post-labels {display: none}

mardi 3 janvier 2012

Argentine-Colombie 93: les toqués du toque

valenciaCe 5 septembre 1993, les supporters de l'Albiceleste se sont pressés en masse à l'Estadio Monumental de Buenos Aires, lieu de la finale du funeste Mondial 1978, pour fêter la qualification des leurs pour la World Cup américaine de 1994. Dans l'esprit du peuple bleu ciel et blanc, il ne fait aucun doute que les hommes d'Alfio Basile vont prendre le meilleur sur leurs adversaires colombiens, qui les devancent d'un point au classement, et ainsi éviter de passer par la case barrages, étape qui constituerait une véritable humiliation pour le finaliste du Mondiale 1990. Pourtant, trois semaines auparavant, les Cafeteros se sont imposés deux buts à un contre l'Argentine à Barranquilla, et occupent la tête d'un groupe où figurent également le Paraguay et le Pérou, le Brésil, l'Uruguay et la Bolivie dominant l'autre poule.


A l'heure d'aborder ce match décisif, les Colombiens restent invaincus et croient dur comme fer à l'exploit face à une équipe qui fut incapable de battre le Paraguay à domicile à la fin août. Ils savent pertinemment qu'ils possèdent le profil parfait pour poser de sérieux problèmes à une Albiceleste peu inspirée qui éprouve les pires difficultés à marquer (sept buts marqués seulement en cinq rencontres) et peine à chasser le doute.

colombiaCôté argentin, Basile s'appuie sur une colonne vertébrale formée de Goycoechea dans les cages, Ruggeri en défense centrale, Redondo et Simeone dans l'entrejeu et Batistuta en pointe. Batigol, qui reste sur quinze pions en trente matches avec la Fiorentina, plante avec une régularité métronomique en sélection, et représente évidemment le principal danger pour la formation de Maturana, même s'il ne peut compter sur le soutien d'un véritable meneur de jeu. Avec un trio offensif composé des fous furieux Rincon, Valencia et Asprilla, toujours impeccablement servis par Valderrama, le roi de la passe juste, la force de frappe colombienne a de quoi faire peur.

L'équipe pratique un jeu à une ou deux touches basé sur la conservation du ballon baptisé toque, fait de passes courtes et fondé sur la patience et l'attente d'une ouverture dans le bloc adverse. Cette tactique permet d'exploiter au mieux les qualités techniques naturelles des joueurs colombiens, véritables caresseurs de cuir, ainsi que de donner à Valderrama, placé au coeur du système, les clefs de la boutique. En prime, depuis le début des éliminatoires, l'équipe s'est remarquablement comportée défensivement, n'encaissant en tout et pour tout que deux buts en cinq matches. Le meilleur moyen de défendre, c'est encore d'avoir le ballon.

Dans un silence de mort, Freddy Rincon, superbement lancé à pleine vitesse par l'homme à la touffe géante, ouvre le score juste avant la pause. Sonnée, l'Argentine concède trois autres buts entre la 45ème et la 65ème signés Faustino Asprilla, suite à un somptueux enchaînement technique, Rincon à nouveau sur un contre parfaitement mené, et Asprilla encore pour le doublé en solitaire. Les Cafeteros s'amusent et surclassent leurs hôtes, totalement dépassés et déboussolés, qui courent en vain après un ballon qu'ils ne voient jamais et des attaquants bien trop rapides pour eux.

Irrésistible, en état de grâce, la Colombie propose des phases de jeu tout bonnement hallucinantes de fluidité et inscrit même un cinquième but synonyme de correction en fin de match par Valencia, sur un service parfait d'Asprilla. Suite à cette prestation hors normes et ce résultat imprévisible, la bande de Maturana se qualifie directement pour la World Cup, tandis que l'Albiceleste, qui vient de se voir infliger une rouste historique, doit affronter la redoutable épreuve des barrages. Elle ne s'était jamais inclinée à domicile dans le cadre des éliminatoires, et ne l'a plus jamais été depuis ce match de dingues. 

L'Argentine se qualifiera elle aussi, mais la Coupe du Monde 1994 restera comme une immense déception pour les deux équipes. Arrivée avec un statut encombrant d'outisder, la Colombie se prendra les pieds dans le tapis et, battue par la Roumanie et les Etats-Unis, terminera dernière de son groupe. L'Argentine, frappée de plein fouet par le scandale Maradona, s'inclinera en huitièmes de finale au bout d'un match superbe face à une remarquable formation roumaine.

Cette incroyable victoire à Buenos Aires demeure sans doute la performance la plus aboutie de toute l'histoire de la sélection colombienne, qui malheureusement n'a participé à aucun des trois derniers tournois mondiaux et ne pointe actuellement qu'à la sixième place de la zone Amsud derrière le Venezuela, l'Equateur et le Chili. Même sur le continent sud-américain, les Cafeteros ne pèsent plus grand-chose, malgré l'émergence de joueurs comme Falcao, Guarin ou Zapata. Dommage, car quiconque a eu la chance de voir évoluer l'équipe du début des années 90 garde forcément un faible pour le football colombien.


5 septembre 1993, Estadio Monumental, Buenos Aires, Argentine: Argentine 0 - Colombie 5
Buts: Rincon (41, 62), Asprilla (49, 64), Valencia (84)
Argentine: Goycoechea - Saldana - Borelli - Ruggeri - Altamirano - Zapata - Redondo (Acosta 69) - Simeone - Rodriguez (Garcia 54) - Medina Bello - Batistuta
Colombie: Cordoba - Herrera - Perea - Mendoza - Perez - Alvarez - Gomez - Valderrama - Rincon - Asprilla - Valencia



IFrame

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire