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mercredi 21 août 2013

Arsenal à la traîne

City, Chelsea et United, les trois favoris désignés au titre, se sont littéralement promenés à l'occasion de la première journée de Premier League, tandis qu'Arsenal s'est incliné à domicile face à Aston Villa après avoir pourtant ouvert rapidement la marque. S'il est encore évidemment trop tôt pour tirer des conclusions et sur l'ambulance du même coup, on peut d'ores et déjà considérer que les Gunners ne pourront pas suivre le rythme imposé par les grosses écuries et ne se mêleront pas à la lutte pour le titre, ni même sans doute pour le podium: un constat déprimant pour les fans du club, qu'on devine résignés alors que la saison ne fait que commencer. Alors que les rivaux de Tottenham ont fait signer Soldado et Paulinho et s'apprêtent à accueillir Willian, ils ont de bonnes raisons de tirer la tronche.


On ne peut pas à la fois cracher sur le football business, s'indigner de voir des milliardaires monter des équipes de malade en deux coups les gros et dénigrer un manager comme Wenger qui donne la priorité à l'équilibre financier. A l'heure actuelle et dans le contexte hyper-compétitif de la Premier League, qualifier systématiquement son équipe pour la Champions League en tapant modérément dans le compte en banque constitue un petit exploit. S'agit-il pour autant d'un objectif en soi? Clairement non. Quand on s'appelle Arsenal, on devrait systématiquement viser la gagne en championnat et en Europe et ne pas se satisfaire de cravacher toute la saison pour la quatrième place. On devrait pouvoir regarder n'importe quel adversaire dans les yeux, voire inspirer la crainte et le respect. Or Arsenal, pour bien des raisons, ne fait plus peur à grand-monde depuis un moment.

Economiquement saine, la stratégie de Wenger depuis quelques années ne tient pas debout sur le plan sportif. A force de s'appuyer sur des jeunes qui casseront la baraque dans dix ans vous verrez messieurs les sceptiques, le manager français se ridiculise et fait perdre patience à ses plus inconditionnels soutiens. Les récents départs de Fabregas, Nasri, Clichy, Song et Van Persie ont démontré que le manque d'ambition du club ne pouvait qu'aboutir à une fuite des talents, et il est incompréhensible que Wenger n'ait pas cherché à retenir ses cadors en leur offrant les garanties suffisantes et en s'assurant qu'ils soient bien entourés.

 Il s'attendait à quoi, au juste, le père Arsène? Qu'un type de la classe de Van Persie se contente de jouer la quatrième place tous les ans et fasse une croix sur un palmarès? Qu'il applaudisse des deux mains les arrivées de Chamakh, Park Chu-Young et Giroud? Qu'il plante trente pions par saison avec une couronne d'épines sur la tête? Les grands joueurs comme lui jouent dans les grandes équipes, et il faut bien admettre qu'Arsenal, qui n'a pas gagné le moindre titre depuis huit ans, n'en est aujourd'hui plus une.

On perçoit dans le discours de Wenger et ses réactions après la défaite initiale à la maison comme une radicale obstination, une volonté bornée d'avoir raison contre tout et tout le monde qui confine au déni de réalité. Contre toute logique, il semble persuadé de pouvoir faire la nique à ses concurrents en continuant à faire avec les moyens du bord et sans jamais signer le moindre chèque pour améliorer la qualité globale de son effectif. Serait-il frappé d'amnésie? Aurait-il oublié que c'est aux Henry, Bergkamp, Vieira,Overmars, Petit, Touré, Pirès, Gilberto Silva, Anelka, Ljungberg et autres Kanu que le club doit ses dernières heures de gloire? Est-il réellement convaincu que Jenkinson et Gibbs permettront aux Gunners de retrouver les sommets?

Fut une époque pas si lointaine où Arsenal n'hésitait pas à claquer une petite fortune pour chiper Sol Campbell aux Spurs ou à poser quinze millions sur la table pour s'offrir Wiltord. Désormais, le club semble n'enorgueillir de ne pas dépenser un centime, quitte à ne plus gagner le moindre trophée et à perdre en attractivité. Le fait qu'un joueur comme Luiz Gustavo préfère signer à Wolfsburg plutôt que de rejoindre les Gunners devrait pourtant interpeller les dirigeants.

A vrai dire, la politique sportive de Wenger manque de lisibilité, à tel point qu'on peut se demander si l'Alsacien sait exactement ce qu'il veut et où il va. S'il perd peu à peu la confiance des supporters et fait l'objet de beaucoup de critiques dans la presse anglaise, c'est avant tout parce qu'il donne la fâcheuse impression de naviguer à vue. Si l'idée de base consiste à donner les clés de la boutique aux gamins et à construire sur le long terme, pourquoi avoir sorti 25 millions pour Arteta, Mertesacker et l'inénarrable Andre Santos en 2011, des signatures de dernière minute qui trahissent la panique du type qu cherche vainement à rassurer son monde?

Ce genre de recrutement à l'emporte-pièce a sérieusement nui à la crédibilité de Wenger et fragilisé sa position. On ne peut pas à la fois affirmer, non sans raison d'ailleurs, que le prix demandé pour un Suarez soit trop élevé et surpayer des joueurs de seconde zone. On ne peut pas à la fois se poser en moraliste des temps modernes et entraîner une équipe qui joue à l'Emirates Stadium.

A quelques jours de la fermeture du marché des transferts, les carences de l'effectif restent criantes. Pour faire simple, il manque un joueur de calibre international par ligne: un gardien fiable, un taulier en défense, un milieu défensif du genre musclé et un buteur de métier. On croyait avoir lu que Wenger disposait d'une enveloppe conséquente pour combler ces énormes manques et tenter de mettre fin à de longues années de disette. Pour l'heure, la seule recrue estivale s'appelle Yaya Sanogo, ce qui n'empêche pas Wenger d'affirmer tranquillement qu'il disposera d'un squad complet et équilibré.

Higuain? Sans façon. Jovetic? Non merci. Bender? On fera sans. En ce moment, on évoque un intérêt du club pour Cabaye, autrement dit un milieu relayeur au profil similaire à ceux de Rosicky, Cazorla, Arteta, Wilshere ou Ramsay: judicieux à souhait. Le nom de Micah Richards, défenseur garanti sécurité tous risques, a également été évoqué. Une fois encore, Arsenal risque d'attendre le dernier moment et donner dans le colmatage d'urgence en jetant son dévolu sur ceux que les autres n'ont pas voulus. Etrangement, quand l'heure de la deadline approche, plus aucun joueur ne semble trop cher pour cacher la misère.

1 commentaire:

  1. Article sympa, maintenant je veux bien une mise à jour dans quelques matchs. Les victoires qui ont suivi la première journée, le recrutement d'Özil semble pour l'instant contredire un peu le sens de lecture. Après quitte à demander une mise à jour, clairement autant attendre quelques journées voir un minimum Özil dans le jeu aussi..

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