Alors qu’on l’annonçait partant vers d’autres cieux (notamment Tottenham, qui aurait songé à lui pour « remplacer » Harry Kane), Jonathan David maintient le cap et continue à joliment empiler les pions avec le LOSC. Après un début de saison morose possiblement passé a ressasser son transfert avorté après trois années passées dans le Nord, le Canadien est brusquement sorti de sa relative torpeur pour claquer avec une régularité métronomique depuis le début de l’année (neuf buts en Ligue 1 dont un triplé face au Havre et un doublé salvateur contre Rennes dans les dernières minutes, sans oublier un doublé en Coupe d’Europe sur la pelouse du Sturm Graz). Seul à suivre le rythme infernal imposé par Mbappe en 2024, l’attaquant du LOSC demeure une valeur sûre et l’un des rares buteurs véritablement fiables de notre Ligue 1 avec Lacazette et Ben Yedder. Pour ce qui sont peut-être ses dernières semaines avec le club nordiste, David semble décidé à contribuer à installer son équipe sur le podium du championnat et pourquoi pas lui offrir un premier titre continental historique (certes en Ligue Europa Conférence, mais on ne peut pas se permettre dans ce pays de cracher sur la « petite » Coupe d’Europe). Parfois taxé de nonchalance, il paraît avoir retrouvé tout son allant et tout son opportunisme pour le plus grand bonheur de Fonseca, qui l’a récemment décrit comme un joueur intelligent et très important pour le jeu de son équipe quelques mois après ne pas avoir hésité à le reléguer sur le banc quand il traînait son spleen et son inefficacité devant les cages (après les douze premières journées, David n’avait trouvé que deux fois le chemin des filets).
Auteur d’une saison 2022-2023 épatante (24 réalisations, son meilleur total dans l’élite), David fait figure sur les quatre dernières saisons de meilleur attaquant du championnat derrière vous savez qui. Avec un total de 66 buts en 137 matches, l’ancien meilleur buteur du championnat belge avec La Gantoise affiche la remarquable moyenne de 0,48 but par match en Ligue 1. Véritable renard des surfaces, pour reprendre un expression consacrée chère à Rommel, il sent toujours parfaitement les coups, fait preuve d’un joli flair sur les seconds ballons, d’une grande adresse devant les buts et d’une belle capacité à combiner dans les petits espaces. Souvent remarquablement servi par Cabella et consorts, ses appels de balle restent un modèle du genre et son jeu de tête est loin d’être dégueulasse pour un joueur qui ne mesure que 1,75m. Il ne faut pas compter sur lui pour signer des chevauchées mémorables balle au pied ou dribbler quatre types dans une cabine téléphonique, et s’il n’a rien d’un joueur spectaculaire ou flashy, son sens du but, sa capacité à se déplacer et à se situer intelligemment et sa présence toujours menaçante dans les seize mètres font de lui un redoutable attaquant. Malheureusement pour lui et même s’il flambe comme un malade, il reste trop peu mis en avant de par le faible impact médiatique de son club, qui n’aura jamais le même retentissement sur la scène nationale que le PSG ou l’OM (à ce propos, aviez-vous compris que, comme nous le serine quotidiennement la presse hexagonale, Gasset était un pur génie tactique et de management tandis que Luis Enrique n’était rien qu’une pipe incapable de gérer un vestiaire?).
Il faudra à David sans doute quitter la France, pays cruel envers ses héros s’il en est, et l’atmosphère feutrée du LOSC pour enfin se voir reconnu à sa juste valeur. Si un Doku a pu signer à City, il n’y pas de raison qu’il ne puisse pas à son tour rejoindre un des meilleures équipes anglaises. A vrai dire, il est vrai (certes, cela fait beaucoup de vrais, mais LPC n’est-il pas le garant d’une certaine vérité?) qu’on l’imaginerait assez facilement à Tottenham, un club à taille humaine mais doté de réelles ambitions et régulièrement qualifié pour la Champions League, qui plus est fier de sa prestigieuse lignée de buteurs maison (Kane, Greaves, Defoe, Keane, Sheringham, Hoddle, Allen). Plutôt que de faire confiance à de jeunes Danois prometteurs (ne soyons pas gratuitement méchants, ce qui n’est pas le genre de la maison, Hojlund sera sans doute un excellent joueur) ou des Brésiliens improbables qui ne savent que se dribbler eux-mêmes (Antony, le joueur le plus surcoté de toute la Premier League avec Grealish), United serait sans doute bien inspiré de faire signer le Canadien, seulement âgé de 24 ans et dont on ne doute pas une seconde que les maillots floqués à son nom se vendraient comme des petits pains à Singapour (si tant est que le petit pain se vende bien à Singapour, il faudrait poser la question à Antoine de Maximy). Et si Arteta ouvrait un peu les yeux, il s’apercevrait que David possède un potentiel bien supérieur à celui d’Havertz, véritable catastrophe ambulante en short, et qu’il ne ferait pas tache dans l’effectif des Gunners. En attendant de voir refleurir les rumeurs de transfert autour de sa personne et éventuellement se résigner à le voir quitter notre beau pays, réjouissons-nous de pouvoir encore suivre quelques temps les aventures de ce joueur rare sur nos fraîches pelouses de Ligue 1.
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