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lundi 30 septembre 2013

La nouvelle vie de Gervinho

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Gervinho ne laissera pas un souvenir impérissable aux fans des Gunners. Maladroit, peu inspiré et souvent à côté de ses pompes, l'Ivoirien a traversé la saison dernière comme une ombre, suscitant l'agacement et l'interrogation. Outre-Manche, nombre de footophiles et d'experts se sont sans doute demandé comment le père Arsène, pourtant pas du genre à mettre facilement la main au morlingue, avait pu claquer la bagatelle de quinze millions pour ce rasta dégingandé et nonchalant. Le bilan de l'ancien Manceau sous le maillot d'Arsenal en dit plus long que tous les adjectifs: 9 buts et 6 passes décisives en 46 matches de Premier League. Une misère pour un joueur de sa classe.


Pourtant, si Wenger s'est parfois royalement planté avec des produits made in Ligue 1, on peut difficilement lui reprocher d'avoir mis le paquet pour recruter Gervinho, qui fut peut-être tout simplement le meilleur joueur du championnat de France 2010-2011 avec son coéquipier Hazard. Avant son éclosion au plus haut niveau avec le LOSC, on le savait pétri de talent et doté d'un pouvoir d'accélération et d'une faculté d'élimination peu communes. A Lille, il sut gagner en constance pour devenir plus qu'un joueur de coups d'éclat et se montrer régulièrement décisif tout en s'intégrant parfaitement au collectif nordiste (28 pions et 15 caviars entre 2009 et 2011). Arsenal semblait un choix logique dans son évolution de carrière, mais on connaît la fin de l'histoire.

Pourquoi Gervinho n'a-t-il pas réussi à percer en Premier League, au point qu'Arsenal n'ait pas souhaité insister et l'ait laissé partir au bout de deux ans? Difficile à dire. Peut-être n'a-t-il pas supporté la rudesse des duels et des contacts d'un championnat anglais qui à vrai dire ne fait pas vraiment la part belle aux ailiers virevoltants. D'un point de vue tactique, avec des éléments comme Cazorla, Giroud, Wilshere, Ramsey, Rosicky ou Arteta (et maintenant Özil), il est évident qu'Arsenal cherche plus à combiner dans l'axe et au cœur des défenses adverses qu'à miser sur la vitesse et les centres de ses joueurs de couloir. Gervinho se sentait parfaitement à son aise au sein du 4-3-3 lillois mais n'a semble-t-il jamais compris ce que Wenger attendait vraiment de lui.

Un homme a toujours su comment tirer le meilleur parti des qualités naturelles exceptionnelles du dribbleur à dreadlocks: Rudi Garcia, qui a eu l'Ivoirien sous ses ordres au Mans et l'a amené dans ses valises à Lille. Confiant en sa capacité à relancer son ancien protégé, le technicien français parvient à convaincre ses nouveaux patrons de mettre huit millions sur la table pour le Gunner, une somme qu'Arsenal ne peut refuser au vu du niveau de performance du joueur. Dès la signature de celui qui n'est encore qu'un parfait inconnu en Italie, Garcia clame sa foi en Gervinho, assurant dans la presse que sa recrue possède des caractéristiques uniques dans son effectif et se montrera rapidement indispensable à son équipe. L'entraîneur souhaite en quelque sorte importer le modèle lillois à Rome et compte faire de l'attaquant l'un de ses hommes de base.

Gervinho a fait coup double en retrouvant son mentor et signant pour un club ambitieux et désireux de repartir sur des bases nouvelles. Déjà auteur de trois réalisations en six journées (soit presque autant que son total de la saison dernière), l'Ivoirien, à nouveau spectaculaire et efficace, incarne le début de saison parfait d'une Roma euphorique qui n'a pas encore laissé le moindre point en route. Sa chevauchée face à Bologne a marqué les esprits et démontré que, lorsqu'il se sentait en confiance, il pouvait encore faire passer les défenseurs adverses pour des plots d'entraînement et créer d'énormes différences balle au pied. Ce Gervinho giallorosso rappelle celui, créatif et imprévisible, des plus belles heures lilloises. A 26 ans, une seconde carrière italienne s'offre à lui, et il n'aurait pu espérer de meilleures conditions pour rebondir. Même si les semaines et mois à venir s'avéraient moins prolifiques, ce qui ne constitue en rien une fatalité, il peut s'estimer heureux de son sort. Après tout, il n'est peut-être pas passé loin de finir en prêt à West Ham.

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