
En
club, il a perdu sa place au profit d'un Pepe à nouveau monstrueux (il
faut bien l'avouer, même si nous le détestons et qu'il ne devrait plus
avoir de licence depuis un bail). En équipe de France, son duel aérien
perdu face à Hummels en quart de Coupe du Monde lui a fait très mal, et
il n'a pas eu l'occasion de faire taire les sceptiques lors de l'Euro,
comme si la poisse lui collait aux crampons. En son absence, c'est
Koscielny qui s'est imposé naturellement comme le véritable patron de la
défense en faisait preuve de beaucoup de solidité et de régularité.
Deschamps attend de Varane qu'il devienne un des leaders du groupe parce
le fait de jouer dans un grand club compte beaucoup pour le
sélectionneur, mais le Madrilène fait simplement partie des bons
éléments de l'équipe, et non des cadres, et ce pour différentes raisons:
il est encore très jeune, ne peut pas forcément l'ouvrir dans le
vestiaire comme un Evra ou un Lloris, a manqué un tournoi organisé en
France qui a soudé un collectif et n'impose pas le respect par ses
performances en club, contrairement à un Griezmann par exemple, devenu
le "go-to-guy" des Bleus. Un peu comme Pogba, Varane reste un talent
en attente, un joueur qui a montré beaucoup de belles choses mais qui
plafonne depuis un moment.
On lui reproche souvent d'être trop "soft", pas assez dur sur l'homme, rugueux, intraitable, costaud dans les duels, mais là n'est pas la question. Varane gagnerait peut-être effectivement à inspirer plus de crainte à l'adversaire, mais il possède un style propre, et c'est grâce à ses qualités qu'il doit franchir un nouveau palier: vitesse, anticipation, aisance technique, placement. Un joueur comme Marquinhos, qui présente des caractéristiques similaires et a à peu près le même âge (il est même un an plus jeune que Varane), offre plus de garanties que lui, même s'il n'est peut-être pas intrinsèquement meilleur. Pourquoi? Parce qu'il s'engage plus, met plus d'intensité dans ses interventions, fait preuve de davantage de concentration et d'implication. On aimerait parfois que Varane serre le poing et hurle sa rage de vaincre après un tacle réussi ou un geste décisif, qu'il montre qu'il n'est pas seulement un bon élève qui fait bien ce qu'on lui demande et applique les consignes mais aussi et surtout un gagneur, un compétiteur, un type prêt à laisser ses tripes sur le terrain et à monter le niveau d'un cran quand les circonstances l'exigent. Dans les grands rendez-vous, la classe naturelle ne suffit pas.
Il n'y a pas lieu non plus de s'inquiéter outre mesure pour Varane, d'abord parce qu'il se situe largement au-dessus de la concurrence à son poste chez les Bleus (Rami, Sakho, Laporte, Umtiti, sans même parler de Mangala, qui n'a plus sa place en sélection). Il faudrait avant tout que son corps le laisse tranquille et qu'il puisse retrouver du temps de jeu en club. Il n'a sans doute pas envie de quitter le Real et peut compter sur le soutien de Zidane, à l'origine de sa venue au club, mais devrait peut-être envisager de faire ses valises et demander un transfert. Il ne progressera pas en jouant quelques matches de Liga et de Coupe du Roi et en cirant le banc lors des gros matches, même s'il était titulaire à Dortmund. Pepe n'a après tout "que" trentre-trois ans, et vu sa forme actuelle et sa condition physique, il peut encore largement tenir le choc deux ou trois saisons. Comme Sergio Ramos est une véritable institution, l'horizon du défenseur français paraît quelque peu bouché, et il n'est pas certain que Deschamps continue à faire confiance à un joueur qui ne participe qu'à une poignée de matches par an. On a rarement vu un défenseur central atteindre son sommet avant ving-cinq ans, et il a donc du temps devant lui, mais sa situation est sans doute plus urgente qu'il n'y paraît.
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