Au sein du turnover opéré par Luis Enrique (au fait, bande d'handicapés du bulbe qui osez titrer que le PSG "patine" en Ligue 1, vous n'aviez pas compris que le patron faisait gentiment tourner en vue des échéances importantes et que dans son esprit le championnat était une affaire déjà réglée?), quelques joueurs ont émergé au milieu malgré la concurrence féroce. Difficile de ne pas évoquer le cas Zaïre-Emery, véritable révélation de la saison qui non seulement s'est installé comme titulaire indiscutable au sein d'un des meilleurs clubs européens mais semble devoir faire partie du groupe France pour le prochain Euro en Allemagne (et dire que Galtier ne lui a fait jouer que de vagues bouts de matches alors qu'il avait sous le coude un futur international). Il le doit à ses prestations remarquables au plus haut niveau, en Champions League notamment, où il n'a cessé d'épater la galerie par son aplomb et son aisance et a grandement contribué à la qualification des siens pour les quarts. Au début de saison, Manuel Ugarte avait impressionné les observateurs par son abattage, sa capacité à déclencher le pressing et à harceler le porteur adverse, son goût pour le duel ainsi que son côté "chat maigre" et mort de faim si typiquement uruguayen. Ravis, les supporters parisiens pensaient alors que leur club avait enfin déniché un digne successeur à Thiago Motta dans le rôle de sentinelle devant la défense, mais il faut bien avouer que le transfuge du Sporting est quelque peu rentré dans le rang et a perdu sa place de titulaire dans les matches qui comptent.
En grande difficulté la saison dernière, Fabian Ruiz est enfin sorti de la cave pour signer quelques performances convaincantes, notamment contre la Real Sociedad. L'Espagnol a su tirer profit de la confiance que lui accorde son entraîneur, qui compte sur lui pour assurer la première relance et des sorties de balle propres face au pressing adverse. A défaut de briller, il sait se montrer sobre et juste dans ses transmissions sans jamais prendre trop de risques, un style sans fioritures qui donne une bonne assise à l'ensemble et que semble apprécier Luis Enrique. Dans un registre vif, virevoltant et opportuniste, Lee Kang-in a montré de fort jolies choses, mas le vrai boss du milieu se nomme Vitinha, petit bonhomme ("oui mon petit bonhomme" cf Luis Fernandez 1986) d'1,72m qui n'en finit pas d'enchaîner les sorties épatantes et a su endosser le costume XXL de Verratti, qu'on disait pourtant irremplaçable, comme véritable plaque tournante, cerveau et playmaker de l'équipe. Impeccable de constance, infatigable, juste, précis, clairvoyant, Vitinha occupe avec brio la fonction de régulateur du jeu parisien. Tandis que Ruiz se charge de la première passe et que Zaïre-Emery affectionne les longues courses balle au pied, il est celui qui oriente, régule, dirige la manœuvre, donne de la verticalité au jeu. Très à l'aise dans le petit jeu et les dribbles de dégagement, il possède une faculté unique à conserver la chique et permet à son équipe d'enchaîner les longues phases de possession, sans compter que le garçon n'est guère maladroit sur les phases de contre-attaque.
La principale différence entre Vitinha et Verratti réside dans le fait que le Portugais n'hésite pas à prendre sa chance dans la zone de vérité et plante avec une jolie régularité (six pions en Ligue 1, autant que Gonçalo Ramos qui il est vrai joue moins mais évolue en pointe). Si d'aucuns sinistres pollueurs de forums et commentateurs du dimanche soir font encore la fine bouche sur son faible taux de réussite (plus de cent tirs tentés pour six réalisations, un taux de réussite de 16% contre 22% pour Mbappé, mais le football comme le basket ne se résument pas aux simples statistiques), il n'empêche que Vitinha représente une véritable menace à l'approche des seize mètres et nous a gratifiés de quelques jolies lucarnes. Ni pur récupérateur, ni milieu relayeur, ni meneur de jeu, il enfile au cours d'un même match les trois casquettes pour tantôt gratter un ballon, tantôt remonter le cuir, tantôt servir ses attaquants dans la profondeur. Extraordinairement complet, il incarne parfaitement le jeu fait d'échanges courts et de contrôle que Luis Enrique souhaite mettre en place et évoque dans ses meilleurs moments les plus grands cerveaux du jeu, notamment Iniesta (toutes proportions gardées évidemment, l'Espagnol étant un monument du football qu aurait mérité, comme tant d'autres, un Ballon d'Or, si tant est que cette distinction signifie encore quelque chose), Nedevd, Gündogan ou Seedorf, ces petits gabarits courts sur pattes capables d'à peu près tout faire sur un terrain, à l'inverse de bons gros bourrins du milieu type Kondogbia ou Sissoko, qui fileraient de l'urticaire à Luis Enrique. A contre-courant des stéréotypes, Vitinha incarne la revanche des purs techniciens sur les chevaux de labeur de l'entre-jeu.
Exception faite de Donnarumma, très critiqué à l'automne mais excellent depuis (il ne fait aucun doute qu'il est désormais le meilleur gardien du championnat devant de très bons spécialistes du poste comme Bulka, Samba ou Chevalier), Vitinha est sans conteste le meilleur joueur parisien de la saison avec Mbappé et mérite de figurer dans n'importe quelle équipe type de l'année. Ultra-régulier et toujours au rendez-vous quand la pente s'élève, il s'est imposé comme un élément de classe mondiale et montre que, malgré quelques coups foireux (90 millions pour Kolo Muani, on se pince encore pour y croire), Luis Campos peut parfois avoir le nez creux, lui qui est allé chercher le jeune milieu de terrain au FC Porto pour un peu plus de 40 millions, une somme cadeau si l'on considère le rendement du joueur (le conseiller sportif aurait un œil sur à peu près tous les joueurs valides et vaccinés mais plus particulièrement sur un autre jeune milieu argentin du FC Porto, Alan Varela). Les Angliches n'ont sans doute pas fini de se palucher sévère sur la gueule de leur onze en vue du prochain Euro (Bellingham, Foden, Saka, Kane, nous aurons l'occasion d'en recauser sur LPC) mais on ne peut s'empêcher de penser dans les milieux autorisés chers à Coluche que le milieu portugais ne manquera guère d'allure en Allemagne avec Vitinha, Bruno Fernandes et Bernardo Silva (sans oublier que deux autres Parisiens, Danilo Pereira et Nuno Mendes, ont été appelés dans la dernière liste de Roberto Martinez). Si un certain Cristiano Ronaldo n'était pas portugais ou avait eu la décence de prendre sa retraite internationale en même temps que sa pré-retraite footballistique en Arabie Saoudite, on souhaiterait presque à ses compatriotes de soulever le trophée en juillet prochain.
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