Au terme des matches
aller, le RC Lens ne fait pas partie du groupe des relégables (des
« relégab' », en français plus châtié, comme l'auront
corrigé les plus intransigeants de nos intransigeants lecteurs,
n'est-ce pas Herr Gruber?). Au vu des circonstances avec lesquelles
le club doit composer, il s'agit d'un petit exploit qu'il convient de
saluer à sa juste valeur.
Alors saluez, s'il vous plaît. Mieux que
ça. Mais rentrez-moi ce bide troufion, vous vous croyez chez mamie
entre le livarot et le tiramisu ? Ici on ne desserre pas la
ceinture d'un cran, private. On sert les dents. Et autre chose
quand le général passe les piaules en revue. Mais trêve de
digressions, comme l'aurait dit Laurence Sterne qui, à l'instar
d'une certaine équipe méridionale, aimait à aller droit au but. En
un mot comme en cent, bravo les p'tits gars, pouces levés,
applaudissements, standing ovation, « Les corons » à
fond dans les enceintes et la frite haute (je vous en prie). Même si
le RCL est encore très loin d'être tiré d'affaire, le peuple sang
et or peut être sacrément fier de son équipe.
Avec dix-neuf petits
points au compteur à mi-parcours, les joueurs de Kombouaré ne
disposent de strictement aucune marge, mais sur ce qu'ils ont montré
jusqu'à présent en termes de vaillance et de solidarité, ils
peuvent y croire sur le plan sportif. Derrière eux, ils ont dans le
rétroviseur quatre équipes : Metz, l'ETG, Bastia et Caen.
Parmi ce quatuor, ce sont sans doute les Messins qui jouent le
meilleur football, même si cela ne constitue en rien une garantie de
maintien. Les trois autres inquiètent sérieusement (ceux qui les
soutiennent, entendons-nous bien, personnellement je me soucie
davantage de savoir si mon Graves 2003 ne sent pas le bouchon) et
semblent bien englués dans leurs difficultés.
En outre, et pas
seulement à vin bande de soiffards invétérés, c'est Lens qui
possède la meilleure différence de buts, ou gaulavérage pour
causer technique. Jusqu'au onzième du classement, personne ne peut
se considérer véritablement à l'abri, sauf peut-être Toulouse et
Lille, certes médiocres mais plus qu'armés pour finir au pire dans
le ventre mou. Nice n'en finit pas de dégringoler, Guingamp aura
forcément un coup de moins bien et Lorient, convalescent, n'est
qu'un point devant. Au total, on peut estimer que la lutte pour le
maintien devrait concerner jusqu'au bout huit équipes : une
vraie bonne nouvelle pour les Artésiens.
Et le moins que l'on
puisse dire, c'est que les bonnes nouvelles sont devenues une denrée
plutôt rare par les temps qui marchent à La Gaillette, un moment
surnommée « La Gaillettte Désarroi », et si vous n'êtes
pas content c'est pareil, l'avantage d'internet étant qu'on ne peut
pas nous jeter de pierres. Entre l'engagement pour le moins incertain
de Mammedov qui joue à Kachkar, l'interdiction de recrutement, le
déménagement forcé au Stade de la Licorne et un début de saison
cauchemardesque sur le terrain comme autant de boulets aux chevilles,
le RCL paraissait promis à devoir couler à pic, contrairement à
l'homme qui lui tombe à pic.
Tout le monde saisit la différence ? Même les lents du
fond qui baignent? Fort bien, poursuivons.
Beaucoup avaient déjà
enterré le club, réduit à néant dans leurs esprits ses chances de
survie parmi l'élite et l'avaient renvoyé à l'étage inférieur au
bout d'une poignée de journées. C'était sans compter sur les
qualités morales du groupe, la volonté tenace de s'en sortir à
tous les étages du club, une forme de rébellion avec la devise
« seuls contre tous » ancrée dans les consciences, le
soutien d'un public véritablement extraordinaire et plus que jamais
derrière ses joueurs. Sans vouloir donner dans l'argumentaire démago
façon RMC à base de « vrai fouteballe » et de
« mouillage de maillot », cela fait plaisir à voir.

Si
Kombouaré ne dispose que d'un effectif réduit en nombre, certains
de ses hommes ont affiché un niveau plus que satisfaisant et parfois
surprenant : Baal et Kantari derrière, Bourigeaud, Valdivia et
Lemoigne au milieu, Coulibaly et Bourigeaud en attaque. Il se peut
que les Sang et Or ne finissent pas l'exercice en cours et se voient
sanctionnés administrativement, ce qu'on ne leur souhaite évidemment
pas, mais il semble bien que les morts-vivants aient la peau plus
dure qu'on ne pouvait le penser. Reste à espérer que la version
Ligue 1 de Walking Dead connaisse
plus d'une saison.
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