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samedi 15 décembre 2012

Michael Ballack, le titan teuton

micha.jpgOn a parfaitement le droit de ne pas aimer Michael Ballack (le joueur préféré de Jean-Charles Sabatier derrière Carsten Ramelow), de considérer qu'il n'incarne pas exactement le romantisme footballistique et n'appartient pas à la caste des artistes du ballon rond, mais il reste indéniable qu'il fait partie des tout meilleurs milieux de terrain que l'Allemagne ait jamais produits.


Parce qu'il a perdu beaucoup de finales (deux en Champions League notamment) et fut le grand absent du rendez-vous face au Brésil en 2002, Ballack traîne une image de poissard qui tend à occulter un palmarès bien fourni (quatre titres de champion) mais où manquent il est vrai un sacre européen et un titre international. Partout où il est passé, il a su s'imposer comme un patron, même si des blessures récurrentes et des soucis relationnels avec Mourinho lui ont pourri l'existence à Chelsea. Il fut le taulier incontestable et incontesté de la Mannschaft pendant une décennie, portant souvent l'équipe sur ses épaules et contribuant grandement à la hisser jusqu'en finale en 2002 et 2008. Tout au long de sa carrière, il dut se battre contre un corps qui le laissa rarement en paix et obligea ce colosse des pelouses (1,90m, 80kg) à multiplier les phases de rééducation et les tours de terrain en marge du groupe à l'entraînement.

Ce n'est pas un hasard si nous avions placé le natif de Görlitz dans notre sélection des joueurs les plus polyvalents: sur un terrain, Ballack savait absolument tout faire et possédait des aptitudes supérieures à la moyenne dans bien des compartiments du jeu. Puissant, solide, il brillait dans le domaine aérien, posait des mines aberrantes des trente mètres en bon Teuton qui se respecte, mais pouvait également surpredre son monde par sa subtilité technique et la qualité de ses transmissions. Ballack appartient à cette catégorie des barons de l'entrejeu (Scholes, Gerrard, Yaya Touré entre autres) qu'il est vain de chercher à enfermer dans une fonction spécifique et qu'il s'avère impossible d'associer à un poste particulier: il pouvait tout aussi bien rendre des services à la récupération, fluidifier la circulation dans un rôle de relayeur ou carrément prendre la direction des opérations en se muant en véritable meneur de jeu.

Il marquait en outre un nombre de buts considérable pour un milieu de terrain (175 au total en quinze ans au plus haut niveau) et se montrait redoutable devant les cages ou encore sur coup franc, où sa frappe de balle faisait merveille. Leader naturel, joueur charismatique et emblématique, Ballack rassurait par sa seule présence et inspirait la confiance à ses copéquipiers, qui n'avaient pas à chercher longtemps à qui confier la chique dans les moments chauds. A l'heure actuelle, la Mannschaft se cherche encore un taulier de cette envergure, même si Lahm ou Schweinsteiger ont souvent su prendre leurs responsabilités.

Originaire de l'ancienne Allemagne de l'Est, Ballack fait ses débuts sous le maillot de Chemnitz avant de rejoindre Kaiserslautern, avec qui il décroche son premier titre de champion en 1998 à vingt-deux ans, aux côtés d'un certain Youri Djorkaeff. Transféré au Bayer Leverkusen, il devient sous le maillot rouge et noir une des valeurs sûres de la Bundesliga, progressant saison après saison aussi bien en termes d'influence sur le jeu que sur le plan statistique (trois, sept puis dix-sept buts entre 1999 et 2002). Au terme d'une saison 2001-2002 superbe mais au goût plus qu'amer (défaites en finale de Champions League et de Coupe du Monde, titre national perdu dans les dernières journées), Ballack signe au Bayern avec le statut du meilleur joueur allemand du moment (le magazine Kicker lui a décerné trois fois ce titre en 2002, 2003 et 2005).

Avec le club bavarois, Ballack franchit un nouveau palier et continue à planter avec une régularité impressionnante (quarante-cinq buts en Bundesliga en quatre saisons), permettant au Bayern de remporter trois nouveaux titres. A Chelsea, qu'il rejoint à l'âge de trente ans, il connaît plus de bas que de hauts mais ajoute tout de même quelques lignes à son palmarès (Premier League 2010 et FA Cup 2007, 2009 et 2010). Usé physiquement, il revient au Bayer en 2010 et donne ses dernières années au club qui l'a rendu célèbre, même si l'histoire ne se termine pas idéalement.


Deux chiffres en disent plus long que tous les superlatifs et adjectifs sur l'empreinte qu'a laissée Michael Ballack dans l'histoire de la Mannschaft: 98 sélections, 42 buts. Il occupe la onzième place au classement des joueurs les plus capés et la huitième à celui des meilleurs buteurs de la sélection. Appelé pour la première fois en avril 1998, Ballack crève l'écran lors de la Coupe du Monde 2002, où il emmène une piètre équipe allemande jusqu'en finale avec l'aide de l'inévitable Klose. Suspendu pour la finale, il regarde impuissant les Brésiliens mettre la main sur la coupe.

En 2004, il est nommé dans l'équipe-type de l'Euro malgré l'élimination de l'Allemagne au premier tour et, à l'issue du tournoi, Klinsmann, qui lui confiera un rôle plus défensif en 2006, décide d'en faire son capitaine. Pour sa dernière compétition internationale, l'Euro 2008, Ballack alterne le bon et le moins bon, se montrant décisif face au Portugal mais fantômatique en finale contre l'Espagne: pas son truc, les finales, à Michael, de toute façon. Contraint de déclarer forfait pour le Mondial sud-africain et n'entrant plus vraiment dans les plans de Joachim Löw, il dit adieu à la sélection en 2011 sans avoir gagné le moindre trophée. Il serait malgré tout injuste de garder de lui l'image d'un loser, car pour perdre les finales, il faut déjà y accéder, et il est certain que sans Ballack, l'Allemagne n'en aurait pas joué autant.





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