On par

le
beaucoup depuis le début de la saison des prestations de Salvatore
Sirigu, l'excellent gardien italien du PSG, et de celles de Guillermo
Ochoa, l'international mexicain d'Ajaccio. La France ayant toujours
produit d'excellents portiers, les clubs ne ressentent pas
nécessairement le besoin d'aller voir ailleurs, comme ils peuvent le
faire pour les joueurs de champ. Depuis le début de l'ère
professionnelle, les cadors de l'hexagone ont presque exclusivement
aligné des derniers remparts du cru, de Joël Bats à Fabien Barthez en
passant par Bernard Lama, Jean-Luc Ettori ou Mickaël Landreau. Pourtant,
quelques gardiens étrangers ont marqué l'histoire du championnat et ont
réussi d'une manière ou d'une autre à laisser une trace, par leur
niveau de performance, leur régularité, leur excentricité parfois.Venus
d'Afrique, d'Amérique du Sud ou d'Europe de l'Est, ils sont parvenus à
faire leur trou dans un pays ou la densité et le niveau général au poste
n'ont pas d'équivalent sur le continent, exception faite peut-être de
l'Italie.
Joseph-Antoine Bell (Cameroun, 1985-1994)

Arrivé
dans le championnat de France à plus de trente ans, Bell a gardé les
cages de deux cadors de la fin des années 80, à savoir l'OM et les
Girondins de Bordeaux. Il a également défendu les buts de Toulon et
terminé sa carrière dans ceux de l'ASSE, ne se retirant qu'à la
quarantaine. A la fois efficace et spectaculaire, rigolard et très
professionnel, il a su s'attirer la sympathie des supporters des
différents clubs dans lesquels il a joué. Malheureusement pour lui, il
ne gagna jamais le championnat (deuxième avec Marseille en 1987 et
Bordeaux en 1990) et perdit deux finales de Coupe de France avec l'OM
contre...les Girondins de Bordeaux. Le Camerounais, qui compte plus de
300 matches de D1 à son actif et une cinquantaine de sélections (il fut
cependant toujours en concurrence avec l'inusable Nkono), a remporté
deux Coupes d'Afrique des Nations aux côtés de Milla et consorts en 1984
et 1988. Il fait partie des joueurs qui ont marqué le championnat des
années 80 et 90 et à coup sûr des meilleurs gardiens africains de
l'histoire en compagnie d'Ezzaki, Rufai ou Sassi.
José Luis Chilavert (Paraguay, 2000-2002)

Les
gardiens qui tirent les penalties et sont capables de nettoyer la
lucarne sur un coup franc des trente mètres ne courent pas les rues, en
Amérique du Sud comme ailleurs. Fameux fêlé du casque, fantasque parmi
les fantasques, gueulard invétéré, le légendaire Chilavert a planté plus
de soixante pions au cours de sa carrière. En 2000, le portier de
l'équipe nationale du Paraguay (74 sélections) quitte le club argentin
de Velez Sarsfield, où il évolue depuis près de dix ans, pour rejoindre
le RC Strasbourg, qui signe alors un gros coup médiatique. Le type n'est
pas rancunier, puisque c'est en France qu'il connut l'une des ses plus
grandes désillusions, lorsque Blanc le fusilla à bout portant dans les
prolongations du huitième de Coupe du Monde en 1998. En Alsace, il ne se
montre guère à son avantage et sa surcharge pondérale évidente suscite
nombre de commentaires. Il gagne la Coupe en 2001 contre Amiens, se
chargeant lui-même de tirer le dernier tir au but, mais ne peut empêcher
la descente du club cette même année. Après une saison en D2, il signe
pour Penarol mais sa carrière est alors derrière lui. Aux dernières
nouvelles, il envisagerait de se présenter à la présidence du Paraguay:
on n'en attendait pas moins de lui.
Ivan Curkovic (Yougloslavie, 1972-1981)

Gardien
de l'ASSE pendant près de dix ans et la période glorieuse du club,
Curkovic a collectionné les arrêts et les trophées avec Saint-Etienne
(quatre championnats et trois Coupes de France). Acheté au Partizan
Belgrade en 1972, il a disputé près de 400 matches sous le maillot vert
(le sien était souvent jaune en fait) et gagné sa place parmi les grands
gardiens du championnat hexagonal. Fait remarquable: il n'encaisse
aucun but lors de ses dix premiers matches en D1. Il participe
activement à l'épopée de 1976, préservant notamment sa cage inviolée
lors d'une demi-finale retour bouillante sur le terrain du PSV
Eindhoven. Il ne connut pas le même succès en sélection, où on lui
préféra souvent Pantelic, Maric ou Petrovic, et ne fut pas retenu pour
la Coupe du Monde 1974 et l'Euro 1976. Sans doute plus populaire en
France que dans son pays, il s'occupa de la préparation des gardiens
français en vue de la Coupe du Monde 1982. Il fut président du Partizan
Belgrade de 1989 à 2006 et du comité olympique serbe jusqu'en 2009
(poste auquel lui succéda un certain Vlade Divac). Il occupe aujourd'hui
les fonctions de vice-président de la fédération serbe.
Andreas Köpke (Allemagne, 1996-1998)

En
1996, Andreas Köpke, alors numéro un de la sélection devant Kahn, signe
un Euro de baron avec la Mannschaft, qui remporte le tournoi. Portier
de Nuremberg de 1986 à 1994 puis de Francfort de 1994 à 1996, il ne
reste pas insensible à l'intérêt que lui portent les dirigeants
marseillais et déboule sur la Canebière auréolé de ses titres de
champion d'Europe et de meilleur gardien du monde. Gardien solide et
puissant (allemand, en somme, vive les clichés), capable de réflexes
étonnants, il a pour particularité de se servir beaucoup des poings et
de ne pas chercher systématiquement à bloquer le ballon. Auteur de deux
excellentes saisons, il s'impose parmi les meilleurs spécialistes au
poste du championnat, ses performances et son aura rassurant
l'arrière-garde marseillaise. Fragilisé par ses performances moyennes
lors de la Coupe du Monde 1998, où l'Allemagne se fait humilier par la
Croatie en quart de finale, il doit faire face à la concurrence de
Stéphane Porato, dont Courbis fait rapidement son titulaire. Köpke
retourne alors à Nuremberg, son club de coeur, qui l'aide à retrouver
l'élite en 2001. Assurément l'un des tout meilleurs gardiens allemands
de tous les temps avec Maier, Illgner et Kahn, il entraîne aujourd'hui
les portiers de la Mannschaft.
Maxym Levytsky (Ukraine, 2000)

Lorsque
Saint-Etienne fait signer un gardien ukrainien en provenance du
Tchernomorets Novorossiysk (pour votre information, Novomachin est une
ville du sud de la Russie et un important port de commerce de la Mer
Noire, je sais pas moi, ouvrez un atlas, participez un peu, faites
quelque chose), on n'imagine pas encore dans quelle panade les
dirigeants du club sont en train de se fourrer. Quelques mois après, on
découvre que le bonhomme est porteur d'un faux passeport grec, ce qui
lui vaut d'être licencié sur le champ. Le scandale, qui concerne
également les Brésiliens Alex et Aloisio, fait la une des journaux et
cause un tort considérable à l'ASSE. Au total, Levytsky n'a joué qu'une
quinzaine de matches pour les Verts mais a fait bien plus parler de lui
qui bien d'autres gardiens, pour de mauvaises raisons évidemment. Après
son départ du Forez, il a repris le chemin de la Russie mais n'a réussi à
s'imposer ni au Spartak ni au Dinamo Moscou. A 39 ans, il est sous
contrat au Torpedo-ZIL et ne s'est sans doute jamais vraiment remis de
l'épisode stéphanois. Dommage, car Levytsky, sélectionné huit fois en
équipe nationale, possédait un réel talent.
Faryd Mondragon (Colombie, 2000-2001)

On
se demande encore comment le FC Metz a fait son compte pour attirer un
tel phénomène, même si Mandragon souhaitait sûrement avant toute chose
se faire repérer par des clubs plus huppés. Gardien au gabarit et aux
capacités physiques impressionnantes (d'où le nom), le Colombien se fait
connaître en Argentine sous les couleurs d'Argentinos Juniors et
Independiente. Après une première expérience à Saragosse, il tente à
nouveau sa chance en Europe et signe une saison époustouflante en
championnat de France. Ses prestations ne passent guère inaperçues, et
il accepte l'offre que lui fait le Galatasaray en 2001. Il passera six
saisons dans les cages du club stambouliote, remportant deux titres de
champion et croisant régulièrement le chemin d'attaquants de renom sur
la scène européenne. En 2007, il rejoint le FC Cologne puis découvre la
MLS avec Philadelphie en 2009. Nettement moins allumé que René Higuita
mais tout aussi spectaculaire, il fut un pilier de la sélection
colombienne, compilant 44 sélections entre 1993 et 2006.
Ilja Pantelic (Yougoslavie, 1971-1977)

Avant
Sirigu, le PSG avait rarement confié la défense de ses buts à un
portier étranger (nous n'évoquerons pas par décence le cas Edel). Les
gardiens qui ont fait les succès du club parisien se nomment Baratelli,
Bats et Lama (nous n'évoquerons pas par décence le cas Revault). C'est
pourtant avec le club de la capitale qu'Ilja Pantelic, dernier rempart
du SC Bastia de 1971 à 1974, disputa les trois dernières saisons de sa
carrière de 1974 à 1977. Le Yougoslave fut l'un des premiers éléments de
calibre international à porter les couleurs du tout jeune PSG, qu'il
entraîna même brièvement en 1977. Il fut sacré champion en 1971
avec...l'OM en ne jouant que deux rencontres et disputa la finale de
l'Euro 1968 perdue face à l'Italie de Facchetti et Riva (finale rejouée
d'ailleurs). Un joueur souvent oublié lorsqu'on évoque la courte
histoire du Paris Saint-Germain.
Flavio Roma (Italie, 2001-2009)

On
tend à oublier le rôle important que joua Flavio Roma, joueur aussi
discret qu'efficace, équipier modèle et gardien sobre, dans le brillant
parcours européen de l'ASM en 2003-2004. Arrivé de Piacenza à l'été
2001, il se rend rapidement indispensable et passe finalement huit
saisons en Principauté. Roma (qui est né à Rome) fut d'ailleurs
récompensé de ses performances en club par une première convocation avec
la Squadra Azzurra en 2005, à plus de trente ans. Quand on connaît le
niveau moyen des gardiens italiens, cela en dit long sur la qualité du
monsieur. Roma n'a jamais rien gagné avec Monaco et dut céder sa place
de titulaire à un certain Stéphane Ruffier début 2008. Sans s'offusquer
ni faire de scandale, il accepta la situation avec élégance et signa un
contrat d'un an au Milan AC en 2009, où il joua les doublures sans
broncher. Flavio Roma, une certaine idée de la classe.
Vedran Runje (Croatie, 2001-2004 puis 2007-2011)

Après
avoir défendu les cages d'Hajduk Split et du Standard de Liège, Runje
découvre le championnat de France dans celles de l'OM. Titulaire
indiscutable jusqu'au début de 2003, il s'accroche ensuite avec Alain
Perrin, qui fait le forcing pour faire signer Barthez, et retourne au
Standard. Après une année avec Besiktas, Runje retrouve la Ligue 1 sous
le maillot lensois. Il devient très vite l'un des favoris du public de
Bollaert, qui apprécie les compétences du joueur et les qualités de
l'homme, qui joue un rôle central dans le vestiaire et n'hésite jamais à
l'ouvrir en privé comme en public. Avec les Sang et Or, il connaît deux
fois le drame de la relégation. Au cours de sa dernière saison au club,
Runje se prend plusieurs fois le bec avec les supporters lensois,
notamment après une déroute à Lorient en décembre 2010. C'est sûr une
note très amère que Runje quitte le Nord un an avant le terme de son
contrat. Le Racing devra faire sans lui en Ligue 2. Appelé en sélection
croate à 22 reprises, son seul et unique titre reste la Coupe de
Turquie, qu'il a remportée en 2007.
Alexander Vencel (Slovaquie, 1994-2000)

Gardien
souple et aérien, aussi décisif sur sa ligne que rassurant dans ses
prises de balle, Vencel fut le dernier rempart du RC Strasbourg six
saisons durant. Transfuge du Slovan Bratislava, il brilla
particulièrement lors de la Coupe UEFA 1996-97, au cours de laquelle le
Racing sortit Liverpool et fut à deux doigts d'éliminer l'Inter. Très
constant et professionnel jusqu'au bout des gants, Vencel fut distingué
en 1999 par l'Etoile d'Or France Football, qui récompense le meilleur
gardien du championnat sur la base des notes attribuées après chaque
rencontre: une belle preuve de régularité dans la performance. En finale
de la Coupe 1995, il dut s'incliner comme beaucoup d'autres sur une
frappe de Le Guen made in Pencran qui offrit le trophée aux Parisiens.
Vencel, qui vit le jour à Bratislava en 1967, fut sélectionné deux fois
avec la République Tchèque et à 19 reprises avec la Slovaquie.
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