
cette saison, reste le titulaire indiscutable en sélection, mais il
s'est peut-être d'ores et déjà trouvé un successeur.

Le
2 février 2011, après une victoire de MU sur le terrain de West
Bromwich Albion, le légendaire Gary Neville annonçait qu'il se retirait
des terrains à presque trente-six ans, après 400 matches avec son club,
85 sélections en équipe d'Angleterre, huit titres de champion, trois FA
Cup et une Champions League: pas mal pour un type qui, disons-le tout
net, n'était pas une foudre de guerre et réussissait ses centres les
jours de grand vent. Aujourd'hui consultant pour la télévision, la
qualité et la pertinence de ses analyses sont reconnues par ses pairs, à
l'exception peut-être d'Alan Hansen ("And look at Gary Neville:
poooor"). Son frère cadet Phil, un an plus jeune, joue depuis 2005 sous
les couleurs d'Everton.
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