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jeudi 5 avril 2012

Hristo Stoichkov, comédien-buteur

stoichkov.jpgSans doute le plus grand joueur de l'histoire du football bulgare, Hristo Stoichkov reste également dans les mémoires pour ses écarts sur le terrain, ses coups de gueule, ses provocations, ses simulations et son attitude parfois odieuse. Mi-génie, mi-tête de lard, pour ne pas dire autre chose, il fut un personnage majeur et ô combien théâtral (le bonhomme possédait d'indéniables dons de comédien) des années 90, dans lesquelles il mit un peu de folie et d'excentricité. Seul Johan Cruyff sut s'accomoder du caractère bouillant de cette diva des pelouses capable de planter un pion décisif et de prendre un rouge dans la minute suivante.


A l'image d'un Cantona ou d'un Ibrahimovic, c'est précisément son comportement toujours à la limite du hors-jeu, ses déclarations tapageuses, son image de bagarreur de rue qui le rendaient populaire et attachant. A force d'en faire des caisses, il finissait par faire sourire et à susciter autant la sympathie que l'horripilation. La présence de Stoichkov représentait la promesse d'un spectacle, la possibilité d'assister à quelque chose de spécial, à un événement inattendu. Tout au long de sa carrière, le Bulgare à l'ego démesuré fut probablement persuadé d'être le meilleur footballeur du monde. A coup sûr, il fait partie des cadors offensifs de son époque, en compagnie des Baggio, Romario et autres Van Basten.

     Pourtant, si on le compare à ces trois phénomènes, il apparaît clairement que Stoichkov ne possédait pas les qualités naturelles ou techniques de ses concurrents réguliers pour le Ballon d'Or: il n'avait ni le toucher de balle soyeux de Baggio, ni la vitesse d'exécution de Romario, ni l'élégance princière de Van Basten. Les dieux ne se sont pas penchés sur le berceau du Bulgare, pour qui rien ne fut facile ni gagné d'avance et qui dut aller chercher la gloire au forceps. Pas spécialement rapide et plutôt bedonnant, il faisait en revanche preuve d'une efficacité redoutable, d'une roublardise de bandit de surface, et, contrairement à un Hagi, dilettante de génie, d'une combativité de tous les instants.

stoichkov3.jpgMauvais joueur comme pas deux, Stoichkov avait une sainte horreur de la défaite et se battait sur chaque ballon, allant parfois jusqu'à sortir des tacles aussi dangereux qu'incompétents. Il ne craignait pas le contact et la baston, prenant toujours un malin plaisir à harceler et exaspérer les défenseurs adverses. S'il ne dégageait pas une classe folle et aimait à jouer les mauvais garçons, il possédait un exceptionnel sens du but et sa patte gauche ne lui faisait jamais défaut à l'approche des cages. Il savait aussi faire marquer les autres et sa précision sur coup franc lui a valu de nettoyer quelques lucarnes. Stoichkov, c'est le gaucher dans toute sa splendeur, le diable qui sort de sa boîte, imprévisible, capricieux, inventif.

Après six saisons prolifiques sous le maillot du CSKA Sofia, il rejoint les rangs du FC Barcelone en 1990, à l'âge de vingt-quatre ans. Il y connaîtra les plus belles années de sa carrière, gagnant quatre championnats consécutifs entre 1991 et 1994 aux côtés des Laudrup, Koeman, Guardiola et Bakero. En 1993-94, il forme avec Romario un des duos les plus excitants et fantasques jamais vus sur un terrain (il a sans doute fallu faire élargir la porte du vestiaire du Camp Nou). Les deux compères enchantent les socios barcelonais, claquant 46 pions à eux deux en Liga (30 pour le Brésilien, 16 pour le Bulgare), mais se font malheureusement corriger par le Milan AC lors de la finale européenne d'Athènes.

Deux ans auparavant, Stoichkov avait fait partie de la première équipe blaugrana de l'histoire à remporter la coupe aux grandes oreilles aux dépens de la Sampdoria à Wembley, marquant des buts importants contre le Dinamo Kiev et Benfica. Il reste à ce jour le seul joueur bulgare à avoir remporté la C1, Kostadinov ayant gagné la Coupe UEFA avec le Bayern en 1996. En cinq saisons sous les couleurs catalanes, Stoichkov a marqué plus de cent pions et gagné sa place parmi les légendes du club. Après une expérience infructueuse à Parme, il revient en Catalogne en 1996, glanant encore au passage une Coupe d'Espagne et une Coupe des Vainqueurs de Coupes. 

Dans la mémoire collective, Stoichkov reste associé au superbe parcours de l'équipe bulgare lors de la World Cup 1994. Pour la première fois en six participations à l'épreuve, la sélection atteint le dernier carré, et seul le talent de Baggio empêche Stoichkov, co-meilleur réalisateur du tournoi et buteur en huitième et en quart de finale, de retrouver Romario en finale sur la pelouse de Pasadena. Malgré le one-man show de l'Italien, qui a porté à lui seul les espoirs de la Squadra Azzurra, le grand Hristo se voit décerner le Ballon d'Or 1994, devançant même assez largement Baggio au classement (210 points contre 136).

Sélectionné à 87 reprises entre 1987 et 1999 et auteur de 37 réalisations, il est le troisième meilleur buteur de l'équipe nationale derrière Dimitar Berbatov (48 buts en 77 sélections, bonjour le ratio) et un autre Hristo, Bonev, qui brilla pendant les années 70. Entre 2004 et 2007, Stoichkov occupa la fonction de sélectionneur de la Bulgarie et échoua à qualifier son pays pour la Coupe du Monde 2006 et l'Euro 2008. Après s'être brièvement assis sur les bancs du Celta Vigo, des Mamelodi Sundowns en Afrique du Sud et du Litex Lovech, il travaille aujourd'hui comme conseiller auprès du FC Rostov.

























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