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samedi 13 octobre 2012

Jari Litmanen, le Finlandais volant

Vainqueur puis finaliste de la Champions League avec l'Ajax Amsterdam au milieu des années 90, Jari Litmanen aurait pu se voir décerner le Ballon d'Or, qu'il méritait largement autant que Weah ou Sammer. Au-dessus du lot techniquement, efficace dans les dix-huit mètres adverses et tourné vers le collectif (mentalité made in Ajax oblige), Litmanen n'était ni un véritable avant-centre ni un meneur de jeu, mais aimait évoluer entre le milieu et l'attaque et faire parler son flair et son sens du jeu. S'il marquait beaucoup, il savait faire bonne usage de la chique et ne tirait jamais la couverture à lui, ce qui l'a peut être desservi à l'heure des votes pour l'attribution des récompenses individuelles.


Avec son physique filiforme et son visage de premier de la classe, le Finlandais incarne une forme de classicisme, de simplicité et de football à l'ancienne, à l'opposé des stéréotypes attachés aux stars du ballon rond. Plus considéré par les spécialistes et les esthètes du jeu que par le grand public, Litmanen a notamment souffert de n'avoir jamais brillé ailleurs qu'à l'Ajax, en partie à cause de blessures récurrentes qui ont pourri sa fin de carrière. Talent isolé au sein d'une faiblarde sélection finlandaise, il n'a participé à aucun tournoi international, ce qui n'a guère contribué à sa reconnaissance.

A vingt-et-un ans, le jeune joueur de MyPa 47 tape dans l'oeil d'un recruteur de l'Ajax lors d'une finale de coupe de Finlande, au cours de laquelle il inscrit un but: c'est le début d'une riche histoire sous le maillot rouge et blanc qui va durer sept ans. Après une première saison difficile essentiellement passée au sein de la réserve, Litmanen profite du départ du prodige local  Dennis Bergkamp pour s'imposer dans l'équipe première et planter 26 buts en 30 matches de championnat, ce qui lui vaut d'être élu joueur de l'année aux Pays-Bas. En 1994-95, il participe pleinement à la campagne victorieuse en Champions League, marquant notamment un doublé contre le Bayern en demi-finale et accédant au podium lors de l'élection du Ballon d'Or (troisième derrière Weah et  Klinsmann).

Les défenses européennes ont alors appris à se méfier du numéro 10 de l'Ajax, ce qui n'empêche pas Litmanen de terminer meilleur réalisateur de la Champions League 1995-96 avec neuf réalisations en douze rencontres. Totalement sous le charme de la classe du bonhomme et de son toucher de balle soyeux, les supporters attribuent à l'enchanteur des pelouses le surnom évocateur de "Merlin". Meilleur buteur de l'histoire du club sur la scène européenne, le magicien venu du froid gagne sa place parmi les nombreuses légendes de l'Ajax à qui, en compagnie d'une génération exceptionnelle qui fera le bonheur des grosses écuries anglaises, espagnoles et italiennes, il a permis de retrouver les sommets.

En 1999, Litmanen signe à Barcelone, où il rejoint nombre de ses anciens partenaires de l'Ajax (Reiziger, les frangins De Boer, Kluivert, Bogarde) et Louis Van Gaal, l'entraîneur des années glorieuses. Embêté par des pépins physiques à répétition, il partage son temps entre l'infirmerie et le banc de touche et, suite au remplacement de Van Gaal par Sera Ferrer, accepte une proposition de Liverpool. Houiller porte le joueur en très haute estime, mais la poisse poursuit Litmanen, qui ne prend part à aucune des trois finales victorieuses des Reds en 2001 (League Cup, FA Cup et Coupe UEFA). A trente ans, sa chance de s'imposer comme un joueur majeur dans un grand championnat est passée, et le Finlandais, libre de tout contrat, décide de revenir à l'Ajax après trois années de galères et de frustrations.

Fragilisé par les blessures à répétition, il ne signera plus une seule saison pleine et deviendra une sorte de journeyman de luxe à qui des clubs font appel pour une opération maintien (Hansa Rostock) ou quand ils visent une qualification en Champions League (Malmö). A trente-sept berges, il signe un contrat avec Fulham, qu'il quittera sans avoir porté le maillot de l'équipe première.

D'autres auraient raccroché les crampons depuis longtemps et profité d'une retraite aussi dorée que précoce pour siffler des bières et aller à la pêche: pas Litmanen, toujours habité par l'amour du jeu malgré un corps meurtri et un palmarès plus que respectable. En 2011, à quarante piges sonnés, il ouvre le score pour le HJK Helsinki d'une superbe reprise de volée en finale de la coupe de Finlande. Dans la foulée, gêné par une lésion au ménisque, il accepte de passer sur le billard pour subir la première intervention au genou de sa carrière: pas question de jeter l'éponge et de laisser les années avoir le dernier mot.

Auteur de 32 buts en 137 sélections, il est devenu en novembre 2010 le plus vieux joueur à marquer dans une rencontre d'éliminatoires pour le championnat d'Europe en transformant un penalty face à Saint-Marin, pour ce qui reste à ce jour son dernier but international. Appelé pour la première fois en 1989, il occupe la vingt-troisième place au classement des joueurs les plus capés tous pays confondus, juste derrière des monstres sacrés tels que Matthaus, Cafu ou Thuram. Autant pour sa longévité et son comportement de gentleman des pelouses que sa virtuosité et son élégance, le monsieur mérite le plus profond respect.






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