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jeudi 18 octobre 2012

Roumanie-France 95: le premier pas

djorL'équipe de France d'Aimé Jacquet se trouve dans une situation comptable des plus inconfortables à l'heure de défier la bande à Hagi sur sa pelouse de Bucarest. Après avoir collectionné les matches nuls contre des adversaires a priori prenables (Slovaquie, Pologne, Israël), faute notamment à une inefficacité chronique, elle se trouve dans l'obligation de l'emporter en Roumanie pour préserver ses chances de qualification pour l'Euro anglais. Une pression maximale pèse sur les épaules des Bleus, très critiqués dans les médias et encore traumatisés par le cauchemar bulgare, et la tâche qui les attend s'annonce redoutable.


Invaincue à domicile et première du groupe, la Roumanie, demi-finaliste de la World Cup 94, baigne dans la confiance et compte bien enterrer les derniers espoirs français. Lors du match aller à Geoffroy-Guichard, elle avait fait mieux que résister et au final ramené un point précieux du chaudron stéphanois. Les Roumains savent pertinemment qu'ils ont un fameux coup à jouer face à une équipe de France rongée par le doute et qui n'a signé qu'une seule victoire à l'extérieur en match officiel depuis la nomination de Jacquet en...Azerbaïdjan. Sur bien des plans, ce match du 11 octobre 1995 sent le traquenard à plein nez pour les partenaires de Deschamps.

karem.jpgAfin de contrarier les techniciens adverses et d'empêcher  Gheorghe Hagi d'orienter le jeu à sa guise, Jacquet aligne trois milieux défensifs (Deschamps, Guérin et Karembeu), censés rentrer dans le lard des artistes et gagner la bataille du milieu. En l'absence de Laurent Blanc, c'est Frank Leboeuf qui officie en défense centrale aux côtés de Desailly, les flancs de la défense étant gardés par Di Meco, un des hommes de confiance du sélectionneur et capitaine du jour, et Angloma. Lama a dû déclarer forfait et laisser les cages à Barthez, qui honore sa deuxième sélection.  Youri Djorkaeff, qui a sauvé les Bleus d'une défaite au Parc contre la Pologne en août et suscite beaucoup d'attentes, est associé à Zidane d'entrée, Dugarry se voyant confié la pointe de l'attaque.

Deschamps et Angloma, qui comptent respectivement 43 et 27 sélections, font figure de vieux routiers dans une équipe où tous leur coéquipiers ont été appelés moins de vingt fois sous le maillot bleu. Côté roumain, c'est du grand classique: Popescu et Prodan en défense centrale, le trio Munteanu-Hagi-Lupescu à la baguette, Dumitrescu et Lacatus sur le front de l'attaque. Huit des onze joueurs qui composent l'équipe roumaine ont débuté  le huitième de finale contre l'Argentine à Pasadena.

Les Bleus attaquent la rencontre pied au plancher et font vaciller les certitudes roumaines dès les premières minutes. Le plan tactique mis en place par Jacquet fonctionne parfaitement, et c'est fort logiquement que ses hommes ouvrent le score à la demie-heure de jeu sur un centre de la gauche de Zidane coupé par un Karembeu en mode mort de faim. Dix minutes plus tard, la France double la mise sur un mouvement collectif d'école: jaillissement de Desailly qui décale impeccablement Guérin, dont le centre trouve Dugarry. La frappe du Bordelais est repoussée par Stelea dans le pieds de Djorkaeff, toujours là où il faut quand il le faut.

Nantis de deux buts d'avance à la pause, les Bleus semblent avoir fait le plus dur mais se font peur quand à la cinquantième minute Munteanu trouve Lacatus d'une merveille de passe en profondeur pour la réduction du score. Pendant vingt longues minutes, on tremble dans les chaumières fançaises, jusqu'à ce que Zidane, joliment trouvé par Madar (qui a remplacé Dugarry dix minutes auparavant), ne fusille Lacatus d'un missile du droit à l'entrée de la surface. Il s'agit du quatrième but de Zizou en huit sélections, et à coup sûr de plus important de tous. Assommée, la Roumanie ne trouve pas la force de réagir, et le score n'évoluera plus: mission accomplie pour l'équipe de France.

Au final, les deux équipes se qualifieront pour l'Euro 96, où elles se retrouveront d'ailleurs pour leur premier match de poule le 10 juin 1996 à Newcastle, la victoire revenant une nouvelle fois à la France grâce à un but de Dugarry. La victoire de Bucarest, obtenue de façon brillante dans un contexte difficile, est à juste titre considérée comme un moment fondateur: celui où, dos au mur, une génération talentueuse et prometteuse a pris conscience de ses possibilités et refusé l'échec. Si les Bleus avaient perdu ce jour-là, ils auraient raté le rendez-vous anglais (qui les a d'une certaine manière préparé à leur Coupe du Monde et leur a permis d'acquérir un certain nombre de certitudes, notamment sur le plan défensif) et Jacquet aurait sûrement pris la lourde.

C'est quand on connaît la fin de l'histoire qu'on mesure l'importance capitale de cette rencontre, au cours de laquelle les deux leaders techniques Djorkaeff et Zidane se montrèrent décisifs, faisant taire les doutes quant à leur capacité à tirer l'équipe vers le haut lors des matches à enjeu. Cruciale dans l'histoire récente de la sélection, le succès en terre roumaine a validé les choix de Jacquet et garanti une continuité dans la progression de son groupe, qui a abouti au résultat que l'on sait.


11 octobre 1995, Stade National, Bucarest: Roumanie - France 1-3
Buts: Karembeu (29), Djorkaeff (41), Zidane (73), Lacatus (52)
Roumanie: Stelea - Petrescu - Mihali (Lupu 46) - Popescu - Prodan - Selymes - Hagi (Panduru 63) - Lupescu - Munteanu - Lacatus - Dumitrescu (Vladoiu 46)
France: Barthez - Di Meco - Desailly - Leboeuf - Di Meco - Deschamps - Guérin - Karembeu - Zidane (Thuram 85)- Djorkaeff (Lizarazu 75) - Dugarry (Madar 63)










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