
La présente gazette
footballistique rend hommage aux cinq joueurs qui ont réussi l'exploit
de franchir la barre des 200 buts en championnat de France, une
performance qui ne risque pas d'être rééditée de sitôt, le meilleur
buteur en activité n'étant autre que Péguy Luyindula avec 86
réalisations. Certes, on pourra toujours arguer que les cinq phénomènes
en question empilaient les pions à une époque où le jeu était moins
tactique et les espaces plus nombreux, notamment en ce qui concerne
Piantoni et Cisowski, qui évoluaient dans les années cinquante et
soixante, mais il n'empêche que la statistique ne laisse pas
d'impressionner l'imagination. Si plus de quatre-vingt joueurs ont passé
le cap des cent, seule cette poignée de goleadors est parvenue à
doubler la mise pour s'installer sans doute à jamais au sommet du
classement. Ce moment spécial pour l'ensemble de la rédaction du blog
constituait une occasion idéale de rendre hommage à ces légendes
hexagonales.
Delio Onnis (1971-1986, 449 matches, 299 buts)

Il
n'a manqué qu'un tout petit but à l'Italo-argentin pour atteindre le
total purement aberrant des 300 buts en Division 1, une cruelle blessure
l'empêchant d'ajouter une cruciale unité à son compteur. Arrivé de la
Plata en 1971, il claque quarante buts en soixante matches sous le
maillot du Stade de Reims avant de signer à l'AS Monaco, où il plante la
bagatelle 180 pions en sept saisons. Les chiffres associés à la
carrière de Delio Onnis donnent le vertige: il a inscrit vingt buts ou
plus onze fois dont neuf consécutives entre 1974 et 1982, terminé à cinq
reprises meilleur buteur du championnat (la dernière à l'âge de 36 ans
avec Toulon et 21 réalisations) et affiche un ratio but/match
exceptionnel de 0,66. Malheureusement, ce tueur des surfaces au physique
ordinaire qui jouait toujours avec les chaussettes baissées n'a en tout
et pour tout remporté qu'un titre de champion en 1978 et n'a jamais été
sélectionné avec l'Argentine ou l'Italie: un comble pour un joueur qui a
porté ses statistiques à des hauteurs inégalables.
Bernard Lacombe (1971-1987, 497 matches, 255 buts)

A
la tête d'un joli capital (pour reprendre un des termes favoris de son
président) de plus de 250 buts, l'actuel directeur sportif lyonnais sait
de quoi il cause quand il évoque les forces et faiblesses des
attaquants de Ligue 1. Formé et révélé à l'OL, c'est sous la tunique des
Girondins de Bordeaux que ce lâche-rien au tarin écrasé de boxeur se
forge un palmarès, glanant trois titres de champion entre 1984 et 1987
aux côtés de Tigana et Giresse. Hyper-régulier, travailleur, altruiste,
Lacombe ne fut jamais titré meilleur buteur à cause d'un certain Delio
Onnis. Avec l'équipe de France, il a participé aux Coupes du Monde 1978
et 1982 ainsi qu'à l'Euro 84, marquant un but au bout de quarante
secondes contre l'Angleterre en Argentine et provoquant le coup franc
victorieux de Platini face à Arconada au Parc des Princes. Il a inscrit
12 buts en 38 sélections entre 1973 et 1984. Exemple d'endurance et de
longévité, Bernard Lacombe occupe la vingtième place au classement des
rencontres disputées en Division 1 avec 497 apparitions en dix-sept
saisons.
Hervé Revelli (1965-1978, 389 matches, 216 buts)

A
jamais associé dans la mémoire collective, aux côtés de son frère
Patrick, à l'épopée européenne des Verts de 1975-76, Hervé Revelli a
passé la quasi-intégralité de sa carrière à Saint-Etienne, exception
faite de deux saisons à Nice entre 1971 et 1973. Il fut l'un des
symboles et des artisans de l'hégémonie exercée par le club pendant une
décennie, marquant au total 175 buts en onze saisons pour les Verts et
remportant pas moins de sept titres de champion (un record qu'il
co-détient avec Larqué, Coupet, Juninho et ... Govou) et cinq Coupes de
France entre 1967 et 1977. Son plus grand regret reste sans doute
d'avoir vu sa reprise de la tête heurter la barre de Maier en finale de
la C1 à Glasgow. Au sommet de son efficacité à une période où l'équipe
de France ne rivalisait guère avec les meilleurs, Revelli a tout de même
inscrit 15 buts en 30 sélections entre 1966 et 1975.
Thadée Cisowski (1947-1961, 286 matches, 206 buts)

D'origine
polonaise comme le grand Raymond Kopa (façon de parler), Thadée
Cisowski descendait tous les jours à la mine à l'adolescence avant de
percer dans le football. Après cinq saisons au FC Metz, la grande équipe
locale, il rejoint les rangs du Racing en 1952, club dont il fera le
bonheur jusqu'en 1960, malgré la domination outrancière de Reims. Sacré
trois fois meilleur buteur en 1956 (31 buts), 1957 (33 buts) et 1959 (30
buts), Cisowski reste à ce jour l'un des deux seuls auteurs d'un
quintuplé avec l'équipe de France (l'autre étant Eugène Maës en 1913),
réussi le 11 novembre 1956 face à la Belgique lors d'une victoire 6-3.
Sa carrière internationale se vit minée par des blessures à répétition
(11 buts en 13 sélections) et c'est sans avoir gagné le moindre titre
que ce buteur d'exception mit un terme à sa carrière sous le maillot de
Valenciennes en 1961, après quinze remarquables années dans l'élite.
Roger Piantoni (1950-1966, 394 matches, 203 buts)

Talent
incroyablement précoce, Roger Piantoni fut sacré meilleur buteur avec
Nancy au terme de sa première saison en première division avec 28
réalisations en 1951. Dix ans plus tard, il renouvelle l'exploit sous
les couleurs de Reims, atteignant exactement le même total. Arrivé dans
la Marne un an avant le départ de Kopa, ce gaucher surdoué devient le
leader offensif de l'équipe, portant le club vers trois titres de
champion en 1958, 1960 et 1962 et une finale de Coupe d'Europe perdue
contre le Real Madrid en 1959. Il fut bien évidemment de l'aventure
suédoise de 1958 qui mena les Bleus jusqu'à la troisième marche de la
Coupe du Monde. En 1959, il fut gravement blessé lors d'un match contre
la Bulgarie et dût subir de multiples opérations, ce qui ne l'empêcha
pas de continuer à briller. A coup sûr l'un des plus grands joueurs de
l'histoire du football français, Piantoni a marqué 18 buts en 37
sélections.
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