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mardi 4 avril 2017

Giroud ou l'évidence contestée

Certaines insupportables voix de la FM aiment à dézinguer les joueurs en galère, dans le doute, voire carrément en perdition, sur le mode Clint Eastwood des ondes (en beaucoup moins classe et sans le poncho cela va sans dire) : «Tu vois, le monde se divise en deux catégories: ceux qui ont un micro et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ». Ce sont souvent les attaquants qui prennent le plus cher (même si les gardiens de but ne sont guère épargnés par la critique) quand ils traversent des périodes de disette et semblent ne plus se souvenir du mode d'emploi pour la mettre au fond. Dans un passé récent, des joueurs comme Guivarc'h, Gignac ou Benzema furent des cibles faciles pour les consultants qui bien souvent feraient bien de consulter eux-mêmes une grammaire de temps à autre passe que il a de la vitesse de la qualité et au niveau de l'apport on sait ce qu'il peut apporter en termes de qualité de l'apport qui va vite par rapport au niveau . 

Un certain Edinson Cavani s'est fait littéralement démonter à l'automne dernier par tous les éminents experts que compte ce pays à la culture footballistique minablissime et indigne du niveau remarquable de sa sélection. Tous ceux qui se sont fait un malin plaisir d'éreinter l'Uruguayen (et il faut en mettre pour l'éreinter, le marathonien du front de l'attaque) avant qu'il ne se mette tranquillement à enfiler les buts comme des perles mériteraient d'être ligotés plusieurs semaines devant un écran géant qui passerait en boucle un Rennes-Toulouse d'anthologie à faire parler le plus coriace des agents secrets. 


A cette époque pas si lointaine, nous avions défendu bec et ongles l'avant-centre du PSG (http://www.pausecigare.fr/2016/09/accuse-cavani-levez-vous.html), un immonde tocard qui en est à quarante grains cette saison (au passage qui parmi les vautours de stades a publiquement fait son autocritique quant à ses avis tranchés et magnifiquement incompétents sur Cavani?). Aujourd'hui nous voulons nous faire l'avocat d'un autre buteur sur le dos duquel les médias et une grande partie du ramassis de blaireaux qu'on appelle communément « l'opinion publique » cassent régulièrement du sucre, à savoir Olivier Giroud. A chaque fois que le sélectionneur annonce sa liste, on a immanquablement droit aux mêmes commentaires haineux: mais qu'est-ce qu'il fout là, il en plante pas un avec Arsenal, c'est un plot, il sait pas faire un contrôle et Lacazette machin truc. Et là, à l'instar de Pierre Richard dans l'indispensable Je sais rien mais je dirai tout, nous disons halte, et parce que nous sommes un peu du genre insistants, nous redisons halte.


Nous disons halte parce que l'on parle tout de même d'un joueur qui vient tout simplement d'intégrer le top 10 des meilleurs réalisateurs de l'histoire de l'équipe de France avec 23 pions en 60 sélections. Suite à son doublé face au Luxembourg, il n'est plus qu'à trois unités de Wiltord, à quatre de Benzema, cinq de Djorkaeff et sept d'un certain Jean-Pierre Papin, bref de quatre grosses brêles qui n'ont strictement rien prouvé ou accompli au cours de leur carrière. Pourquoi s'acharner sur un joueur qui fait plus que le boulot chaque fois que l'on fait appel à lui et se montre efficace en toutes circonstances? On est dans le domaine du purement incompréhensible, mais cela doit s'expliquer en grande partie par le fait qu'il n'ait pas 94 de vitesse dans FIFA 17.



Faut-il rappeler que ce type que l'on conteste tant a planté trois buts et donné deux passes décisives lors du dernier Euro à la maison et que son entente avec Griezmann fut l'un des atouts maîtres de l'équipe de France? Nous ne chercherons pas à les convaincre, car ils sont tout bonnement irrécupérables, mais il est grand temps que certains tireurs de saloon bas du front et à la gâchette facile comprennent que la vélocité et la faculté à faire des différences balle (à blanc le plus souvent) au pied ne sont pas les deux seuls critères à considérer lorsque l'on veut évaluer le niveau d'un joueur, et particulièrement d'un attaquant.


Les sinistres ceusses qui confondent jeu vidéo et réalité du terrain peuvent continuer à s'offusquer de l'absence en sélection de Lacazette, un type qui n'a encore rien montré au niveau international, et qui contrairement à Giroud, n'a jamais conduit son équipe vers le titre en mode je marche sur la flotte et je transforme les moitiés d'occases en pions aberrants. Quand le joueur d'Arsenal est aligné, il plante, point, basta cosi (nous préparons une licence d'italien littéraire en ce moment), débat clos, end of ze conversation (nous préparons une licence etc.). Il s'agit en plus d'un mec à l'état d'esprit irréprochable, toujours prêt à faire le sale boulot et à aller à la baston contre la défense centrale adverse, qui ne se ménage pas dans les duels aériens et le boulot défensif. 



Comme Cavani, Giroud est un buteur altruiste, c'est-à-dire quasiment un oxymore, qui pense autant et sans doute même davantage à faire sa part de travail pour l'équipe et le collectif qu'à ses statistiques personnelles, qui sont d'ailleurs tout à fait respectables. Il est le seul joueur à la disposition de Deschamps à offrir ce profil de véritable avant-centre de surface, capable de servir de point d'appui dans la zone de vérité et de faire bénéficier ses partenaires de ses remises et déviations souvent justes et bien senties. 

On pouvait dire...oh!Dieu...bien des choses en somme (nous préparons peut-être un peu trop de licences en même temps) pour défendre la présence de Giroud chez les Bleus, comme par exemple le fait qu'il contribue à faire remonter le QI moyen du groupe, mains nous nous arrêterons là car la Suze de 14h n'attend pas. Messieurs les amateurs de coureurs de cent mètres et autres otaries des pelouses, continuez à rager tout votre soûl sur les sites de haut niveau intellectuel que vous fréquentez assidûment. A chaque fois que Giroud marque un but, nous avons une pensée amusée pour vous.

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