Lorsque l'on parle grands
championnats européens (et nous autres grands malades de la baballe
en parlons plus souvent qu'à notre tour), on évoque spontanément
la Liga chère à Fred Hermel (« la meilleure Liga du
mooooonde », référence qui n'échappera pas aux habitués de
l'After Foot, excellent programme soit dit en passant), la Premier
League et ses moyens financiers démesurés qui attirent les plus
grandes stars, ou la Bundesliga et ses stades pleins, son jeu
attractif et son suspense haletant pour le titre. Etrangement, on
disserte moins volontiers sur la Serie A, compétition qui comporte
pourtant bien des attraits et ne manque pas d'atouts pour séduire
les footophiles de tout poil qui viennent zoner sur cette modeste
gazette alors qu'ils pourraient refaire le carrelage de la salle de
bain comme tout le monde (personnellement je me renseigne sur
internet avant de changer une ampoule, mais cela ne vous regarde pas,
alors qu'à mi-course notre Français Raoul Ménard ne compterait
qu'un tour de retard).
En premier lieu, le
championnat italien possède avec la Juventus, ultra-dominatrice de
l'autre côté des Alpes depuis des années, un formidable
porte-drapeau. Par rapport aux deux géants espagnols et au Bayern,
la Vecchia Signora est très largement sous-considérée et
sous-estimée (quel pourcentage de spécialisses et d'analysses
aurait mentionné la Juve comme un possible vainqueur de la Champions
League cette saison?). Le manque général d'égard qu'on porte à
l'équipe d'Allegri, technicien sous-évalué lui-même, suscite
l'incompréhension.
On parle tout de même d'une équipe
qui compte dans ses rangs le meilleur gardien de tous les temps, une
défense centrale extraordinaire prête à laisser sa peau sur le
terrain, des latéraux d'exception (Alex Sandro casse littéralement
la baraque), un milieu de terrain champion du monde, un tandem
d'attaque qui peut faire saliver beaucoup d'autres clubs et des
joueurs de complément d'un excellent standing (Benatia, Mandzukic,
Pjanic, Lichtsteiner, Sturaro, Pjaca). Les bianconeri ont surclassé
le Barça avec une telle maîtrise et une telle force collective
qu'on souhaite bonne chance à leurs adversaires en demi-finale (non,
il n'y aura pas de remontada
cette fois, ou alors je m'engage solennellement à écrire un papier
à la gloire de Jean-Michel Aulas).
Certains
mauvais esprits ne manqueront pas de rappeler que le Napoli s'est
fait sortir par le Real en CL et que Lyon a éliminé la Roma en
Ligue Europa. Certes, mais Naples, qui possède quelques éléments
qui auraient leur place dans n'importe quelle équipe du continent
(Hamsik, Insigne, Mertens qui sort une saison de dingue), a
réellement gêné le champion d'Europe en titre, et la Roma s'est
sabordée dans les grandes largeurs face aux Gones (mauvaise gestion
du deuxième acte à l'aller, occasions manquées au retour, réussite
lyonnaise maximale).
Derrière
les trois premiers du classement, on trouve sept formations qui
donneraient du fil à retordre à un paquet d'équipes issues des
supposés « grands championnats » : la Lazio, qui
flirte avec les deux points de moyenne, le surprenant Atalanta
Bergame, les deux clubs milanais en reconstruction, la Fiorentina,
grande favorite des esthètes de ce jeu, la Sampdoria et le Torino.
Il faudrait être très persuasif pour nous convaincre que le niveau
de Watford, du Celta Vigo et de Schalke 04, dixièmes de leurs
championnats respectifs, est supérieur à celui de l'autre club
turinois, qui occupe cette même place en Italie. Du point de vue de
la densité, la Serie A n'a pas de complexes à faire vis-à-vis des
autres ligues du vieux continent.
Pour
reprendre les propos de l'inégalable Robert Pirès, toujours d'une
imparable pertinence au micro, il faut de beaux joueurs pour faire
une bonne équipe et de bonnes équipes pour faire un bon championnat
(vous suivez toujours dans le fond ou je repasse le Powerpoint?).
Nous avons donc choisi de sélectionner au moins deux joueurs de
qualité par club classé entre la quatrième et la dixième place
afin de montrer que la botte en a sous la semelle, et pas seulement
de quatre jours.
Voici
donc la liste des heureux élus : Felipe Anderson, Immobile,
Parolo et Lulic (Lazio), Gomez et Caldara (Atalanta), Donnarumma,
Bertolacci, Bonaventura et Suso (Milan AC), Handanovic, Miranda (ça
ne vaut pas un Stones, Miranda?), Perisic, Banega et Icardi (Inter),
Borja Valero, Bernardeschi et Kalinic (Fiorentina), Muriel,
Quagliarella et Schick (Sampdoria), Belotti, Falqué et Ljajic
(Torino). Sans oublier que d'Allegri à Montella en passant par
Sarri, Paulo Sousa, Inzaghi et évidemment l'immense Zeman, les bancs
du championnat transalpin ne sont pas trop mal fréquentés dans l'ensemble. Même
si les médias en tous genres feront toujours davantage leurs choux
gras d'un Tottenham-United ou d'un Séville-Atletico, nous gardons
une estime et une tendresse particulières pour un championnat qui
mériterait bien plus d'attention et de respect.
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