
Cette
fois, rien ni personne ne doit pouvoir empêcher les Néerlandais de
soulever leur premier trophée depuis 1988 et le triomphe du trio
milanais Rijkaard-Gullit-Van Basten. Le pays, qui n'a que trop rarement
eu l'occasion d'accueillir une compétition pour cause de manque de place
et de stades de grande capacité (les Pays-Bas n'ont jamais reçu la
Coupe du Monde), vit dans l'attente d'une célébration annoncée. Mais
pour voir Rotterdam et gagner le droit d'affronter la France, il faut
déjà battre l'Italie en demi-finale: pas franchement fait d'avance, mais
la confiance règne dans le camp orange.

De
son côté, la Squadra Azzurra a avancé à pas feutrés jusqu'à la
demi-finale, et n'en est évidemment que plus dangereuse. Classiquement,
elle n'est sortie de sa poule que grâce à un but tardif de Del Piero
lors du dernier match face à la Suède et s'est ensuite défait assez
facilement d'une équipe roumaine fort prenable. Fidèle à sa réputation,
l'Italie aligne des barons en défense et a mis son destin entre les
mains d'un Pinturicchio en mode fuoriclasse: du costaud et un
génie, la recette habituelle. Zoff doit cependant faire sans Buffon, qui
s'est blessé lors d'un match de préparation quelques jours avant le
début du tournoi, et c'est Francesco Toldo qui garde les cages
italiennes.
Devant
le portier italien, trois défenseurs centraux (Cannavaro, Nesta et
Iuliano) montent la garde, entourés de chaque côté par Zambrotta et
Maldini. Les Néerlandais peinent à trouver la faille dans cette
forteresse, qui se fissure quelque peu suite à l'expulsion de Zambrotta à
la 35ème. Cinq minutes plus tard, Kluivert, retenu par Nesta aux onze
mètres, obtient un penalty. Frank de Boer s'élance, mais Toldo se détend
superbement sur sa gauche et sort sa frappe. L'Italie n'a tenté aucun
tir au but en première mi-temps. A l'heure de jeu, Davids accélère sur
la gauche de la surface et se fait sécher par Iuliano: deuxième penalty.
Cette fois, c'est Kluivert qui s'y colle et qui voit sa tentative
repoussée par le poteau. Les Italiens, ultra-dominés, commencent à
croire en leur bonne étoile, et, évidemment, le doute s'installe dans
les têtes des joueurs de Rijkaard.
Avant
ce match au scénario aberrant, on avait oublié à quel point les Orange
pouvaient s'avérer aussi brillants que fragiles mentalement, combinaison
qui vaut à la sélection néerlandaise une image de loser romantique
depuis la finale perdue de 1974. Ils ne pouvaient pas perdre cette
rencontre, qui ressembla pour eux à un cauchemar éveillé. On sait ce
qu'il advint en finale, où ce fut au tour de l'Italie de toucher le
bonheur du doigt avant de s'incliner douloureusement. Sic transit gloria mundi.
Cet Euro 2000 ne fut d'ailleurs pas avare en rebondissements et en
rencontres du troisième type, du 3-3 entre la Yougoslavie et la Slovénie
au final houleux de la demi-finale entre la France et le Portugal en
passant par la qualification à l'arraché de l'Espagne après une victoire
4-3 contre la Yougoslavie ou la sortie de route prématurée de
l'Angleterre face à la Roumanie.
Indépendamment
de la victoire finale française, d'ailleurs amplement méritée, n'en
déplaise aux piliers de comptoir lusophones, ce fut de bout en bout une
compétition très relevée et d'une grande qualité globale, riche en
émotions et en intensité. A grand tournoi, grand vainqueur: les Pays-Bas
auraient peu être celui-là, mais leur nervosité, une forme de
malédiction et la rage de vaincre italienne en décidèrent autrement. Ce
n'est pas Trézéguet qui s'en plaindra.
29 juin 2000, Amsterdam Arena, Amsterdam: Pays Bas 0 - Italie 0 (1-3 t.a.b.)
Pays-Bas:
Van der Sar - Cocu (Winter 97)- Stam - De Boer - Van Bronckhorst -
Davids - Bosvelt - Zenden (Van Vossen 78)- Overmars - Bergkamp -
Kluivert
Italie: Toldo -
Zambrotta - Iuliano - Cannavaro - Nesta - Maldini - Di Biagio -
Albertini (Pessotto 78)- Fiore (Totti 83)- Del Piero - Inzaghi
(Delvecchio 65)
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