
A
la fin de l'année, tous les journaux, magazines et blogs sont pris
d'une envie soudaine de faire des classements en tous genres,
d'attribuer des récompenses, de dresser des listes, en un mot de jeter
un coup d'oeil dans le rétroviseur comme pour tenter de contrôler et
ralentir le temps, de tenir encore entre ses doigts une autre année qui
s'échappe. Comme disait Pierre de Ronsard, grand supporter du Tours FC
devant l'éternel: "Le temps s'en va, le temps s'en va, madame; Las, le
temps non, mais nous nous en allons".
Pour
une fois, LPC ne tentera pas vainement de se démarquer de la
concurrence, de toute façon écrasée depuis un moment, et sacrifiera donc
au rituel de la distribution des prix. Notons au passage que nous
n'avons pas distingué Lionel Messi, auteur d'une saison d'extraterrestre
et dont les statistiques parlent d'elles-mêmes: 91 buts et 23 caviars
en 2012, près de 300 buts avec le Barça à 25 ans, 195 en Liga avec une
moyenne de 35 buts par saison sur les quatre derniers exercices, 61
pions et 22 passes en 81 matches de Champions League, 31 buts en 76
sélections. Jamais peut-être un joueur n'a aussi outrageusement dominé
le football et franchement, que le Ballon d'Or lui échappe en janvier
prochain serait un pur scandale, tant il reste largement au-dessus du
lot en termes de performance individuelle. Sachons apprécier à sa juste
valeur la chance que nous avons de pouvoir voir évoluer un tel phénomène
(enfin pour ceux qui ont BeIn Sport hein), qui repousse année après
année les limites du possible.
Prix Samuel Eto'o du joueur hallucinant pas sur le podium du Ballon d'Or: Radamel Falcao

Depuis
son arrivée à l'Atletico Madrid, l'attaquant a marqué plus de quarante
buts en Liga, un quintuplé contre La Corogne, quinze pions en Ligue
Europa (dont un doublé en finale contre l'Athletic Bilbao) et un triplé
en Supercoupe d'Europe face à Chelsea. Sa signature, combinée à la
nomination de Simeone au poste d'entraîneur, a métamorphosé le club,
deuxième du championnat devant le Real. Falcao ne peut pas suivre le
rythme ébouriffant de Messi au classement des buteurs, ce que personne
ne saurait lui reprocher, mais a davantage scoré que Ronaldo sur la
phase aller, pas un mince exploit par les temps qui courent.
Aujourd'hui, le Colombien, attaquant extraordinairement complet et
adroit, ressemble furieusement au meilleur avant-centre de la planète et
attire logiquement toutes les convoitises. Question à dix mille balles:
résistera-t-il aux sirènes du Real, de Chelsea, qui bavent sur lui
depuis un moment, voire du PSG, qui lorgne sur tout ce qui bouge et
plante des pions et peut s'aligner sur n'importe qui, pour disputer la
Champions League avec l'Atletico la saison prochaine? Il est permis d'en
douter, tant le joueur mérite de porter le maillot d'une équipe capable
de mettre la main sur la coupe aux grandes oreilles, mais Falcao avait
déjà surpris tout son monde en optant pour l'Atletico après ses années
au Porto. Beaucoup avaient alors dit qu'il ne passait pas vraiment à la
catégorie au-dessus, et si les faits ne leur donnent pas forcément
raison, il est certain que Falcao portera tôt ou tard les couleurs d'un
club plus prestigieux.
Prix Ghostbusters du revenant de l'année: Steed Malbranque

On
pensait qu'il avait définitivement mis un terme à sa carrière suite à
l'épisode fumeux avec l'ASSE, mais à trente-deux piges et après un an
loin des pelouses, Malbranque a rechaussé les crampons pour s'imposer en
quelques semaines comme le taulier du milieu de terrain lyonnais.
Toujours juste et précis, combatif, heureux de jouer comme un gosse dans
la cour de récréation, l'ancien pensionnaire de Fulham, Tottenham et
Sunderland a illuminé la première moitié de saison du club rhodanien et
grandement contribué à son joli parcours. Avec Grenier et Gourcuff,
intelligents dans le jeu tout comme lui, l'OL dispose d'un joli trio de
tripoteurs de chique dans l'entrejeu. Il s'agit d'un juste retour des
choses pour l'un des meilleurs milieux de terrain de sa génération,
jamais vraiment reconnu à sa juste valeur et pour qui la porte de
l'équipe de France est toujours restée fermée à double tour. Reste à
savoir si Malbranque tiendra la distance physiquement sur l'ensemble de
la saison ou s'il paiera à un moment ou un autre sa longue période
d'inactivité. Quoi qu'il arrive, il a déjà été un énorme bonus pour
l'OL.
Prix Bertrand Renard du plus mauvais calcul: Cristiano Ronaldo

Lors
du troisième match de poule face à d'affilgeants Néerlandais, Cristiano
Ronaldo claque un doublé, avant de qualifier les siens d'une jolie tête
à dix minutes du terme contre la République Tchèque. On se dit alors
que, deux ans après une Coupe du Monde ratée, la star portugaise prend
enfin ses responsabilités avec la sélection et se montre capable de
porter l'équipe nationale sur ses épaules. C'est mal connaître l'ego
surdimensionné du bonhomme et ses réflexes d'enfant gâté. Au lieu de
mettre les siens en confiance en tirant le premier ou le deuxième tir au
but lors de la série contre l'Espagne en demi-finale, Ronaldo, avec
l'assentiment de son sélectionneur, également coupable sur le coup,
choisit de frapper le cinquième: celui, pense-t-il, qui va qualifier le
Portugal face à l'ennemi intime ibérique et faire de lui un héros
national. Manque de pot, Moutinho échoue d'entrée, avant que Bruno
Alves, quatrième tireur, n'envoie involontairement la Roja vers une
troisième finale consécutive. Cristiano Ronaldo est éliminé sans même
avoir eu l'occasion de poser le ballon sur le point de penalty: comment
devenir la cible de toutes les critiques en voulant faire les gros
titres à tout prix.
Prix Edgar Davids du milieu de terrain à quatre poumons: Blaise Matuidi

Au
départ, Matuidi figurait plutôt en bas de la hiérarchie des milieux de
terrain du PSG, derrière Thiago Motta, Sissoko ou Bodmer. A un moment,
le club a même envisagé de laisser partir un joueur qui a éprouvé des
difficultés à digérer son transfert et prendre ses marques. Et puis, peu
à peu, Matuidi a progressé et emmagasiné de la confiance, prenant de
plus en plus d'ampleur et d'importance dans le système parisien, au
point d'être aujourd'hui un titulaire indiscutable dans l'entrejeu.
Ahurissant d'endurance et en termes de volume de jeu, il récupère un
nombre impressionnant de ballons dans les pieds adverses, harcèle sans
relâche le porteur de balle, montre l'exemple dans l'agressivité et le
pressing. En prime, il commence à prendre plus de responsabilités et de
risques sur le plan offensif, comme le démontre son but importantissime
face à Lyon, sur lequel il effectue une course de cinquante mètres pour
se trouver à la réception du centre d'Ibrahimovic. Perfectionniste et
modeste, il se dit encore trop imprécis dans son jeu de passes et son
utilisation du ballon. S'il parvient à se montrer moins brouillon et à
garder le même niveau d'activité, il devrait rapidement devenir un
élément incontournable en équipe de France.
Prix Werder Brême de l'équipe qui faisait trop plaisir et est rapidement partie en vrille: Athletic Bilbao

La
saison dernière, l'Athletic Bilbao faisait rêver l'Europe et se hissait
jusqu'en finale de la Ligue Europa en pratiquant un football à la fois
inspiré, collectif et plein de grinta et en éliminant au passage le PSG
et Manchester United. Depuis la finale perdue contre l'Atletico, les
choses se sont sérieusement déteriorées: Javi Martinez a quitté Bilbao
pour Munich pour une somme ahurissante et Llorente devrait également
faire ses valises cet hiver ou l'été prochain. Les deux joueurs, qui ont
sué sang et eau pour l'Athletic et dont la mentalité paraît au-dessus
de tout soupçon, ont dû affronter la colère des supporters, furieux de
les voir partir et qui les ont traité de mercenaires. Aujourd'hui, le
premier fait les beaux jours du Bayern pendant que le second ne met plus
un pied devant l'autre et tâte souvent du banc. Pire: une majorité des
joueurs qui forment l'effectif actuel ne peut plus voir en peinture
Marcelo Bielsa, qui a obtenu d'excellents résultats mais que son équipe
juge trop autoritaire et rigide, voire un poil cinglé (ce n'est pas pour
rien qu'on le surnomme "El Loco"). L'Athletic est redevenue une équipe
ordinaire qui ne fait plus peur à grand-monde en Liga et s'apprête
peut-être à perdre de nombreux éléments de valeur: Llorente, mais aussi
Amorebieta, Susaeta, Iturraspe ou encore la pépite Muniain. Si le club
devait endurer un "talent drain", on pourrait considérer qu'il s'agirait
d'un beau gâchis.
Prix Raymond Domenech de l'optimisme béat: Arsène Wenger

Année
après année, le père Arsène nous répète que cette fois juré craché
c'est la bonne, que son équipe est armée pour rivaliser avec les
meilleurs en Premier League et lutter pour le titre. Année après année,
sa défense prend l'eau, collectionne les buts casquette et les défaites
évitables, son équipe se ridiculise face à des adversaires médiocres et
désespère ses supporters. Malgré le décalage évident entre ses
déclarations et les prestations des Gunners, Wenger persiste à dire que
son Arsenal progresse et continue son apprentissage. Il se refuse
obstinément à admettre ses torts et ses fausses notes dans le
recrutement, ainsi qu'à remettre en cause une stratégie qui n'a débouché
sur aucun titre depuis sept ans. On a pu lire çà et là que Wenger
disposerait peut-être d'une jolie enveloppe pour le mercato hivernal,
auquel cas il serait inspiré de dépenser à bon escient. Faute de quoi,
Arsenal se fera encore sortir de la Champions League en huitièmes (bonne
chance à la défense en carton des Londoniens face à Ribéry, Gomez,
Müller, Pizarro et Robben) et décrochera encore à l'arraché son billet
pour la prochaine édition.
Prix Samir Nasri du type qui se prend pour un autre: Charles Kaboré

En
début de saison, Charles Kaboré s'est fendu d'une mémorable interview
dans un certain quotidien sportif français, dans laquelle il déclarait
en toute simplicité ambitionner de s'imposer comme le meilleur du monde à
son poste. Pas de Ligue 1 hein, du monde. Le moins que l'on puisse
dire, c'est que le lascar a une haute idée de lui-même, qui ne
correspond pas exactement à la réalité. Dans les faits, le Burkinabé
s'avère incapable de faire une passe correcte à plus de cinq mètres ou
d'adresser une frappe qui termine à moins de quinze mètres des cages.
D'une intelligence tactique et situationnelle plutôt limitée, Kaboré
peut dégainer un tacle de cow-boy en pleine surface cinq minutes après
avoir pris un jaune et dégoupiller à tout moment. Il concentre sur lui
la colère des supporters marseillais, qui reprochent aux dirigeants leur
manque d'ambition et ne supportent plus la médiocrité technique de
l'équipe. C'est sûr que pousser Lucho vers la sortie pour faire de la
place à Kaboré, ça en dit long sur le genre de football que l'OM
souhaite développer.
Prix Carlos Valderrama du type qui n'a pas besoin de courir: Andrea Pirlo

On
a beaucoup causé d'Andrea Pirlo cette saison mais primo il y a eu de
quoi deuzio on ne s'en lasse pas et tertio on fait ce qu'on veut d'abord
et si vous êtes pas contents Planète Foot est disponible en kiosque. En
trottinant, le playmaker de la Juve a rendu le sourire à tous les
esthètes du jeu qui se désolaient du sacre d'un horrible de Chelsea en
Champions League. Même si Iniesta fut magnifique et, détail non
négligeable, a remporté un nouveau trophée avec la Roja, le dernier Euro
fut aussi celui d'Andrea. Quasi-inégalable dans le jeu long, impérial
dans la gestion du rythme et du jeu et toujours aussi précis sur coup de
pied arrêté, il a conduit l'équipe en patron et claqué le baigneur des
tenants du mouillage de maillot et des admirateurs des marathoniens des
pelouses. Au passage, il s'agit de remercier une nouvelle fois Cesare
Prandelli, qui a su reconstruire la Squadra Azzurra à son image et a
donné les clés de la boutique à un joueur dont le charme irrésistible
réside dans le fait qu'il ne correspond pas au football dit moderne.
Didier, si tu lis ces lignes etc.
Prix Mathieu Bodmer du beau joueur de ballon qui ne verra jamais Clairefontaine: Julien Féret

En
toute discrétion et sans que la presse en fasse des tonnes sur son cas,
Julien Féret vient de signer une première moitié de saison absolument
superbe et a déjà planté huit buts en championnat, soit son total du
dernier exercice, qu'il avait agrémenté de dix passes décisives. Joueur
fin et intelligent, tourné vers le collectif, doté d'une technique
impeccable et d'une belle frappe de balle, Féret, âgé de trente ans, a
atteint une forme de plénitude et fait désormais partie des tout
meilleurs milieux de terrain offensifs français. Sur ce qu'il a montré
depuis août, le Rennais figure plus haut dans la hiérarchie à son poste
que des joueurs comme Gourcuff, Martin ou Ben Arfa, et le seul meneur de
jeu de Ligue 1 à rivaliser s'appelle Mathieu Valbuena. S'il continue
sur sa lancée, Féret aura-t-il droit aux honneurs d'une sélection avec
les Bleus? Il est permis d'en douter, parce que Deschamps a un sérieux
problème avec les joueurs de ballon et que les éléments qui faisaient
partie du groupe en Espagne et en Italie ont pris une longueur d'avance.
Il est sans doute trop tard pour Féret, mais tous ceux qui suivent le
championnat de près connaissent la valeur de l'ancien Rémois et Nancéen,
devenu un des acteurs incontournables du grand feuilleton hexagonal.
Prix Wilt Chamberlain du type qui ne fait pas le même sport que les autres: Zlatan Ibrahimovic

Souvent,
Ibra donne l'impression d'être le redoublant qui dépasse tout le monde
de deux têtes dans la cour de récréation et s'amuse avec les minus. Le
Suédois ne se contente pas de planter des pions à la pelle, de briller
techniquement, de faire preuve d'une maîtrise ahurissante dans les airs
et d'inventer un geste de fou à chaque sortie, il domine également de la
tête et des épaules sur le plan physique. Lors de la première journée,
il avait égalisé face à Lorient après avoir contrôlé de la poitrine un
ballon que Bourillon avait vainement tenté de lui prendre de la tête.
Bisevac et Lovren, pas exactement des avortons, ont tellement souffert
face à lui qu'ils ressemblaient à des grognards napoléoniens
sérieusement amochés pendant la retraite de Russie au coup de sifflet
final. Jouer Ibrahimovic, au-delà de la quasi-certitude de prendre au
moins un pion, c'est l'assurance de souffrir dans les duels et le
combat, voire de se faire carrément humilier, comme pourraient en
témoigner pêle-mêle Adil Rami, Philippe Mexès, Gary Cahill ou Nicolas
Isimat-Mirin. Cette année, Zlatan a quitté le Milan avec 28 pions en
Serie A au compteur, enquillé 18 buts sur la phase aller en Ligue 1 et
battu l'Angleterre à lui tout seul en marquant quatre pions, dont un
improbable qui a fait le tour de toutes les télés du monde: la routine,
quoi.
Prix Michu du joli coup à 400 000 euros: Dario Cvitanich

Dario
Cvitanich a offert une bouteille de champagne à un kiné de l'OGC Nice,
qui avait parié avec lui qu'il atteindrait la barre des dix buts à la
trêve et que l'Argentin avait pris pour un dingue. Troisième meilleur
buteur du championnat derrière Ibra et Gomis, l'ancien joueur de Boca
Juniors et de l'Ajax présente déjà un bilan à deux chiffres et fait
partie des grandes découvertes de la première moitié de la saison.
Recruté pour une bouchée de pain au vu de son rendement depuis quelques
semaines, Cvitanich aurait tapé dans l'oeil d'un stagiaire du club lors
d'un match de Boca diffusé à la téloche, lequel stagiaire en aurait
ensuite touché deux mots à Serge Recordier, l'un des recruteurs du club.
Le beau Dario, attaquant de poche qui dit vouloir s'investir dans la
surée au sein de l'OGCN, peut aussi bien planter du bon vieux but bien
laid de voleur de poules dans la surface que poser un lob parfait depuis
les seize mètres. Fidèle à la tradition argentine et à l'image d'un
Lavezzi, il se bat comme un chat maigre sur tous les ballons, pourrit la
vie des défenseurs adverses et multiplie les appels de balle. Pour
moins d'un demi-million d'euros, Nice s'est offert les services d'un
avant-centre efficace, guère avare d'efforts et à la mentalité
irréprochable. Rappelons au passage que Salomon Kalou touche 200 000
euros par mois et que le LOSC lui a versé une prime d'un million et demi
à la signature.
Prix Udinese de l'équipe qui tourne bien mais dont tout le monde se fout: Bayer Leverkusen

33
points, 10 victoires, 33 buts pour, 22 contre: tel est le bilan chiffré
du Bayer Leverkusen, deuxième de Bundesliga devant le Borussia
Dortmund, à mi-parcours. Porté par un duo Schürrle-Kiessling en pleine
bourre (quatre buts et cinq passes décisives pour le premier, douze
pions pour le second, meilleur buteur du championnat tout simplement),
l'équipe de l'ancien défenseur des Reds Sami Hyypia semble lancée pour
décrocher une qualification pour la prochaine Champions League. Très à
l'aise dans son rôle d'outsider sans complexes et embêtant à jouer, les
rouge et noir se sont offert les scalps du Bayern Munich à l'Allianz
Arena et de Schalke 04 à Gelsenkirchen et ont terminé tranquilles
deuxièmes de leur groupe de Ligue Europa à égalité de points avec le
Metalist Kharkov. Ils affronteront Benfica en seizièmes de finale, et on
souhaite bien du courage aux Portugais face à une équipe qui respire la
confiance et se verrait bien créer la surprise dans la compétition. La
reprise risque de s'avérer décisive pour le Bayer, qui rencontrera ses
deux poursuivants au classement, l'Eintracht Francfort et le Borussia
Dortmund, à l'occasion des 18ème et 20ème journées.
Prix Aly Cissokho du défenseur qui ne sait pas défendre: David Luiz

Récemment,
le site internet du Guardian, par ailleurs fort recommendable et
souvent remarquable par sa qualité d'analyse, s'est permis de placer le
"défenseur" de Chelsea parmi les cent meilleurs footballeurs actuels sur
la planète. Il est indéniable que le Brésilien possède certaines
qualités: il est puissant physiquement, plutôt à l'aise avec le ballon,
doté d'une belle frappe de balle, remarquablement endurant et très à
l'aise dans le domaine aérien. Le souci, c'est que l'hirsute des Blues
semble totalement étranger à toute notion tactique et peut à tout moment
coûter très cher à son équipe sur une erreur de relance, une prise de
risque inconsidérée ou une faute de placement. Si l'on est guère obligé
de porter John Terry dans son coeur, il est certain que le stoppeur
anglais savait admirablement jouer les chefs de défense, tandis que
David Luiz donne souvent des sueurs froides à son entraîneur. Agé de
vingt-cinq ans, il ne deviendra un grand défenseur de niveau
international que s'il parvient à épurer son jeu et à gagner en sobriété
et en sécurité. Pour l'instant, il se montre souvent plus utile dans un
rôle de milieu défensif, poste où Benitez l'a placé en championnat
contre Aston Villa et où sa densité et son volume de jeu font merveille.
Prix Don Diego de la Vega du cavalier qui surgit hors de la nuit: Robin Van Persie

Robin
Van Persie n'a pas perdu le rythme sous le maillot de Manchester
United: en 18 matches, le Néerlandais a claqué 12 buts, ce qui fait de
lui le deuxième meilleur buteur de Premier League derrière la surprise
du chef Michu. Ce qui est encore plus remarquable chez lui, c'est sa
capacité à se montrer décisif dans les derniers moments d'un match et à
faire basculer le score en faveur des siens dans ce qu'il est convenu
d'appeler le "Fergie time". A Southampton, il plante à la 88ème et la
92ème alors que United est mené 2-1. A Liverpool, il donne la victoire
aux Red Devils à dix minutes du terme. Dans le derby, il bat Harte sur
coup franc à la 92ème pour offrir une marge conséquente à United en tête
du classement. Auteur de 48 buts en 63 matches de championnat avec
Arsenal lors des deux saisons précédentes, Van Persie, qui donne
l'impression de porter le maillot mancunien depuis des lustres, semble
au sommet de son art et parti pour friser avec la barre des vingt-cinq
buts. Avec lui et Chicharito, ultra-décisif également depuis le début de
saison, Ferguson peut compter sur un fameux duo de flingueurs qui
appartiennent à la catégorie des buteurs les plus rentables et
recherchés: ceux qui font gagner des points et des titres.
Prix ASSE de l'équipe qui ne jouera jamais la Champions League: Udinese

La
saison dernière, l'Udinese avait eu la malchance de tomber sur Arsenal
lors du tour préliminaire de Champions League. Battus 1-0 à Londres, les
hommes de Guidolin s'inclinèrent 2-1 au retour malgré l'ouverture du
score de Di Natale et n'accédèrent pas à la phase de poules. Après une
nouvelle superbe saison, malgré la perte de quelques éléments de grande
valeur, l'Udinese gagne à nouveau le droit de disputer le précieux
ticket au Sporting Braga. Après deux matches nuls 1-1, les Italiens se
font cette fois sortir aux tirs aux buts: un véritable crève-coeur pour
une équipe méritoire et souvent belle à voir jouer qui a régalé la Serie
A deux saisons durant. A la trêve, le club occupe la dixième place du
classement et a déjà fait une croix sur une qualification européenne.
Antonio Di Natale, qui a encore planté dix buts en quinze matches depuis
le début de saison à trente-cinq berges (plus de 150 en 280 rencontres
de Serie A avec l'Udinese), ne participera jamais à la reine des
compétitions de club avec l'équipe qu'il a grandement contribué à hisser
au sommet. Heureusement, le Napolitain a pu faire étalage de tout son
talent et de son sens inné du but lors du dernier Euro, au cours duquel
il a marqué un pion à Iker Casillas: tous les attaquants européens ne
peuvent pas en dire autant.
Prix El Nino du type qui a déjà marqué sept fois plus de buts que la saison précédente: Stephan El Shaarawy

Jusqu'à
l'attaque de la présente saison, El Shaarawy avait disputé en tout et
pour tout 22 matches de Serie A, rentrant la plupart du temps en cours
de match, et n'avait marqué que deux fois. Le départ d'Ibrahimovic a
tout changé pour l'homme à la crête, âgé de seulement vingt ans, qui a
su prendre ses responsabilités au point d'occuper à la trêve la tête du
classement des buteurs avec quatorze buts. Très rapide, bon dribbleur,
précis dans ses frappes, opportuniste à souhait, El Shaarawy possède
encore une jolie marge de progression et devrait faire le bonheur du
Milan pendant de longues années. Appelé pour la première fois par
Prandelli (qui s'est dit surpris par sa générosité et son sérieux à
l'entraînement) en août, le natif de Savone, passé par toutes les
sélections de jeunes depuis les moins de seize ans, a ouvert le score
contre les Bleus en amical à Parme, ce qui en dit long sur sa confiance
et son absence totale de complexes. Malheureusement, le jeune attaquant
ne peut pas à lui tout seul enrayer le déclin du Milan AC, septième à
dix-sept longueurs de la Juve et huit du podium, qui a déjà concédé sept
défaites et dont la charnière ultra-mobile Mexès-Yepes vient de prendre
un bouillon pas possible contre la Roma. S'il reste fidèle quelques
années au maillot rossonero, El Shaarawy pourrait se voir privé de
Champions League pendant un bail.
Prix Matra Racing de l'équipe de mercenaires incapable de gagner un match: Queens Park Rangers

Financé
par le portefeuille très fourni de Tony Fernandes, le patron de Air
Asia, le recrutement du promu QPR a donné dans le pléthorique l'été
dernier: Park Ji-Sung, Fabio, Mbia, Bosingwa, Julio Cesar, Granero,
Cissé, Taiwo, Onohua, Macheda, Diakité, Zamora, bref, une liste longue
comme le bras de types venus des quatre coins de l'Europe défendre les
couleurs (façon de parler hein) du club de l'ouest londonien. Résultat:
une véritable catastrophe industrielle. Il aura fallu attendre (façon de
parler hein) la dix-septième journée pour voir QPR signer un premier
succès en Premier League face à Fulham, et la première partie de saison
calamiteuse des bleu et blanc a coûté son poste à Mark Hughes, remplacé
par un Harry Redknapp venu jouer les pompiers de service. QPR occupe
l'avant-dernière place du classement avec une seul unité d'avance sur
Reading et cinq points de retard sur Southampton, premier non-relégable.
Il va falloir que Redknapp, dont les compétences ne seraient être
remises en cause, fasse des miracles pour donner un semblant de
cohérence et d'homogénéité à l'équipe, faute de quoi QPR risque d'être
l'un des plus gros ratages tous championnats confondus de ces dernières
années et redescendre vite fait à l'étage inférieur en se couvrant de
ridicule.
Prix Javier Zanetti du type qui jouait déjà quand Pierre Sled présentait l'EDD: Francesco Totti

L'inusable
Francesco Totti a eu trente-six ans fin septembre et il va bien, merci
pour lui. En dix-sept rencontres disputées, il a déjà planté six buts et
distribué sept passes décisives. Le 21 octobre, en inscrivant son
217ème but en 518 matches avec la Roma (ce qui nous fait tout de même
une moyenne de 0,4 but par match), le capitaine emblématique des
giallorossi est devenu le troisième meilleur réalisateur de l'histoire
de la Serie A derrière deux joueurs d'une autre époque, Silvio Piola et
Gunnar Nordahl, mais devant des barons comme Baggio, Del Piero ou
Batistuta. Alors qu'on pouvait le croire sur le déclin (il n'a pas
atteint la barre des dix buts en championnat la saison dernière pour la
première fois depuis ... 2002), Totti semble reparti pour un tour, à tel
point qu'il vient de déclarer vouloir jouer jusqu'à ses quarante ans,
lui dont le contrat en vigueur se termine en 2014. Même s'il baisse de
pied physiquement, le Romain aura toujours un ballon hallucinant, saura
toujours faire la bonne passe au bon moment et continuera à'encadrer les
jeunots et jouer les tauliers dans le vestiaire. On ne voit pas comment
son club de toujours, dont il intégrera le staff technique une fois ses
crampons raccrochés, pourrait lui refuser une prolongation.
Prix Leeds United de l'équipe qui n'en finit plus de sombrer: Deportivo La Corogne

Vous
vous souvenez du Deportivo La Corogne? Bebeto, Djalminha, Naybet,
Valeron, Fran, Pandiani, Naybet, Makaay, le titre de champion d'Espagne
en 2000, le 4-3 de malade contre le PSG au Riazor, le renversement de
vapeur d'anthologie face au Milan AC en 2004? Ces noms et ces moments
évoquent forcément des images au footophile moyen. Aujourd'hui, le Depor
occupe la dernière place du classement en Liga avec douze misérables
points, à trois points d'un autre grand nom du football ibérique, le
Celta Vigo, ancien club de Makélélé. L'équipe n'a remporté que deux
succès (l'un dès la première journée contre Osasuna, l'autre face à
Majorque) et a concédé la bagatelle de trente-neuf buts, ce qui fait
d'elle la formation la plus perméable de Liga. Malgré la présence de
quelques joueurs historiques (Manuel Pablo, Valeron), de vieux routiers
des pelouses espagnoles (Marchena, Aranzubia) et l'émergence de jeunes
talents (l'ailier de poche portugais Pizzi, quatre pions et deux passes
décisives), l'équipe de Jose Luis Oltra devra cravacher jusqu'au bout
pour éviter la relégation et ne pas suivre le mauvais exemple de
Villareal. Véritable instiution de l'autre côté des Pyrénées, le Depor a
passé vingt ans dans l'élite entre 1991 et 2011 (une fois champion,
quatre fois vice-champion et quatre fois troisième) et vient tout juste
de remonter en première division.
Prix Stade Rennais du faux outsider qui se ramasse à un moment ou un autre: Toulouse FC

Nous
aussi, avouons-le, avons cru que c'était possible, que c'était
peut-être l'année du TFC, qu'enfin l'équipe de Casanova allait arrêter
de décevoir les espoirs placés en elles depuis quelques saisons. Après
dix journées, Toulouse comptait 22 points et marchait du feu de Dieu, à
l'image d'un Ben Yedder en mode goleador, d'un Capoue retrouvé et d'un
Ahamada qui s'était même offert un but de la tête. Derrière, Abdennour
tenait la baraque, et au milieu, Sissoko et Didot faisaient joliment le
boulot. Lors de la onzième journée, le TFC pouvait s'emparer de la pôle
en cas de succès à Bordeaux mais, comme paralysé par l'enjeu, s'est
incliné sur le plus petit des scores et n'en finit pas de s'enfoncer
depuis. Entre la 11ème et la 19ème journée, Abdennour et compagnie n'ont
pris que sept points et n'ont marqué que sept buts, trouvant le moyen
de se payer le scalp du leader lyonnais mais d'en prendre quatre au
Stadium contre Ajaccio. A mi-parcours, les Toulousains, douzièmes à
douze longueurs du podium, sont clairement rentrés dans le rang et ont
sans douté d'ores et déjà rangé leurs ambitions européennes au placard.
Neuvième attaque, septième défense, le TFC est redevenu ce qu'il a
toujours été: une équipe moyenne.
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