
Les
hommes de Scolari n'ont pas eu à forcer leur talent dans un groupe
facile où ils ont tranquillement disposé de l'Angola, de l'Iran et du
Mexique grâce à cinq buteurs différents. De leur côté, les Oranje ont
réussi à s'extraire de la "poule de la mort" en battant une pathétique
Serbie puis la Côte d'Ivoire avant de tenir en échec l'Argentine,
considéré comm l'épouvantail de la compétition. Toujours pourvus en
joueurs de classe et régulièrement cités parmi les outsiders, les
Pays-Bas n'ont atteint le dernier carré mondial qu'à une seule reprise
depuis 1978 et veulent retrouver leur standing, tandis que le Portugal,
éliminé au premier tour en Asie, cherche à effacer la déception de la
cruelle défaite en finale de son Euro deux ans auparavant.
Solides
derrière, les deux équipes, qui n'ont concédé qu'un but chacune en
trois matches, ne manquent guère d'arguments offensifs à faire valoir,
et on s'attend logiquement à un spectacle de grande qualité sur la
pelouse du Frankenstadion. Tirant un trait sur la génération Ajax 1995,
Van Basten compte sur l'association prometteuse de ses trois jeunes
talents Sneijder, Van Persie et Robben pour trouver la faille dans le
bloc portugais. Le triple Ballon d'Or hollandais choisit de se passer
des services de Van Nistelrooy, auquel il préfère Kuyt, sans doute pour
sa polyvalence et son activité défensive.

Dès
le début du match, les débats, loin du sommet technique
espéré, s'avèrent âpres et heurtés, et ce sont les Hollandais qui tirent
les premiers, les inévitables Van Bommel et Boulahrouz étant tous deux
avertis dans les dix premières minutes pour deux agressions sur Ronaldo.
Au diapason, le milieu de terrain portugais sort la boîte à semelles:
Maniche descend Van Bommel et Costinha se paie Cocu. Coupable d'une main
volontaire sur une passe d'Ooijer, l'ancien joueur de Monaco est exclu
par M. Ivanov à la 45ème. En deuxième mi-temps, les deux équipes s'en
donnent à coeur joie, et la rencontre, disputée dans une ambiance
détestable, tourne au pugilat pur et simple.
Pour
l'ensemble de son oeuvre, Boulahrouz se voit prié de rejoindre les
vestiaires à la 63ème. Après une échauffourée entre Figo et Van Bommel,
de tous les bons coups comme toujours, Deco fond totalement les plombs
et se rend coupable d'un véritable attentat sur Heitinga: deuxième
carton jaune, merci et au revoir. Histoire de ne pas être en reste, Van Bronckhorst s'offre un petit balayage sur Maniche et est expulsé à son tour à la 9
0ème. Au total, l'arbitre
distribue pas moins de seize cartons jaunes et quatre rouges à douze
joueurs différents: le record, détenu par un funeste Allemagne-Cameroun
en 2002, est battu.
Au terme d'une telle bataille rangée, la victoire du
Portugal, qui remporte également le match des cartons (neuf jaunes et
deux rouges), paraît quasiment anecdotique, tant ni l'une ni l'autre des
deux équipes ne méritait de passer ce tour. Les Portugais offrent à
nouveau un triste spectacle lors du quart face à l'Angleterre, marqué
par l'expulsion de Rooney, avant que Ronaldo et Postiga ne se lancent
dans un ridicule concours de plongeon synchronisé dans la surface contre
la France. Leur élimination n'attriste personne à part leurs
compatriotes.
Lors
de la finale de la dernière Coupe du Monde, les Hollandais sont
retombés dans leurs travers et ont joué les intimidateurs face aux
artistes espagnols, trahissant au passage tous leurs défenseurs et les
amoureux du football orange, si agréable à voir quand ses créateurs
laissent parler leurs qualités naturelles. Ces deux sélections, dont le
palmarès reste étonnamment maigre au vu des talents qu'elles ont
abrités, ne peuvent s'en prendre qu'à elles-mêmes si elles ne sont pas
parvenues à garnir leur vitrine à trophée au cours de la dernière
décénnie. Capables du meilleur comme du pire, elles sont tout simplement
coupables d'avoir trop souvent oublié de jouer.
25 juin 2006, Frankenstadion, Nuremberg: Portugal 1 - Pays Bas 0
Portugal:
Ricardo - Nuno Valente - Ricardo Carvalho - Meira - Miguel - Costinha -
Maniche - Deco - Figo (Tiago 82)- Ronaldo (Simao 34) - Pauleta (Petit
46)
Pays-Bas:
Van der Sar - Ooijer - Boulahrouz - Mathijsen (Van der Vaart 56) - Cocu
(Vennegoor of Hesselink 84)- Van Brockhorst - Van Bommel (Heitinga
68) - Sneijder - Robben - Van Persie - Kuyt

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