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samedi 26 février 2011

Roberto Ayala, le taulier argentin

robertoPatrie de certains des plus grands artistes de l'histoire du football mondial dont il semble superflu de rappeler les noms, l'Argentine a également produit nombre de défenseurs de grande classe pour le moins généreux dans le contact, de Daniel Passarella à Oscar Ruggeri en passant par Nestor Sensini ou Javier Zanetti. Roberto Ayala, arrière central dominant au sommet de sa forme au début des années 2000, s'inscrit pleinement dans cette grande tradition des défenseurs argentins, rugueux et durs sur l'homme, amateurs de duels et de combats rapprochés, intraitables en un contre un et dotés d'une grande intelligence tactique.


Du haut de son 1,77m, Ayala planait sur le jeu aérien grâce à des qualités physiques peu communes et un engagement total. Dégageant une autorité naturelle impressionnante, le bonhomme ne craignait aucun profil d'attaquant, et pouvait tout aussi bien éteindre un petit gabarit vif et dribbleur que prendre la mesure d'un avant-centre physique et bagarreur. Jamais en reste question de mettre la semelle sans pour autant qu'on puisse le qualifier d'odieux matraqueur, il imposait une présence intimidante aux abords de sa surface et montrait l'exemple par sa combativité et sa haine pure et simple de la défaite. Il incarne le parfait chef d'arrière-garde que tout entraîneur sensé rêverait d'avoir dans son équipe.

Après trois années passées sous le maillot de Ferro Carril Oeste, club de Buenos Aires fondé par des travailleurs du rail, Ayala rejoint les rangs de la prestigieuse équipe de River Plate en 1994, où il côtoie des joueurs aussi talentueux que Matias Almeyda, Ariel Ortega,  Marcelo Gallardo ou Hernan Crespo. Au terme de l'Apertura 1994-95 (le championnat est scindé en deux phases aller et retour distinctes), le club est sacré champion en restant invaincu en dix-neuf rencontres et en n'encaissant que quatorze buts, grâce notamment aux remarquables performances de sa nouvelle recrue défensive.

Les exceptionnelles qualités d'Ayala, agé de vingt-et-un ans seulement et appelé pour la première fois en sélection par Passarella en novembre 1994, ne passent évidemment pas inaperçues, et le nouveau phénomène attise la convoitise des plus grosses écuries européennes. Désireux de traverser l'Atlantique le plus rapidement possible, il répond favorablement aux avances de Parme dès 1995. Le club ayant déjà atteint son quota de trois joueurs extra-communautaires, l'Argentin se voit prêté au Napoli, qui rachète la moitié de son contrat. Il passera trois saisons à Naples dans la peau d'un titulaire indiscutable avant d'être transféré au Milan AC en 1998, où Zaccheroni lui préfère souvent  Costacurta ou Luigi Sala.

Les dirigeants du FC Valence s'offrent l'affaire du siècle lorsqu'ils le font signer en 2000 pour la somme dérisoire de trois millions d'euros. A vingt-sept ans et après deux saisons sur le banc du Milan AC, Ayala a les crocs et a atteint l'âge où les grands défenseurs commencent à donner leur pleine mesure. S'imposant immédiatement comme un des tauliers de l'équipe, il enchaîne les prestations impeccables et contribue grandement à la superbe saison du club, battu en finale de Champions League par le Bayern aux tirs aux buts après avoir éliminé Arsenal et Leeds. Sous le maillot de Valence, avec lequel il dispute près de 300 matches, Ayala est enfin reconnu à sa juste valeur et gagne sa place parmi les tous meilleurs défenseurs de la planète.

Aux côtés de Canizares, Carboni, Baraja, Albelda et Joaquin, il remporte deux fois la Liga au nez et à la barbe des deux géants en 2002 et 2004, patron d'une défense de fer qui encaisse moins de trente buts en 2001-2002 et 2003-2004. En 2006, le nouveau directeur sportif Amadeo Carboni refusant de lui offrir un nouveau contrat, Ayala signe à Saragosse et termine tranquillement sa carrière européenne en deuxième division espagnole avant de retourner au pays et de tirer définitvement sa révérence à trente-sept ans sous les couleurs du Racing Club de Avellanada.

Deuxième joueur le plus capé de l'histoire de l'Albiceleste derrière Javier Zanetti avec 115 sélections entre 1994 et 2007 et capitaine régulier de l'équipe nationale, Ayala a été retenu dans les listes pour trois Coupes du Monde, assistant impuissant à la débacle de 2002 suite à une blessure de dernière minute survenue juste avant le premier match. En 2006, il fait partie de la all-star team sélectionnée par la FIFA, en compagnie de Thuram, Terry, Carvalho et Cannavaro. Comme malheureusement nombre de grands joueurs argentins de sa génération, Ayala n'a pas remporté le moindre trophée avec la sélection, s'inclinant notamment deux fois devant le Brésil en finale de la Copa America en 2004 au Pérou et en 2007 au Venezuela.

Lors du match perdu face à la Seleçao à Maracaibo, il a même le malheur de marquer un but contre son camp qui permet à l'adversaire de tuer le match après l'ouverture du score de Julio Baptista. C'est sur cette note amère qu'il décide de mettre un terme à sa longue carrière internationale, déclarant que son geste infortuné n'avait eu aucune influence sur sa décision et que le temps était simplement venu. Regrettablement, même les meilleurs n'ont pas toujours le privilège de se retirer sur une victoire.

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