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mercredi 24 décembre 2014

Lens, l'année sang et eau

Au terme des matches aller, le RC Lens ne fait pas partie du groupe des relégables (des « relégab' », en français plus châtié, comme l'auront corrigé les plus intransigeants de nos intransigeants lecteurs, n'est-ce pas Herr Gruber?). Au vu des circonstances avec lesquelles le club doit composer, il s'agit d'un petit exploit qu'il convient de saluer à sa juste valeur. 

Alors saluez, s'il vous plaît. Mieux que ça. Mais rentrez-moi ce bide troufion, vous vous croyez chez mamie entre le livarot et le tiramisu ? Ici on ne desserre pas la ceinture d'un cran, private. On sert les dents. Et autre chose quand le général passe les piaules en revue. Mais trêve de digressions, comme l'aurait dit Laurence Sterne qui, à l'instar d'une certaine équipe méridionale, aimait à aller droit au but. En un mot comme en cent, bravo les p'tits gars, pouces levés, applaudissements, standing ovation, « Les corons » à fond dans les enceintes et la frite haute (je vous en prie). Même si le RCL est encore très loin d'être tiré d'affaire, le peuple sang et or peut être sacrément fier de son équipe.


Avec dix-neuf petits points au compteur à mi-parcours, les joueurs de Kombouaré ne disposent de strictement aucune marge, mais sur ce qu'ils ont montré jusqu'à présent en termes de vaillance et de solidarité, ils peuvent y croire sur le plan sportif. Derrière eux, ils ont dans le rétroviseur quatre équipes : Metz, l'ETG, Bastia et Caen. Parmi ce quatuor, ce sont sans doute les Messins qui jouent le meilleur football, même si cela ne constitue en rien une garantie de maintien. Les trois autres inquiètent sérieusement (ceux qui les soutiennent, entendons-nous bien, personnellement je me soucie davantage de savoir si mon Graves 2003 ne sent pas le bouchon) et semblent bien englués dans leurs difficultés. 

En outre, et pas seulement à vin bande de soiffards invétérés, c'est Lens qui possède la meilleure différence de buts, ou gaulavérage pour causer technique. Jusqu'au onzième du classement, personne ne peut se considérer véritablement à l'abri, sauf peut-être Toulouse et Lille, certes médiocres mais plus qu'armés pour finir au pire dans le ventre mou. Nice n'en finit pas de dégringoler, Guingamp aura forcément un coup de moins bien et Lorient, convalescent, n'est qu'un point devant. Au total, on peut estimer que la lutte pour le maintien devrait concerner jusqu'au bout huit équipes : une vraie bonne nouvelle pour les Artésiens.


Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les bonnes nouvelles sont devenues une denrée plutôt rare par les temps qui marchent à La Gaillette, un moment surnommée « La Gaillettte Désarroi », et si vous n'êtes pas content c'est pareil, l'avantage d'internet étant qu'on ne peut pas nous jeter de pierres. Entre l'engagement pour le moins incertain de Mammedov qui joue à Kachkar, l'interdiction de recrutement, le déménagement forcé au Stade de la Licorne et un début de saison cauchemardesque sur le terrain comme autant de boulets aux chevilles, le RCL paraissait promis à devoir couler à pic, contrairement à l'homme qui lui tombe à pic. Tout le monde saisit la différence ? Même les lents du fond qui baignent? Fort bien, poursuivons. 

Beaucoup avaient déjà enterré le club, réduit à néant dans leurs esprits ses chances de survie parmi l'élite et l'avaient renvoyé à l'étage inférieur au bout d'une poignée de journées. C'était sans compter sur les qualités morales du groupe, la volonté tenace de s'en sortir à tous les étages du club, une forme de rébellion avec la devise « seuls contre tous » ancrée dans les consciences, le soutien d'un public véritablement extraordinaire et plus que jamais derrière ses joueurs. Sans vouloir donner dans l'argumentaire démago façon RMC à base de « vrai fouteballe » et de « mouillage de maillot », cela fait plaisir à voir.


L'homme qui a en grande partie rendu possible ce petit miracle se nomme Antoine Kombouaré, qui ne cesse depuis son époque valenciennoise de démontrer toutes ses qualités de technicien et de meneur d'hommes. Il faut le voir, le monsieur Antoine, le Kanak en anorak, le bras en écharpe et le bonnet vissé sur le chef, mener ses troupes et diriger la manœuvre à grands coups de sifflets. Personne n'insiste réellement sur le fait que son RC Lens présente un visage tout à fait cohérent et structuré et qu'il est souvent compliqué à jouer. Contre Nice par exemple, il a parfaitement su gérer ses temps faibles et faire le dos rond pour mieux exploiter la vitesse de ses attaquants et se créer beaucoup de situations favorables. 

Si Kombouaré ne dispose que d'un effectif réduit en nombre, certains de ses hommes ont affiché un niveau plus que satisfaisant et parfois surprenant : Baal et Kantari derrière, Bourigeaud, Valdivia et Lemoigne au milieu, Coulibaly et Bourigeaud en attaque. Il se peut que les Sang et Or ne finissent pas l'exercice en cours et se voient sanctionnés administrativement, ce qu'on ne leur souhaite évidemment pas, mais il semble bien que les morts-vivants aient la peau plus dure qu'on ne pouvait le penser. Reste à espérer que la version Ligue 1 de Walking Dead connaisse plus d'une saison.


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