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mercredi 11 avril 2012

Pays Bas-Italie 2000: une histoire de pénos

toldo.jpegAvec la France, championne du monde en titre et mieux armée encore que deux ans auparavant, les Pays-Bas, co-organisateurs du tournoi, font figure de grands favoris de cet Euro 2000. Depuis le sacre européen de l'Ajax en 1995, un titre international semble promis à cette génération exceptionnelle, qui reste sur deux cruelles éliminations aux tirs aux buts en phase finale. En 1996, au bout de l'ennui, c'est un gamin nommé Seedorf qui échoue face à Lama en quart de finale de l'Euro anglais à Liverpool. Deux ans plus tard, au Vélodrome, au terme d'un match haletant, les Oranje, bien que collectivement supérieurs au Brésil, subissent la loi de Taffarel, qui enterre leurs rêves de finale.


Cette fois, rien ni personne ne doit pouvoir empêcher les Néerlandais de soulever leur premier trophée depuis 1988 et le triomphe du trio milanais Rijkaard-Gullit-Van Basten. Le pays, qui n'a que trop rarement eu l'occasion d'accueillir une compétition pour cause de manque de place et de stades de grande capacité (les Pays-Bas n'ont jamais reçu la Coupe du Monde), vit dans l'attente d'une célébration annoncée. Mais pour voir Rotterdam et gagner le droit d'affronter la France, il faut déjà battre l'Italie en demi-finale: pas franchement fait d'avance, mais la confiance règne dans le camp orange.

davids.jpegEn grande forme, les Pays-Bas ont terminé en tête de leur groupe avant de pulvériser la Yougoslavie en quart, en partie grâce à Kluivert et Overmars, auteur de cinq pions à eux deux. Remarquablement complète, l'équipe présente des garanties dans toutes les lignes, à la fois solide derrière, équilibrée au milieu et inspirée devant. Expérimentée, organisée, talentueuse, collectivement au point, techniquement irréprochable (la marque de fabrique nationale), elle possède toutes les armes pour aller au bout et semble avoir tiré les leçons de ses échecs récents. La profondeur de son banc, sur lequel prennent place Reiziger, Seedorf, Ronald de Boer, Van Hooijdonk, Numan, Winter et Makaay, constitue un atout non négligeable.

De son côté, la Squadra Azzurra a avancé à pas feutrés jusqu'à la demi-finale, et n'en est évidemment que plus dangereuse. Classiquement, elle n'est sortie de sa poule que grâce à un but tardif de Del Piero lors du dernier match face à la Suède et s'est ensuite défait assez facilement d'une équipe roumaine fort prenable. Fidèle à sa réputation, l'Italie aligne des barons en défense et a mis son destin entre les mains d'un Pinturicchio en mode fuoriclasse: du costaud et un génie, la recette habituelle. Zoff doit cependant faire sans Buffon, qui s'est blessé lors d'un match de préparation quelques jours avant le début du tournoi, et c'est Francesco Toldo qui garde les cages italiennes.

Devant le portier italien, trois défenseurs centraux (Cannavaro, Nesta et Iuliano) montent la garde, entourés de chaque côté par Zambrotta et Maldini. Les Néerlandais peinent à trouver la faille dans cette forteresse, qui se fissure quelque peu suite à l'expulsion de Zambrotta à la 35ème. Cinq minutes plus tard, Kluivert, retenu par Nesta aux onze mètres, obtient un penalty. Frank de Boer s'élance, mais Toldo se détend superbement sur sa gauche et sort sa frappe. L'Italie n'a tenté aucun tir au but en première mi-temps. A l'heure de jeu, Davids accélère sur la gauche de la surface et se fait sécher par Iuliano: deuxième penalty. Cette fois, c'est Kluivert qui s'y colle et qui voit sa tentative repoussée par le poteau. Les Italiens, ultra-dominés, commencent à croire en leur bonne étoile, et, évidemment, le doute s'installe dans les têtes des joueurs de Rijkaard.

Autour d'une charnière centrale extraordinaire qui contient tous les assauts adverses, la Squadra Azzurra tient bon en infériorité numérique jusqu'à la séance de tirs aux buts. Là encore, les nerfs néerlandais craquent: Frank de Boer, encore lui, et Stam échouent coup sur coup, tandis que Di Biagio, Pessotto et Totti, auteur d'une Panenka, mettent la chique au fond. Le grand Maldini ne marque pas, mais quand Bosvelt voit sa frappe repoussée par un Toldo en état de grâce, le ciel s'abat sur la tête du public de l'Amsterdam Arena. Les Pays-Bas ne gagneront pas leur Euro. 

Avant ce match au scénario aberrant, on avait oublié à quel point les Orange pouvaient s'avérer aussi brillants que fragiles mentalement, combinaison qui vaut à la sélection néerlandaise une image de loser romantique depuis la finale perdue de 1974. Ils ne pouvaient pas perdre cette rencontre, qui ressembla pour eux à un cauchemar éveillé. On sait ce qu'il advint en finale, où ce fut au tour de l'Italie de toucher le bonheur du doigt avant de s'incliner douloureusement. Sic transit gloria mundi. Cet Euro 2000 ne fut d'ailleurs pas avare en rebondissements et en rencontres du troisième type, du 3-3 entre la Yougoslavie et la Slovénie au final houleux de la demi-finale entre la France et le Portugal en passant par la qualification à l'arraché de l'Espagne après une victoire 4-3 contre la Yougoslavie ou la sortie de route prématurée de l'Angleterre face à la Roumanie.

Indépendamment de la victoire finale française, d'ailleurs amplement méritée, n'en déplaise aux piliers de comptoir lusophones, ce fut de bout en bout une compétition très relevée et d'une grande qualité globale, riche en émotions et en intensité. A grand tournoi, grand vainqueur: les Pays-Bas auraient peu être celui-là, mais leur nervosité, une forme de malédiction et la rage de vaincre italienne en décidèrent autrement. Ce n'est pas Trézéguet qui s'en plaindra.

29 juin 2000, Amsterdam Arena, Amsterdam: Pays Bas 0 - Italie 0 (1-3 t.a.b.)
Pays-Bas: Van der Sar - Cocu (Winter 97)- Stam - De Boer - Van Bronckhorst - Davids - Bosvelt - Zenden (Van Vossen 78)- Overmars - Bergkamp - Kluivert
Italie: Toldo - Zambrotta - Iuliano - Cannavaro - Nesta - Maldini - Di Biagio - Albertini (Pessotto 78)- Fiore (Totti 83)- Del Piero - Inzaghi (Delvecchio 65)


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