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samedi 11 décembre 2010

Portugal-Grèce 2004: braquage à la grecque

Le Portugal ne peut pas perdre la finale de son Euro, qui doit apporter au pays son premier trophée international et effacer des mémoires le souvenir douloureux de la demie-finale brûlante perdue face à la France quatre ans auparavant. Ce 4 juillet 2004, c'est le jour de gloire tant attendu, la fin de décennies de frustration et la consécration devant son public d'une génération exceptionnelle.


Le Portugal a trop souffert pour échouer si près du but. Il s'est arraché pour renverser la vapeur en poules après la cuisante défaite lors du match d'ouverture et s'est sorti les tripes pour sortir l'Angleterre au bout d'une irrespirable série de tirs aux buts, puis les Pays-Bas dans le match des losers du début des années 2000. La Seleccao a su résister à l'étouffante pression populaire et médiatique pour se forcer un passage jusqu'à la première grande finale de son histoire. Tous les ingrédients sont réunis, le scénario paré de tous les attraits de la perfection, et ce dernier match ne doit être en toute logique que le dernier chapitre d'une épopée victorieuse.

Battus par les Grecs trois semaines plus tôt, les hommes de Scolari ne peuvent pas se faire surprendre une deuxième fois. Pour leur première rencontre dans la compétition, ils avaient l'estomac noué et les jambes en coton, et se sont simplement faits cueillir pour une équipe réaliste et opportuniste. Depuis, ils sont montés en puissance et ont acquis des certitudes dans le jeu. Sur le papier, le Portugal dispose de tous les atouts pour faire sauter le verrou grec et dilapider façon puzzle le 4-5-1 ultra-bétonneur et prévisible de Rehhagel qui a si bien fonctionné contre la France et la République Tchèque.

Soutenu par Maniche et Costinha, le quatuor Deco-Ronaldo-Figo-Pauleta doit remettre les pendules à l'heure et mettre fin à l'énorme blague grecque, qui n'amuse pas grand-monde sinon les Hellènes eux-mêmes et quelques nostalgiques d'Helenio Herrera. L'aigle des Açores, qui n'a pas encore marqué dans la compétition, possède le profil parfait du héros revenu de nulle part pour claquer un mémorable doublé et faire chavirer l'Estadio da Luz. En une demie-heure, la chose devrait être réglée, et la fête pourra alors battre son plein.

Comme prévu, les locaux campent dans le camp de l'adversaire, mais se procurent très peu d'occasions au cours du premier acte, ne faisant que tenter leur chance de loin par Miguel ou Maniche. A la mi-temps, les chants des supporters grecs distillent le doute chez les joueurs et dans les tribunes, et la menace d'une défaite aussi affligeante qu'insupportable pèse à nouveau sur Lisbonne. Les coéquipiers de Figo viennent sans cesse buter sur le bloc adverse et s'agacent, cherchant vainement à trouver la faille sur un exploit personnel ou à provoquer un improbable penalty.

ronaldoA la 57ème, Seitaridis obtient un corner au terme d'une contre-attaque sur le flanc droit. Basinas soigne sa frappe et trouve le crâne de l'inévitable Charisteas, déja buteur face à la France, qui saute plus haut qu'Andrade et plonge toute une nation dans la consternation. Sonné, le Portugal tente confusément de réagir, mais Carvalho voit son tir repoussé par Nikoplidis et Figo manque le cadre d'un rien en fin de match. Après quatre minutes d'arrêts de jeu, le coup de sifflet final de M. Merk résonne lugubrement dans un stade pétrifié qui, comme l'ensemble de la planète football, ne parvient pas à croire que la Grèce vient de devenir championne d'Europe. 

Sur trois coups de boule et trois victoires minimales, la Grèce a eu la peau de tous ses adversaires, usés par sa rigueur tactique, son hermétisme défensif et sa roublardise de tous les instants. Ultra-limitée techniquement et régie par des principes réactionnaires, l'équipe de Rehhagel est parvenue tour après tour à dérégler les plus belles mécaniques adverses pour au bout du compte filer avec le magot. Elle a fait un étendard de son cynisme et puisé sa force destructrice dans son 'unité contre une critique unanime ainsi que dans un anti-romantisme revendiqué.

Tout au long du tournoi, la Grèce a pris un plaisir jouissif à jouer le rôle du méchant que tout le monde veut voir dégager et qui met un point d'honneur à survivre. On ne saura jamais si les Portugais, ultra-favoris et nettement supérieurs à leurs vainqueurs en valeur pure, ont péché par excès de confiance ou si leurs muscles ont été tétanisés par l'enjeu écrasant du match, mais une chose est certaine: il aurait mieux valu pour eux pour eux se frotter aux Tchèques qu'à cette vilaine clique de briseurs de rêves.


4 juillet 2004, Estadio da Luz, Lisbonne: Portugal 0 - Grèce 1
But: Charisteas (57)
Portugal: Ricardo - Miguel  (Paulo Ferreira 43)- Ricardo Carvalho - Andrade - Nuno Valente - Costinha  (Rui Costa 60)- Maniche - Deco - Figo - Ronaldo - Pauleta (Nuno Gomes 74)
 Grèce: Nikopolidis - Seitaridis - Dellas - Kapsis - Fyssas - Giannakopoulos (Venetidis 76)- Basinas - Zagorakis - Katsouranis - Charisteas - Vryzas (Papadopoulos 81)






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