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dimanche 6 février 2011

France-Israël 93: la répétition générale

fr-isra.jpgLe 13 octobre 1993, la France reçoit Israël pour le compte de l'avant-dernière journée de la phase de qualifications pour la Coupe du Monde 1994. Après son nul estival en terre suédoise et sa victoire en Finlande, un point suffit aux Bleus, absents du Mondiale italien, pour valider leur ticket pour les Etats-Unis. A priori, une formalité pour les joueurs de Gérard Houiller, qui en ont collé quatre à leurs adversaires du jour à Tel-Aviv en février, également étrillés 5-0 par les Suédois à Stockholm.


Au pire des cas, la bande à Papin, même dans un jour sans, doit pouvoir assurer le service minimum et au moins assurer le nul à domicile, résultat en soi décevant mais synonyme de retrouvailles attendues avec le gratin international.La victoire est attendue face à une opposition aussi faible, mais personne ne ferait la fine bouche devant un bon vieux 0-0 des familles qui soulagerait tout le monde et ne suffirait pas à ternir le parcours plutôt solide des Bleus dans leur groupe, qui avait pourtant mal commencé avec la défaite initiale à Sofia un an auparavant. Pour reprendre une formule chère au regretté Raymond, la manière importe peu. L'essentiel ce soir-là est de faire le boulot aussi efficacement et proprement que possible et de s'éviter un mois de suspense supplémentaire et la pression d'un match couperet face à la Bulgarie en novembre.

Sans doute en partie pour tenter de faire une place à Ginola dans le onze, Houiller décide de s'appuyer sur un 4-3-3 sans véritable meneur de jeu. Le Parisien est censé créer le danger sur son flanc gauche, Cantona se voyant placé sur l'autre aile et Papin dans l'axe au sein d'un système offensif qui laisse de la place aux permutations. En l'absence de créateur dans l'entrejeu, c'est le trio Deschamps-Le Guen-Sauzée qui se voit chargé de la récupération et de l'approvisionnement du trident d'attaque. Derrière, Desailly évolue au poste inhabituel de latéral droit, Houiller faisant confiance à une charnière centrale Blanc-Roche qui s'est plutôt montrée à son avantage depuis ses débuts, et Petit occupe le côté gauche de la défense.

La sortie d'Alain Roche à la 25ème et l'entrée en jeu de Lizarazu obligeront cependant Houiller à réorganiser son arrière-garde, dont le dernier rempart se nomme Bernard Lama, brillant en club et désormais solidement installé au poste. Cette équipe de France, où l'on retrouve quatre Parisiens au coup d'envoi, est relativement inexpérimentée, puisque six joueurs du onze de départ comptent douze sélections ou moins (Lama, Desailly, Petit, Roche, Le Guen et Ginola), les entrants Lizarazu et Djorkaeff ne totalisant que sept capes. A l'exception de Lama et Papin, aucun titulaire n' a atteint la trentaine, et personne dans l'équipe n'a passé la barre des cinquante sélections, JPP, le plus capé de tous, faisant sa 48ème apparition sous le maillot bleu.

Après un début de match appliqué, la France se fait surprendre à la 21ème sur un centre au second poteau du liverpoolien Ronny Rosenthal remis de la tête par Atar dans les pieds de Ronen Harazi, le buteur du Beitar Jérusalem, laissé seul aux six mètres. Les Bleus accusent le coup mais égalisent huit minutes plus tard sur une joli tir de Sauzée, avant que Ginola ne donne l'avantage aux locaux d'une somptueuse frappe enroulée dans la lucarne opposée à la 39ème. A la mi-temps, la France, qui a repris le contrôle du match, mène au score et l'ouverture du score israélienne prend des allures de simple péripétie. En deuxième période, Papin, magnifiquement servi en profondeur par Cantona, manque l'occasion de creuser l'écart lors d'un face-à-face avec Ginzburg. Faute de s'être mis à l'abri, les Bleus restent à la merci d'un coup d'éclat adverse.

A sept minutes du terme, Rosenthal, intenable, accélère plein axe et sert involontairement Harazi, dont le tir est magnifiquement repoussé par Lama. Berkovitch a suivi et marque malgré la tentative de sauvetage de Desailly sur sa ligne. Dès lors, la tension devient palpable. Le Parc des Princes retient son souffle et garde un oeil sur le chronomètre. A la 93ème, Atar élimine Deschamps au milieu et décale Rosenthal sur le flanc gauche, qui parvient à redresser son centre devant Laurent Blanc. Lancé, Atar se trouve à la réception et fusille Lama. La France a laissé filé une qualification qu'elle tenait encore à quelques secondes de la fin.

En match officiel, la France n'avait plus encaissé trois buts depuis le 6 juillet 1960 et la défaite 5-4 face à la Yougloslavie en championnat d'Europe. Elle ne s'était plus inclinée au Parc des Princes depuis novembre 1987 et la réception de la RDA dans les sombres années de la période post-Platini. La sélection israélienne, elle, n'avait plus marqué trois buts à l'extérieur depuis près de trente ans, et sa victoire évoquée ici reste à ce jour la seule de son histoire face à la France (neuf confrontations, une victoire, quatre nuls, quatre défaites, six buts pour et quinze contre).

Sans l'incroyable retournement de situation dont furent victimes les Bleus ce soir-là, personne en France ne connaîtrait Kostadinov, devenu aujourd'hui synonyme de cataclysme, mis à part les spécialistes du port de la nuque longue en Europe de l'est et les incorrigibles monomaniaques de la balle ronde. Qui aujourd'hui serait capable de citer le nom du troisième buteur israélien lors de la funeste rencontre d'octobre 1993? Pourtant, lui aussi a planté dans les arrêts de jeu, et son pion décisif  a fait autant de mal à la France que celui de ce bon vieux Emil. Un mois avant le tristement célèbre France-Bulgarie, les Bleus ont offert au public du Parc une belle répétition générale.


13 octobre 1993, Parc des Princes, Paris: France 2 - Israël 3
Buts: Harazi (21), Sauzée (29), Ginola (39), Berkovitch (83), Atar (93)
France: Lama - Petit - Roche (Lizarazu 24)- Blanc - Desailly - Deschamps - Le Guen - Sauzée - Ginola (Djorkaeff 86) - Cantona - Papin
Israël: Ginzburg - Halfon (Schwartz 90) - A. Harazi - Klinger - Glam - Hazan - Atar - Levy - Nimni (Berkovitch 65) - R. Harazi - Rosenthal






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