Il ne s'agit pas ici de remettre en cause les qualités évidentes de Gareth Bale, auteur d'une saison époustouflante en Premier League et de quelques prestations remarquables sur la scène européenne, ni de s’appesantir sur le montant délirant de son transfert. La vraie question à se poser est la suivante: comment le collectif madrilène version 2013-2014 pourrait-il s'avérer plus performant que son prédécesseur avec le Gallois mais sans Mesut Özil? Dévoreur d'espaces, capables de chevauchées au long cours et doté d'une superbe frappe de balle, Bale présente un profil assez similaire à celui de Cristiano Ronaldo, qui comme lui tend à provoquer les défenses côté gauche pour repiquer dans l'axe. Les deux stars de l'effectif évoluent sensiblement au même poste et, pour lui faire une place dans le onze, Ancelotti se verra sans doute contraint de mettre Di Maria sur le banc et de placer Bale sur le flanc droit: difficile dans ces conditions de voir en Bale la pièce manquante du puzzle.
Le Real, standing du club oblige, compte quelques de milieux de terrain offensifs de classe mondiale dans son effectif, mais on doute que l'un deux puisse remplir le vide laissé par le meneur de jeu de la Mannschaft. Autre organisateur de premier ordre, Modric, plutôt milieu relayeur que véritable numéro 10, évolue un cran plus bas et plus près de Khedira et Xabi Alonso, tandis qu'Isco, la nouvelle coqueluche de Bernabeu, se distingue principalement par sa faculté d'élimination et son sens du but. Gareth Bale, arrière latéral à ses débuts, peut s'avérer un excellent centreur, mais Özil savait se montrer décisif au coeur du jeu et dans une position axiale, où il pouvait tout aussi bien lancer les contres que trouver la faille dans le bloc adverse sur attaque placée.
D'un point de vue strictement sportif, signer Bale et laisser partir Özil ne tient tout simplement pas debout et amoindrit même a priori le potentiel du Real, mais Perez n'a que faire des considérations tactiques. Pour faire venir son nouveau joujou marketing, flashy et spectaculaire à souhait et dont l'arrivée va sans nul doute faire exploser la vente des maillots, il n'a pas hésité à se séparer d'un joueur indispensable, aussi apprécié par ses coéquipiers que par le staff technique. A court d'arguments footballistiques, le président madrilène s'est ridiculisé en mettant en cause l'hygiène de vie d'Özil, pourtant très régulier pendant trois ans sous le maillot merengue: qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. Avec Bale, le Real devrait produire le "football de spectacle" cher à Perez et mettre des taules à Almeria ou Levante. Mais pour gagner une nouvelle Champions League, il faudra penser à construire une équipe plutôt qu'une machine à vendre du papier.
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