
Il
fait partie de ces oiseaux rares qui ne font pas de plan de carrière,
ne sont pas mûs par l'ambition ou l'appât du gain et ne cherchent pas
spécialement à collectionner les trophées et les récompenses, mais
cherchent simplement à prendre et donner du plaisir sur le terrain. Le
nom de Riquelme fait fantasmer les vrais esthètes du jeu et les
hédonistes du ballon rond, ceux qui placeront toujours le beau geste et
le plaisir visuel au-dessus des notions d'efficacité et de résultat.
S'il fallait retenir une seule et unique raison de vouer le football dit
moderne (comprenez rapide, froid, physique, intense, clinique) aux
gémonies, ce serait précisément qu'il ne laisse plus aucune place à ce
genre de phénomènes atypiques qui résistent à toute classification et à
toute théorisation de tableau noir.

Précis
sur coup de pied arrêté et dans le jeu long, dribbleur hors pair, doté
d'un sens unique du contre-pied et d'une frappe de balle redoutable,
inspiré et créatif, il présentait le profil du numéro dix rêvé. S'il
préférait la plupart du temps jouer en marchant et diriger la manoeuvre
en parcourant un minimum de distance (les virtuoses ne courent pas,
étonnant que Norman
Mailer n'ait pas donné ce titre à un de ses très recommandables
bouquins), c'était un faux lent qui pouvait placer de surprenantes
accélérations. Il savait se servir avec une facilité aberrante de toutes
les surfaces du pied et contrôler une transversale de la semelle droite
avant de régaler d'un extérieur gauche d'école. Tenter de lui prendre
le cuir dans les pieds pouvait provoquer de sérieux maux de tête.
C'est
finalement Villareal qui sent la bonne affaire et parvient à obtenir le
prêt du meneur de jeu en 2003, alors que Ronaldinho vient de signer au
Barça. Chez les jaunards, Riquelme retrouve ses deux anciens coéquipiers
Sorin et Arruabarrena et se voit confier les clés de la boutique.
Résultat: 35 buts marqués en trois saisons, une pelletée de passes
décisives, une troisième place en Liga en 2005 et une qualification pour
le dernier carré de la Champions League l'année suivante. D'abord prêté
à son ancien club, il trouve un accord avec Villareal pour un transfert
définitif à Boca en 2008. Il dispute
une nouvelle finale de Copa Libertadores en 2012, perdue face aux
Corinthians, et annonce son départ dans la foulée, malgré les
supplications de milliers de supporters venus se masser devant le stade
de Buenos Aires.
Malgré
sa cinquantaine de sélections, Riquelme a longtemps entretenu une
relation compliquée avec l'Albiceleste, comme de nombreux autres cadors
du football argentin. Pas retenu par Bielsa en 2002 alors qu'il fait
partie des meilleurs du monde à son poste, il doit attendre quatre ans de plus pour
disputer son premier tournoi mondial. Pekerman fait de lui le leader technique d'une équipe extraordinaire sur le papier mais qui échoue en quart de finale face à l'hôte allemand.
Après
avoir annoncé son retrait de l'équipe nationale suite à de violentes
critiques à son encontre, Riquelme fait son retour sous le maillot bleu
ciel et blanc en 2007, année où il brille (cinq buts et cinq passes
décisives) dans'une Copa America perdue contre le Brésil en finale.
L'année suivante, à Pékin, il devient champion olympique aux côtés de
Messi, Di Maria, Aguero et Lavezzi et prend sa revanche sur la Seleçao,
contre qui il marque un but sur penalty en demi-finale. Il s'agit du
seul titre international remporté par Riquelme, exception faite du titre
mondial obtenu avec les moins de vingt ans en 1997 en Malaisie. Malgré
de jolies prestations lors des éliminatoires pour le Mondial 2010, il
dit définitivement adieu à la sélection en 2008 suite à un différend
avec Maradona. En 51 apparitions avec l'Argentine, Riquelme a marqué 17
buts et délivré 22 passes décisives: des statistiques pas si minables
pour un joueur à qui on a toujours plus ou moins reproché son manque
d'efficacité.

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