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jeudi 13 avril 2017

Pour une réévaluation de la Serie A

Lorsque l'on parle grands championnats européens (et nous autres grands malades de la baballe en parlons plus souvent qu'à notre tour), on évoque spontanément la Liga chère à Fred Hermel (« la meilleure Liga du mooooonde », référence qui n'échappera pas aux habitués de l'After Foot, excellent programme soit dit en passant), la Premier League et ses moyens financiers démesurés qui attirent les plus grandes stars, ou la Bundesliga et ses stades pleins, son jeu attractif et son suspense haletant pour le titre. Etrangement, on disserte moins volontiers sur la Serie A, compétition qui comporte pourtant bien des attraits et ne manque pas d'atouts pour séduire les footophiles de tout poil qui viennent zoner sur cette modeste gazette alors qu'ils pourraient refaire le carrelage de la salle de bain comme tout le monde (personnellement je me renseigne sur internet avant de changer une ampoule, mais cela ne vous regarde pas, alors qu'à mi-course notre Français Raoul Ménard ne compterait qu'un tour de retard).


En premier lieu, le championnat italien possède avec la Juventus, ultra-dominatrice de l'autre côté des Alpes depuis des années, un formidable porte-drapeau. Par rapport aux deux géants espagnols et au Bayern, la Vecchia Signora est très largement sous-considérée et sous-estimée (quel pourcentage de spécialisses et d'analysses aurait mentionné la Juve comme un possible vainqueur de la Champions League cette saison?). Le manque général d'égard qu'on porte à l'équipe d'Allegri, technicien sous-évalué lui-même, suscite l'incompréhension.

On parle tout de même d'une équipe qui compte dans ses rangs le meilleur gardien de tous les temps, une défense centrale extraordinaire prête à laisser sa peau sur le terrain, des latéraux d'exception (Alex Sandro casse littéralement la baraque), un milieu de terrain champion du monde, un tandem d'attaque qui peut faire saliver beaucoup d'autres clubs et des joueurs de complément d'un excellent standing (Benatia, Mandzukic, Pjanic, Lichtsteiner, Sturaro, Pjaca). Les bianconeri ont surclassé le Barça avec une telle maîtrise et une telle force collective qu'on souhaite bonne chance à leurs adversaires en demi-finale (non, il n'y aura pas de remontada cette fois, ou alors je m'engage solennellement à écrire un papier à la gloire de Jean-Michel Aulas).


Certains mauvais esprits ne manqueront pas de rappeler que le Napoli s'est fait sortir par le Real en CL et que Lyon a éliminé la Roma en Ligue Europa. Certes, mais Naples, qui possède quelques éléments qui auraient leur place dans n'importe quelle équipe du continent (Hamsik, Insigne, Mertens qui sort une saison de dingue), a réellement gêné le champion d'Europe en titre, et la Roma s'est sabordée dans les grandes largeurs face aux Gones (mauvaise gestion du deuxième acte à l'aller, occasions manquées au retour, réussite lyonnaise maximale).

Derrière les trois premiers du classement, on trouve sept formations qui donneraient du fil à retordre à un paquet d'équipes issues des supposés « grands championnats » : la Lazio, qui flirte avec les deux points de moyenne, le surprenant Atalanta Bergame, les deux clubs milanais en reconstruction, la Fiorentina, grande favorite des esthètes de ce jeu, la Sampdoria et le Torino. Il faudrait être très persuasif pour nous convaincre que le niveau de Watford, du Celta Vigo et de Schalke 04, dixièmes de leurs championnats respectifs, est supérieur à celui de l'autre club turinois, qui occupe cette même place en Italie. Du point de vue de la densité, la Serie A n'a pas de complexes à faire vis-à-vis des autres ligues du vieux continent.


Pour reprendre les propos de l'inégalable Robert Pirès, toujours d'une imparable pertinence au micro, il faut de beaux joueurs pour faire une bonne équipe et de bonnes équipes pour faire un bon championnat (vous suivez toujours dans le fond ou je repasse le Powerpoint?). Nous avons donc choisi de sélectionner au moins deux joueurs de qualité par club classé entre la quatrième et la dixième place afin de montrer que la botte en a sous la semelle, et pas seulement de quatre jours. 
 
Voici donc la liste des heureux élus : Felipe Anderson, Immobile, Parolo et Lulic (Lazio), Gomez et Caldara (Atalanta), Donnarumma, Bertolacci, Bonaventura et Suso (Milan AC), Handanovic, Miranda (ça ne vaut pas un Stones, Miranda?), Perisic, Banega et Icardi (Inter), Borja Valero, Bernardeschi et Kalinic (Fiorentina), Muriel, Quagliarella et Schick (Sampdoria), Belotti, Falqué et Ljajic (Torino). Sans oublier que d'Allegri à Montella en passant par Sarri, Paulo Sousa, Inzaghi et évidemment l'immense Zeman, les bancs du championnat transalpin ne sont pas trop mal fréquentés dans l'ensemble. Même si les médias en tous genres feront toujours davantage leurs choux gras d'un Tottenham-United ou d'un Séville-Atletico, nous gardons une estime et une tendresse particulières pour un championnat qui mériterait bien plus d'attention et de respect.



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