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mercredi 17 décembre 2014

Rennes ou la vraie vie

Qu'il doit être difficile d'être supporter du Stade Rennais. Qu'il doit être usant de se faire railler de toutes parts, humilier, rabaisser, critiquer. Qu'il doit être pénible de soutenir une équipe qui ne gagne jamais rien et met un point d'honneur à s'effriter chaque fois qu'on se remet vaguement à croire en elle.

A une certaine époque, c'était le PSG qui jouait le rôle de punching-ball préféré du quidam et des médias, le PSG d'avant, celui qui claquait 200 millions sur un joueur qu'il avait formé et laissé partir pour 5 et finissait douzième du championnat. Seulement, même quand il touchait le fond, le PSG parvenait régulièrement à glaner un trophée ou un autre: entre 1993 et 2010, il a tout de même remporté six fois la Coupe de France, trois fois la Coupe de la Ligue et accessoirement une Coupe des Vainqueurs de Coupes. Rennes, quant à lui, a réussi l'exploit improbable de perdre deux finales de Coupe contre le voisin guingampais à cinq ans d'intervalle: un authentique fait d'armes qui fait autant rager les habitués de la route-de-Lorient que se gondoler le reste de l'hexagone.


Il y a quelques semaines, les observateurs se sont une énième fois enflammés au sujet du Stade Rennais. Cette fois, ça y était, ça allait être la bonne, et les Bretons allaient enfin devenir des candidats crédibles à une place européenne en fin de saison. Il allait falloir compter avec eux. On allait voir ce qu'on allait voir. Montanier faisait du bon boulot, les recrues donnaient satisfaction, le mélange jeunes-anciens prenait bien, Ntep plantait but sur but, tous les compteurs étaient au vert. Ils restaient sur neuf matches sans défaite en Ligue 1, avaient battu leurs rivaux nantais, lorientais et guingampais, eu la peau de Monaco et Marseille, engrangé 23 points en deux mois pour venir flirter avec le podium. Et que pensez-vous qu'il arrivât alors? Une défaite 4-0 à la maison contre Montpellier, une équipe qui n'a gagné que deux matches à l'extérieur en neuf déplacements, suivie d'un revers à Bastia, qui se traîne depuis des semaines dans les profondeurs du classement: un classique maison, une spécialité locale, une interruption de série presque prévisible tant le Stade peine à traverser le fameux plafond de verre, sauf pour descendre.


On a presque l'impression que le club ne veut surtout pas finir sur le podium et risquer d'exhaler un parfum de réussite (la meilleure performance des rouge et noir reste d'ailleurs une quatrième place obtenue en 1949, 1965, 2005 et 2007). S'ils gagnaient un titre, ne serait-ce qu'une modeste Coupe de la Ligue, ils entreraient d'office dans la catégorie des vainqueurs (il suffit de se rappeler l'impact qu'à eu le succès stéphanois dans cette épreuve), alors que leur truc à eux, c'est la lose, la vraie, celle qui perdure, celle qui colle aux basques et vient inéluctablement faire des siennes quand la saison commence à prendre une tournure positive. 

Beaucoup de clubs souffrent d'un déficit identitaire. Que vous évoquent l'ETG, le TFC, le Stade Malherbe de Caen? Strictement rien, à part des patronymes imprononçables, des recrues offensives à la sauce Panini et du bourrin de compétition façon Ronald Zubar. Quelles valeurs peut-on associer à ces anonymes pensionnaires de Ligue 1? Quels mots viennent en tête lorsqu'on on entend leur nom au cours d'un multiplex? Alors qu'avec Rennes, au moins, on sait où on est et où on met les pieds (chartered territory diraient les Angliches): au pays de l'effacement pathologique, de l'échec érigé au rang d'emblème et de signe de ralliement, de l'effondrement programmé, du confort dans la stagnation.


Le Stade Rennais ne dégage rien. Même ses ratés récurrents sentent la normalité. On n'a ni envie de l'aimer, ni de le haïr. D'après un sondage récent, 99% des footophiles s'en tamponneraient allègrement le coquillard et se soucieraient à peu près autant de ses résultats que de l'avis de Jacques Vendroux sur le dernier Woody Allen ou des positions de Jacques Cheminade sur le fair-play financier (il semblerait même que Jacques Cheminade suscite globalement plus d'intérêt que le Stade Rennais). Pensez aux autres clubs bretons. Nantes, c'est Suaudeau, Arribas, Touré, le trio Loko-Pedros-Ouédec, Amisse, Carrière (et on s'en tape de savoir si Nantes est en Bretagne ou non, il s'agit d'un débat qui n'intéresse que les Bretons et dont ils pensent qu'il fascine le reste du pays parce que la Bretagne est le centre du monde). Lorient, c'est Gourcuff, le jeu à une touche, les contres éclair, Gameiro, Pédron, Abriel, Jouffre. Guingamp, c'est Guivarc'h-Rouxel, Coco Michel, Smerecki, le match contre l'Inter au Roudourou en 1996, les spectateurs aux balcons, les victoires en Coupe. Et Rennes? Severino Lucas? Pour toute réponse n'hésitez pas à nous écrire à l'adresse suivante: La Pause Cigare - Impasse Jean-Pierre Escalettes - 31450 Montgiscard.


2 commentaires:

  1. Pour Guingamp, vous avez oublié Malouda-Drogba

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  2. pour Rennes, c'est vrai que la 1ère association qui me vient l'esprit n'est pas d'ordre footballistique mais plutôt d'ordre people avec la silhouette voluptueuse de Salma Hayek!

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