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lundi 17 octobre 2016

Le plafond des Verts

Une fois encore, l'ASSE a arraché un point miraculeux à la dernière seconde d'un match qu'ils auraient mérité de perdre à la maison et contre un promu. Une fois encore, les supporters stéphanois ont assisté à une piètre prestation de leurs favoris, qui pédalent manifestement moins vite dans la semoule que Peter Sagan sur les routes du Qatar. Avec treize petits points pris en neuf journées et seulement trois succès au compteur, les Verts avancent au ralenti et sont loin de jouer les trouble-fêtes derrière les trois supposés cadors (le rival lyonnais fait également du surplace mais sera comme toujours dans le coup pour le podium à l'arrivée). S'ils veulent faire l'autruche ou donner dans la langue de bois, deux stratégies courantes dans le fouteball français, ils peuvent toujours arguer qu'ils ne sont qu'à un point de la cinquième place occupée par Guingamp, la nouvelle terreur de Ligue 1. Il n'y a pas le feu à la maison, la saison est encore longue, il reste beaucoup de points à prendre tout ça tout ça et si vous réclamez du rab de phrases toutes faites on a en plein les frigos du côté de l'Etrat ("l'Etrat, c'est moi", comme le dit souvent Galtier). Et la qualité du jeu, on en cause ou vous préférez disserter sur le concept d'écriture kaléidoscopique chez Henry James?





Galtier peut toujours se retrancher (un de ses hobbies préférés) derrière le fait que ses hommes se montrent performants à domicile (trois victoires et deux nuls), il n'en demeure pas moins que voir un match des Verts à Geoffroy-Guichard s'apparente à une véritable purge. L'équipe se montre tout bonnement incapable de prendre les choses en main, d'imposer son rythme, d'enchaîner les mouvements offensifs et d'acculer l'adversaire sur son but. La plupart du temps, elle se contente de faire circuler mollement la chique et d'attendre on ne sait quel miracle pendant que ça bâille sévère en tribunes et que Rocheteau contemple les dégâts avec des yeux de cocker triste. A domicile, les Verts ne savent plus emballer un match et attendent souvent l'heure de jeu pour mettre un terme au footing collectif et vaguement commencer à accélérer. Cette brillante stratégie leur a pour l'instant permis de battre Montpellier, Bastia et Lille, autant dire personne. Ils n'ont réussi à marquer ni contre le TFC ni contre Dijon dans le jeu, et on attend de voir leur football champagne pétiller contre Monaco et Nice ces prochaines semaines. Sans parler du bilan à l'extérieur: deux nuls, défaites, trois buts pour et six contre, n'hésitez pas, régalez-vous, le buffet est servi.




On pourra nous trouver sévère vis-à-vis d'un club qui fait avec ses moyens, mais il faut bien avouer que Galtier a fait de l'ASSE une formidable machine à produire de l'ennui. A force de ne parler que de valeurs, de solidité, de rigueur, de travail, de cohésion, on finit par oublier le jeu. Avec Galtier, on se croirait trop souvent sur le tournage du "Coeur des hommes 12" ou d'un film à la con avec Moscato et Lanvin où on sort le couteau de la poche pour couper le pain et on se met des grandes tapes sur l'épaule. L'entraîneur stéphanois, en poste depuis 2009, a apporté une certaine stabilité et une forme de continuité dans les résultats, mais son projet de jeu demeure invisible. C'est quoi, le football selon Galtier? Comment veut-il faire jouer son équipe? Personne n'en sait rien, si ce n'est qu'il semble placer l'assise défensive au-dessus de tout, quitte à jouer avec trois défenseurs centraux sur son terrain. L'ASSE, qui n'est ni une équipe de possession ni une équipe de contre, ne possède pas d'identité propre, pas de style, pas de marque de fabrique. Elle fait tout dans l'effort, à l'arraché, en piochant, à la va-comme-je-te-pousse, à l'image de ces buts marqués on ne sait comment au bout du temps additionnel et qui ne lui permettent que de battre les troisièmes couteaux d'un championnat faiblard.




D'un point de vue strictement footballistique et malgré l'arrivée de joueurs indéniablement talentueux (Tannane, Saivet, Selnaes, Soderlund, Beric), l'équipe ne progresse pas d'un pouce. Dès lors, la question se pose: fallait-il vraiment garder Galtier? Réponse ébouriffante: peut-être pas. L'ancien joueur de l'OM jouit d'une belle cote à Saint-Etienne parce qu'il s'est toujours investi pleinement, qu'il vit les matches avec beaucoup de passion et d'intensité et a grandement contribué à mettre le club sur de bons rails. Excellent meneur d'hommes, il laisse malheureusement entrevoir depuis plusieurs années des limites techniques et tactiques qui empêchent le club de s'installer clairement dans le top cinq et de rivaliser avec le voisin lyonnais. Le club aurait besoin d'un œil neuf sur le banc, d'un entraîneur qui arriverait avec des idées et des principes clairs et donnerait une véritable cohésion et direction au projet sportif, comme l'a fait Jardim à Monaco. Si l'ASSE, à défaut de retrouver son lustre d'antan, veut recoller au peloton de tête, il faudra sans doute que ses dirigeants acceptent de prendre certains risques et de confier l'équipe à un technicien audacieux et novateur. Sinon, les habitués de Geoffroy n'ont pas fini de bouffer du 0-0 contre Rennes ou Metz.

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