
Parce
qu'il a perdu beaucoup de finales (deux en Champions League notamment)
et fut le grand absent du rendez-vous face au Brésil en 2002, Ballack
traîne une image de poissard qui tend à occulter un palmarès bien fourni
(quatre titres de champion) mais où manquent il est vrai un sacre
européen et un titre international. Partout où il est passé, il a su
s'imposer comme un patron, même si des blessures récurrentes et des
soucis relationnels avec Mourinho lui ont pourri l'existence à Chelsea.
Il fut le taulier incontestable et incontesté de la Mannschaft pendant
une décennie, portant souvent l'équipe sur ses épaules et contribuant
grandement à la hisser jusqu'en finale en 2002 et 2008. Tout au long de
sa carrière, il dut se battre contre un corps qui le laissa rarement en
paix et obligea ce colosse des pelouses (1,90m, 80kg) à multiplier les
phases de rééducation et les tours de terrain en marge du groupe à
l'entraînement.
Ce n'est pas un hasard si nous avions placé le natif de Görlitz dans notre sélection des joueurs les plus polyvalents:
sur un terrain, Ballack savait absolument tout faire et possédait des
aptitudes supérieures à la moyenne dans bien des compartiments du jeu.
Puissant, solide, il brillait dans le domaine aérien, posait des mines
aberrantes des trente mètres en bon Teuton qui se respecte, mais pouvait
également surpredre son monde par sa subtilité technique et la qualité
de ses transmissions. Ballack appartient à cette catégorie des barons de
l'entrejeu (Scholes, Gerrard, Yaya Touré entre autres) qu'il est vain
de chercher à enfermer dans une fonction spécifique et qu'il s'avère
impossible d'associer à un poste particulier: il pouvait tout aussi
bien rendre des services à la récupération, fluidifier la circulation
dans un rôle de relayeur ou carrément prendre la direction des
opérations en se muant en véritable meneur de jeu.
Originaire de l'ancienne Allemagne de l'Est, Ballack fait ses débuts
sous le maillot de Chemnitz avant de rejoindre Kaiserslautern, avec qui
il décroche son premier titre de champion en 1998 à vingt-deux ans, aux
côtés d'un certain Youri Djorkaeff.
Transféré au Bayer Leverkusen, il devient sous le maillot rouge et noir
une des valeurs sûres de la Bundesliga, progressant saison après saison
aussi bien en termes d'influence sur le jeu que sur le plan statistique
(trois, sept puis dix-sept buts entre 1999 et 2002). Au terme d'une
saison 2001-2002 superbe mais au goût plus qu'amer (défaites en finale
de Champions League et de Coupe du Monde, titre national perdu dans les
dernières journées), Ballack signe au Bayern avec le statut du meilleur
joueur allemand du moment (le magazine Kicker lui a décerné trois fois ce titre en 2002, 2003 et 2005).
Avec
le club bavarois, Ballack franchit un nouveau palier et continue à
planter avec une régularité impressionnante (quarante-cinq buts en
Bundesliga en quatre saisons), permettant au Bayern de remporter trois
nouveaux titres. A Chelsea, qu'il rejoint à l'âge de trente ans, il
connaît plus de bas que de hauts mais ajoute
tout de même quelques lignes à son palmarès (Premier League 2010 et FA
Cup 2007, 2009 et 2010). Usé physiquement, il revient au Bayer en 2010
et donne ses dernières années au club qui l'a rendu célèbre, même si
l'histoire ne se termine pas idéalement.

En
2004, il est nommé dans l'équipe-type de l'Euro malgré l'élimination de
l'Allemagne au premier tour et, à l'issue du tournoi, Klinsmann, qui
lui confiera un rôle plus défensif en 2006, décide d'en faire son
capitaine. Pour sa dernière compétition internationale, l'Euro 2008,
Ballack alterne le bon et le moins bon, se montrant décisif face au
Portugal mais fantômatique en finale contre l'Espagne: pas son truc, les
finales, à Michael, de toute façon. Contraint de déclarer forfait pour
le Mondial sud-africain et n'entrant plus vraiment dans les plans de
Joachim Löw, il dit adieu à la sélection en 2011 sans avoir gagné le
moindre trophée. Il serait malgré tout injuste de garder de lui l'image
d'un loser, car pour perdre les finales, il faut déjà y accéder, et il
est certain que sans Ballack, l'Allemagne n'en aurait pas joué autant.

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