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samedi 19 février 2011

Top 10: cartons rouges

Les expulsions, qu'elles soient justifiées ou non, font partie intégrante de l'histoire du jeu et ont contribué à nourrir sa légende. Certains cartons rouges ont changé le cours de grandes finales ou marqué au fer (rouge, évidemment) la carrière de certains joueurs, tandis que d'autres n'ont fait que confirmer la funeste réputation de leur destinataire. Suivant les cas, les bannis de la pelouse sont soit des salopards, soit des victimes, soit un incertain mélange des deux. Voici une sélection de quelques-unes des biscottes fatales distribuées dans le football international depuis 1986, quand de Jong et Barton commençaient à peine à s'entraîner sur les tibias de leurs petits camarades à la maternelle.




José Batista (13 juin 1986, Estadio Neza, Nezahualcoyotl, Mexique)
batista.jpgPour le dernier match de poule du groupe E lors du Mondial mexicain de 1986, l'Uruguay et l'Ecosse s'affrontent pour une place en huitièmes de finale. Les deux formations sont mal embarquées, les partenaires de McStay ayant perdu leurs deux matches tandis que la Celeste en a pris six dans la musette contre le Danemark. Après même pas une minute de jeu, le défenseur uruguayen José Batista descend Gordon Strachan par derrière aux abords des trente mètres. L'arbitre français Joël Quiniou n'hésite pas et expulse l'auteur de l'attentat, pour ce qui reste à ce jour le carton rouge le plus rapide de l'histoire de la Coupe du Monde, le joueur n'étant resté sur la pelouse que 56 secondes. Même Van Bommel n'a pas fait mieux. Malgré leur infériorité numérique, les Uruguayens parviennent à arracher le nul et à se qualifier parmi les meilleurs troisièmes pour le tour suivant, où ils se feront sortir par le futur vainqueur argentin.



David Beckham (30 juin 1998, Stade Geoffroy-Guichard, Saint Etienne, France)
becks.jpgLe match entre l'Argentine et l'Angleterre, un des plus beaux du Mondial français, reste dans la mémoire nationale anglaise davantage associé à l'expulsion du Spice Boy, coupable d'un mauvais geste sur Simeone, qu'au pion d'anthologie de Michael Owen. Suite à l'élimination de l'équipe aux trois lions, Beckham est devenue la cible privilégiée des médias qui lui firent porter la responsabilité de la défaite face à un rival historique. La campagne de presse fut d'une rare violence et on vit même des effigies du joueur pendues au bout d'une corde dans les rues de certaines villes du pays. Beckham dut attendre son coup franc miraculeux contre la Grèce en 2001, synonyme de qualification pour la Coupe du Monde, pour retrouver son statut iconique. Il a été appelé à 95 reprises sous le maillot de l'équipe nationale, dont il fut 58 fois le capitaine.



Laurent Blanc (6 juillet 1998, Stade de France, St Denis, France)
cr-blanc.jpgLors de la demie-finale de Saint Denis face à la Croatie, et alors que le score est déjà de deux buts à un, Bilic s'effondre suite à un accrochage avec Blanc sur un coup de pied arrêté frappé par ZIdane. A peine touché au visage, le Croate en fait des caisses dans la grande tradition théâtrale nationale et provoque l'expulsion du Président, qui, crève-coeur, se voit privé de finale: une injustice totale au vu du comportement toujours irréprochable du monsieur, défenseur aussi classieux que propre. Avant ce match, Blanc n'avait jamais été exclu d'un match. Il sera remplacé par Leboeuf, qui s'acquittera fort bien de la tâche aux côtés de Marcel Desailly. Les deux hommes sont par la suite devenus sélectionneurs de leur pays respectifs: probablement leur unique point commun, à moins qu'ils n'apprécient tous deux le beaujolpif.



Roy Keane (21 avril 2001, Old Trafford, Manchester, Angleterre)
keano.jpgEn 1997, suite à une faute du Norvégien Haaland, Roy Keane se blesse gravement au genou et reste éloigné des terrains pendant des mois. Quatre ans plus tard, lorsque le bad boy irlandais croise à nouveau la route de son adversaire à l'occasion du derby mancunien, il lui fracasse littéralement la jambe d'une terrible savate à mi-jambe. Suspendu trois matches et condamné à 5000 livres d'amende, Keane avouera peu après dans son autobiographie avoir voulu délibérément mettre fin à la carrière d'Haaland, ce qui lui vaudra de purger cinq matches supplémentaires et une rallonge de 150 000 livres. Il s'agit sans doute du chapitre le plus choquant de l'histoire sanglante de Roy Keane, personnage aussi détéstable qu'admirable, adulé par les fans de United. 



  Jens Lehmann (17 mai 2006, Stade de France, Saint-Denis, France)
lehmann.jpgSur le papier, la finale de la Champions League 2005-2006 entre le Barça d'Eto'o et Ronaldinho et le Arsenal d'Henry a de quoi faire saliver le footophile. Pendant près de vingt minutes, les débats sont équilibrés et le spectacle s'avère à la hauteur des attentes. Mais à la 18ème minute, Lehmann, sorti de son but, fauche Eto'o, lancé en profondeur, et se voit prié de rejoindre les vestiaires. Malheureux comme les pierres, Pirès doit sortir pour laisser entrer Almunia dans les cages. Réduits à dix, les Gunners, courageux, parviennent tout de même à ouvrir le score par Campbell, avant que le Barça ne renverse la vapeur dans le dernier quart d'heure. On pourra toujours se demander si, à égalité numérique, Arsenal n'aurait pas remporté ce soir-là sa première coupe aux grandes oreilles.



Pedro Monzon (8 juillet 1990, Stade Olympique, Rome, Italie)
pmonzon.jpgFaux sommet d'un Mondiale italien dans l'ensemble assez hideux, la finale entre la RFA et l'Argentine peut êtrre considéré comme la plus moche de l'histoire de l'épreuve. Entré en jeu à la mi-temps dans un match fermé et heurté, le défenseur argentin devient vingt minutes plus tard le premier joueur expulsé d'une finale mondiale, après un attentat sur Klinsmann parti sur le côté droit. Monzon, qui porte le même patronyme qu'un célèbre boxeur, sera imité en fin de match par son coéquipier Dezotti, qui laissera l'Argentine s'incliner sans gloire à neuf contre onze. Horrible de bout en bout, la rencontre constitue le symbole d'un football dont on regrette guère la disparition.



Frank Rijkaard (24 juin 1990, Stadio Giuseppe Meazza, Milan, Italie)
rijkaard.jpgAprès vingt minutes d'un huitième de finale hyper-tendu entre la RFA et les Pays-Bas, Rijkaard se rend coupable d'une faute sur Völler et reçoit un carton jaune qui le suspend automatiquement pour le match suivant. Le charmant attaquant allemand prend à son tour une biscotte pour contestation, puis heurte volontairement Van Breukelen sur le coup franc qui s'ensuit, ce qui lui vaut un deuxième carton. Au passage, Rijkaard balance un crachat au visage de Völler, ce qui n'échappe pas à l'arbitre. A la 22ème minute, les duettistes prennent ensemble la direction des vestiaires. Au final, les Allemands s'imposeront 2-1 grâce à des buts signés Klinsmann et Brehme, pour un succès aussi polémique que capital sur la route du titre.



Wayne Rooney (30 juin 2006, Veltins Arena, Gelsenkirchen, Allemagne)
wayne.jpgDeux ans après le quart de finale de l'Euro dantesque entre les deux équipes, Anglais et Portugais se retrouvent au même stade de la compétition lors de la Coupe du Monde allemande. Aux alentours de l'heure de jeu, alors que le score est toujours nul et vierge; Rooney, à la lutte au milieu de terrain avec deux joueurs adverses, piétine sans vergogne les parties intimes de Ricardo Carvalho sous les yeux de l'arbitre. Réduits à dix, les Anglais s'inclinent une nouvelle fois aux tirs aux buts, comme en 1990, 1998 et 2004.. Comble d'ironie, Rooney commet l'irréparable sous les yeux de David Beckham, sorti dix minutes auparavant. Dans un véritable cauchemar à répétition, c'est à nouveau un kid de Manchester qui concentre les critiques après l'élimination.



Mark Van Bommel (29 janvier 2011, Stadio Angelo Massimino, Catane)
vanbommel.jpgPrécédé d'une réputation de tueur loin d'être usurpée (comment a-t-il pu finir la finale du dernier Mondial?), Mark la menace quitte le Bayern au mercato d'hiver pour rejoindre les jeunots du Milan AC et les poètes Gattuso et Flamini au milieu. Histoire de signer son entrée en Serie A et d'entretenir sa légende, Van Bommel se fait expulser dès son premier match sous le maillot rossonero face à Catane, recevant un deuxième carton pour un balayage en règle à la 54ème. S'il avait été qualifié pour le match de Champions League contre Tottenham, Van der Vaart aurait peut-être fini le match sur une civière. Dommage que Van Bommel donne souvent raison à ses détracteurs, car le bonhomme est aussi un sacré joueur de football et un patron de vestiaire respecté. Le Roy Keane hollandais, en somme.



Zinedine Zidane (9 juillet 2006, Stade Olympique, Berlin, Allemagne)
zizou.jpgImpossible de ne pas évoquer le coup de boule du numéro 10 français face à l'Italie. Oui, avec lui, les Bleus seraient sans doute venus à bout d'une Squadra sur les rotules. Non, Zidane, qui a collectionné une quinzaine de cartons rouges au cours de sa carrière, n'en était pas à son coup d'essai, et avait une certaine tendance à dégoupiller. Au-delà des fausses questions morales sur le pseudo-devoir d'exemplarité des footeux, il restera toujours le souvenir amer d'une sortie ratée et les regrets de ne pas avoir conquis un deuxième trophée mondial à la portée de l'équipe de France. Malgré tous les doctes avis des intellectuels de plateaux et les analyses fumeuses des psychologues de comptoir, tout le reste n'est que littérature.



























   

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