
Au
pire des cas, la bande à Papin, même dans un jour sans, doit pouvoir
assurer le service minimum et au moins assurer le nul à domicile,
résultat en soi décevant mais synonyme de retrouvailles attendues avec
le gratin international.La victoire est attendue face à une opposition aussi faible, mais personne ne ferait la fine bouche
devant un bon vieux 0-0 des familles qui soulagerait tout le monde et
ne suffirait pas à ternir le parcours plutôt solide des Bleus dans leur
groupe, qui avait pourtant mal commencé avec la défaite initiale à Sofia
un an auparavant. Pour reprendre une formule chère au regretté Raymond,
la manière importe peu. L'essentiel ce soir-là est de faire le boulot
aussi efficacement et proprement que possible et de s'éviter un mois de
suspense supplémentaire et la pression d'un match couperet face à la
Bulgarie en novembre.

La
sortie d'Alain Roche à la 25ème et l'entrée en jeu de Lizarazu
obligeront cependant Houiller à réorganiser son arrière-garde, dont le
dernier rempart se nomme Bernard Lama, brillant en club et désormais
solidement installé au poste. Cette équipe de France, où l'on retrouve
quatre Parisiens au coup d'envoi, est relativement inexpérimentée,
puisque six joueurs du onze de départ comptent douze sélections ou moins
(Lama, Desailly, Petit, Roche, Le Guen et Ginola), les entrants
Lizarazu et Djorkaeff ne totalisant que sept capes. A l'exception de
Lama et Papin, aucun titulaire n' a atteint la trentaine, et personne
dans l'équipe n'a passé la barre des cinquante sélections, JPP, le plus
capé de tous, faisant sa 48ème apparition sous le maillot bleu.
Après
un début de match appliqué, la France se fait surprendre à la 21ème sur
un centre au second poteau du liverpoolien Ronny Rosenthal remis de la
tête par Atar dans les pieds de Ronen Harazi, le buteur du Beitar
Jérusalem, laissé seul aux six mètres. Les Bleus accusent le coup mais
égalisent huit minutes plus tard sur une joli tir de Sauzée, avant que
Ginola ne donne l'avantage aux locaux d'une somptueuse frappe enroulée
dans la lucarne opposée à la 39ème. A la mi-temps, la France, qui a
repris le contrôle du match, mène au score et l'ouverture du score
israélienne prend des allures de simple péripétie. En deuxième période,
Papin, magnifiquement servi en profondeur par Cantona, manque l'occasion
de creuser l'écart lors d'un face-à-face avec Ginzburg. Faute de s'être
mis à l'abri, les Bleus restent à la merci d'un coup d'éclat adverse.
En
match officiel, la France n'avait plus encaissé trois buts depuis le 6
juillet 1960 et la défaite 5-4 face à la Yougloslavie en championnat
d'Europe. Elle ne s'était plus inclinée au Parc des Princes depuis
novembre 1987 et la réception de la RDA dans les sombres années de la
période post-Platini. La sélection israélienne, elle, n'avait plus
marqué trois buts à l'extérieur depuis près de trente ans, et sa
victoire évoquée ici reste à ce jour la seule de son histoire face à la
France (neuf confrontations, une victoire, quatre nuls, quatre défaites,
six buts pour et quinze contre).
Sans
l'incroyable retournement de situation dont furent victimes les Bleus
ce soir-là, personne en France ne connaîtrait Kostadinov, devenu
aujourd'hui synonyme de cataclysme, mis à part les spécialistes du port
de la nuque longue en Europe de l'est et les incorrigibles monomaniaques
de la balle ronde. Qui aujourd'hui serait capable de citer le nom du
troisième buteur israélien lors de la funeste rencontre d'octobre 1993?
Pourtant, lui aussi a planté dans les arrêts de jeu, et son pion décisif
a fait autant de mal à la France que celui de ce bon vieux Emil. Un
mois avant le tristement célèbre France-Bulgarie, les Bleus ont offert
au public du Parc une belle répétition générale.
13 octobre 1993, Parc des Princes, Paris: France 2 - Israël 3
France:
Lama - Petit - Roche (Lizarazu 24)- Blanc - Desailly - Deschamps - Le
Guen - Sauzée - Ginola (Djorkaeff 86) - Cantona - Papin
Israël:
Ginzburg - Halfon (Schwartz 90) - A. Harazi - Klinger - Glam - Hazan -
Atar - Levy - Nimni (Berkovitch 65) - R. Harazi - Rosenthal
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