Même si, comme on a pu l’écrire plus haut (non pas là, plus haut encore), le joueur restait sur un dernier exercice encourageant, il était impossible de prévoir une telle explosion (14 buts lors des huit premières journées), digne d’un nouveau phénomène des pelouses allemandes. Aujourd’hui, Guirassy est le fer de lance de la troisième meilleure attaque de Bundesliga et d’une des toutes meilleures formations d’outre-Rhin, et on peut légitimement se demander si le Stade Rennais, club officiel de la lose qui se trimballe toujours Gouiri et Kalimuendo (dix buts à eux deux cette saison en Ligue 1), ne se mord pas ce qui lui reste de doigts d’avoir laissé filer une telle pépite contre neuf millions d’euros. Puissant, massif, musculeux (1,87m pour 82kg), doté d’une belle qualité de frappe, plutôt mobile pour son gabarit et très à l’aise dans le jeu aérien, le Guinéen possède un profil rare (une sorte d’Osimhen avec une carrure de fortiche des Halles) qui a de quoi faire saliver bon nombre de clubs européens. Tout aussi capable de venir battre le gardien en un contre un après avoir pris la profondeur, de claquer une mine des vingt mètres que de venir couper un centre d’un coup de tête rageur, il fait montre de toute l’étendue de sa panoplie et se révèle enfin aux yeux de l’Europe à 28 balais. Son entraîneur Sebastian Hoeness n’a d’ailleurs pas hésité à comparer son attaquant à Sa Majesté Harry Kane, dont le rôle au Bayern est selon lui aussi crucial que celui de Guirassy au VFB, ou inversement.
Guirassy n'est pas un inconnu en France, puisqu'après être passé par Laval, où il a été formé, Lille, Cologne, puis Amiens, où il s'est révélé au petit monde de la Ligue 1 (9 buts en 2019-2020) et avec lequel il inscrit notamment un doublé face au PSG, il signe à Rennes à l'été 2020 pour la somme rondelette de 14 millions d'euros (cinquième recrue la plus chère de l'histoire du club) alors que des clubs anglais comme Arsenal, Tottenham ou West Ham se montrent intéressés. Buteur dès sa première titularisation sur la pelouse de Nïmes, il claque 19 buts en 64 matches sous le maillot rennais et le premier but en Champions League des rouge et noir contre Krasnodar (il plante à nouveau contre Chelsea quelques semaines plus tard). Barré par Martin Terrier, auteur de 21 réalisations en 2021-2022, il joue les remplaçants de luxe en plantant en moyenne toutes les 150 minutes mais comprend que le club breton ne lui offrira jamais une place de titulaire malgré un salaire conséquent. Il décide alors de rejoindre le VFB Stuttgart en prêt avec option d'achat à l'aube de la saison dernière. Le VFB évite la relégation de peu mais Guirassy commence à briller au sein d'une équipe qui ne gagne que sept petits matches et n'inscrit que 45 buts en Bundesliga.
La saison dernière, Guirassy aurait conquis haut la main le titre de meilleur buteur de Bundesliga, puisque Füllkrug et Nkunku n'avaient atteint que le maigre total de 16 réalisations, mais le paysage a radicalement changé avec la signature d'Harry Kane au Bayern. Auteur de 27 pions en championnat, l'avant-centre anglais, qui n'est pas assuré de glaner son premier trophée collectif, écrase littéralement la concurrence, joueur le plus rapide à atteindre la barre des 25 buts en championnat. Guirassy ne comblera vraisemblablement pas l'écart qui le sépare de son rival bavarois (il considère même comme une récompense en soi d'être associé dans les esprits à l'attaquant des Three Lions) mais pourra tester ses armes contre les meilleures défenses du continent la saison prochaine. Est-il envisageable de voir Kane et Guirassy associés sous le même maillot? On sait (enfin nous savons surtout nous autres à LPC) que le Bayern aime recruter les meilleurs artificiers du pays et ainsi se renforcer tout en affaiblissant la concurrence (Elber, Pizarro, Gomez, Lewandowski, les exemples sont nombreux) mais dans la mesure où les deux hommes sont deux purs chasseurs de buts (même si Kane est loin d'être maladroit dans le jeu de remise), il est permis d'en douter, à moins que le futur successeur de Tuchel ne privilégie un système à deux pointes. Avant de faire le point sur son avenir, qui s'écrira peut-être à Stuttgart, Guirassy va tranquillement continuer à empiler les pions pourvu que les pépins physiques, comme ceux qui avaient légèrement freiné son ascension à l'automne dernier, veuillent bien l'épargner.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire