post-labels {display: none}

dimanche 8 septembre 2013

Réservoir vide

Après ce nouveau résultat décevant en Géorgie, tout le monde va s'en donner à cœur joie sur l'inefficacité offensive des Bleus, leur incapacité à mettre du rythme dans la rencontre, voire, sans nul doute, le manque d'investissement de certains sous le maillot de la sélection, suivez mon regard. Pourtant, au-delà de toute considération tactique ou pseudo-psychologique, nul besoin d'être docteur ès tableaunoirologie pour dresser un constat aussi simple qu'évident: le football français manque de ressources et ne compte que trop peu de joueurs capables de briller au niveau international, même face à des équipes de niveau modeste. Il suffit de considérer la liste de Deschamps ligne par ligne pour s'en convaincre.


En défense centrale, mis à part Varane, personne ne fait réellement l'unanimité, à tel point qu'un grognard comme Abidal a pu gagner une place de titulaire sur la foi de quelques bons matches en Ligue 1. Le Monégasque a d'ailleurs signé un match correct, mais si Paulo Bento rappelait Ricardo Carvalho en sélection, on se ferait quand même du mouron pour la Seleccao. Sagna et Evra, aussi incapables de verrouiller leur couloir que de poser un centre digne de ce nom, continuent à empiler les sélections et les prestations insipides, faute de concurrence: Debuchy touche le fond avec Newcastle, Reveillère a plié les gaules et Digne cire le banc du PSG.

Au milieu, les absences conjuguées de Cabaye, Pogba et Matuidi constituaient certes un handicap, mais il ne faut pas perdre de vue que le premier joue dans une équipe faiblarde, que le second, aussi talentueux soit-il, ne compte que deux sélections, et que le troisième n'a qu'une seule saison véritablement probante derrière lui. Les membres de ce trio restent encore loin des références mondiales de l'entrejeu mais n'en possèdent pas moins une marge considérable sur leurs rivaux potentiels. Le fait que Deschamps, quoi que l'on pense de ce choix, en soit réduit à convoquer Sissoko, Kondogbia et Guilavogui pour une rencontre de cette importance en dit long sur le réservoir à sa disposition.

Les entrées en jeu des deux bannis de longue date Gignac et Nasri, censés sauver la patrie en danger, prêteraient presque à sourire si le football français ne se trouvait pas dans une telle panade. Orphelins d'un Benzema à la confiance en berne, les Bleus ne peuvent compter sur aucun buteur de classe mondiale. Giroud, pourtant auteur d'un excellent début de saison avec Arsenal, appartient à la catégorie des bons attaquants de club qui peuvent rendre des services en sélection sans jamais devenir indiscutables, au même titre que les Cissé, Gomis ou Saha par le passé. Malgré sa carrure et son indéniable talent, il semble que le costard de buteur en chef de l'équipe de France soit un peu trop grand pour lui.

Il ne s'agit pas ici de tirer sur l'ambulance au bazooka façon Larqué, de jouer les déclinologues de service et d'affirmer péremptoirement que la France a disparu de la liste des nations qui comptent. Sans vouloir donner dans l'alarmisme, on ne peut que constater que, dès que blessures et suspensions viennent bousculer le semblant de hiérarchie établie, trouver onze types capables de former une équipe compétitive relève du casse-tête. Alors qu'une convocation chez les Bleus devrait récompenser l'excellence, on a désormais le sentiment que n'importe quel tâcheron qui aligne trois matches potables peut rêver de Clairefontaine (le précédent Amalfitano), ce qui ne contribue pas exactement à créer l'émulation au sein du groupe.

Ce manque flagrant de "moyens humains" limite forcément les choix mais ne saurait totalement dédouaner le sélectionneur de toute responsabilité: après tout, son travail consiste aussi à tirer le meilleur de ses troupes qui, même amoindries et dans le doute, auraient dû s'imposer en Géorgie. Les options prises par Deschamps (associer deux attaquants à la complémentarité peu évidente, confier les côtés à des latéraux qui n'aident pas à contourner le bloc adverse et surtout planter un tronc d'arbre comme Guilavogui au milieu plutôt que d'aligner un créateur supplémentaire) ont pesé dans la balance. Après treize matches, Deschamps présente un bilan catastrophique mais bénéficie toujours d'une forme d'immunité, puisqu'il semble que la fédération soit disposée à lui  proposer une prolongation de contrat même en cas d'élimination. Nul doute que Laurent Blanc appréciera.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire